Agonies

De Daniel Biyaoula

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Décidément, l’immigration est un sujet en vogue. Après Bleu Blanc Rouge d’Alain Mabanckou et L’impasse, premier roman de Daniel Biyaoula couronné du Grand Prix Littéraire de l’Afrique Noire en 1997, ce dernier nous livre un deuxième texte sur le thème. Fidèle au style oral de L’impasse, Biyaoula peint la banlieue parisienne des immenses tours délabrées, cette  » Z.U.P. de Parqueville «  qui abrite dans ses appartements insalubres et surpeuplés des familles nombreuses, des jeunes qui magouillent pour survivre, et puis d’autres qui essaient tant bien que mal de s’en sortir honnêtement. La fameuse solidarité africaine ne trouve pas sa place dans ce monde, les vieilles querelles  » entre gens de Kinshaduala et ceux de N’djamabidja «  ne font que s’amplifier et les ragots vont bon train sur tout. Gare à celui qui tenterait de faire sa vie comme il l’entend – les préjugés fusent des deux côtés !
C’est dans cet environnement que se déroulent les histoires de Gislaine, jeune femme  » émancipée « , et de Gabriel, ancien étudiant devenu gigolo, ainsi que celle de Maud, adolescente noire, et de Guy, lycéen blanc. Ce ne sont cependant là que deux histoires parmi tant d’autres, le roman mettant en scène une foule de personnages, plus ou moins liés par Gislaine. Ces vies sont décrites avec toute l’ironie que l’on connaît à Biyaoula, qui ne laisse pas entrevoir plus d’espoir que dans son premier roman. Une plus grande place est accordée aux personnages féminins, mais on aurait espéré que soit traitée plus en profondeur la figure de Maud qui représente la nouvelle génération des blacks-blancs-beurs, celle qui se retrouve coincée entre deux modes de pensée et de vie : celle de ses parents et celle du monde occidental qui l’entoure.
Riche en descriptions savoureuses au début, le roman perd un peu de son haleine vers la fin. Epuisement du sujet ou empressement de l’auteur, on ne saurait dire, mais on attend le roman suivant en souhaitant que cet écrivain à la plume redoutable nous révèle une autre facette de ce qu’il appelle lui-même  » un face-à-face intérieur du Noir « .

Agonies, de Daniel Biyaoula, Ed. Présence Africaine, 1998, 254 p. 120 FF.///Article N° : 556

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