Expo La route de l’art sur la route de l’esclave

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 » Même quand on ne sait pas bien où l’on va, on se rappelle toujours d’où l’on vient « 
proverbe yoruba

L’idée de l’exposition  » La Route de l’art sur la Route de l’esclave  » est née d’un synopsis de Sam Cambio intitulé  » La Ligne bleue des Vosges « , relatant l’itinéraire d’un Noir voyageur qui, intrigué par la couleur et l’Histoire, vient jusqu’à Champagney, au pied des Vosges – on lui a dit que, là-bas, la lumière dans les sous-bois en fin d’après-midi était rose. Il y rencontre un Blanc ; lui aussi a des problèmes de couleur : le bleu outremer l’empêche parfois de dormir… Il a lu quelque part que jamais on n’abolirait la Traite de la surface de la mer […].
En 1994, année du Bicentenaire de la première abolition française de l’esclavage, l’exposition itinérante d’art contemporain « La Route de l’art sur la Route de l’esclave » a été inaugurée à la Saline Royale d’Arc-et-Senans (Doubs). Pourquoi en Franche-Comté ? Pour l’histoire des villageois de Champagney, dont il est moins question d’en expliquer la raison, en 1998, après les célébrations qui s’y sont déroulées en avril dernier. Mais aussi pour le fort de Joux, où Toussaint Louverture meurt, quatorze ans après la rédaction du « Voeu de Champagney », aujourd’hui mieux connu.
En 1994, bien que célébrée dans certains endroits, cette première abolition n’a certes pas été médiatisée avec autant d’ampleur que le Cent Cinquantenaire cette année, et s’il a fallu trois années pour que l’exposition – aujourd’hui projet associé au projet « La Route de l’esclave » de l’Unesco -, quitte la France et soit présentée au Brésil, au centre culturel du SESC Pompéia à São Paulo, au printemps 1997, ces trois années ne sont rien sur celle longue route semée de chausse-trappes encore maintenant, quand ce commerce odieux a perduré pendant des siècles et que cinquante-quatre ans ont séparé la première tentative en 1794 de la dernière et définitive abolition française de 1848.
Cependant, rien n’aurait été possible sans le soutien indéflectible des artistes africains, caribéens et français qui ont accepté de participer à cette aventure : Georges Adéagbo (Bénin), Charles Belle (France métropolitaine), Bili Bidjocka (Cameroun), Omar Fall (Sénégal), Marc Latamie (Martinique), John Lie A Fo (Guyane), El Loko (Togo), Kra N’Guessan (Côte d’Ivoire), Robert Radford (Guadeloupe) et Hervé Télémaque (Haïti).
Dès l’origine, l’exposition a été conçue pour voyager sur les routes du commerce négrier en associant de nouveaux artistes au cours des différentes étapes : Rosana Paulino pour le Brésil, Mario Benjamin pour Haïti, Tony Capellán pour la République dominicaine où l’exposition vient d’avoir lieu au musée d’Art moderne de Santo Domingo (12 août – 15 septembre) et Alex Burke pour la Martinique, où elle sera présentée au Centre culturel de Fond St-Jacques, à Sainte-Marie, du 30 octobre au 30 novembre prochains.
D’autres étapes suivront dans la Caraïbe, aux Etats-Unis, au Canada et sur le continent africain. La portée hautement symbolique du voyage de « La Route de l’art sur la Route de l’esclave » contribuera, par son rayonnement depuis 1994 et au-delà de 1998, à créer une synergie entre l’Europe, la Caraïbe, l’Afrique et les Amériques, tant du point de vue de la création artistique que du dialogue interculturel. C’est ainsi que les différentes étapes de cette Route auront nourri artistiquement l’exposition qui reviendra enrichie, à l’issue de son voyage, pour une dernière présentation en France.

///Article N° : 498

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