Editorial

La Parole en partage

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 » Ces paroles avant d’être les miennes appartenaient au Vent, à la Mer, aux fées, au Temps, au Rêve et à la Parole elle-même. A présent, elles vous appartiennent… « 
Joujou Turenne
Joujou, amie du Vent, contes
(Editions du CIDIHCA)

Waalo Fendo. Là où la terre gèle… Le beau film de Mohamed Soudani est tourné en Suisse. Mais que diraient ces immigrés au Québec ?… Il faut que la nécessité économique ou politique soit forte pour pousser Africains et Antillais à s’enfoncer dans l’hiver nord-américain ! Voilà seulement trente ans que les frontières se sont entrouvertes. Et le Québec invité du Salon du Livre de Paris était une trop belle occasion d’aller y voir de plus près. Sur place à Montréal, la Québécoise Pascale Pontoreau a rencontré les artistes d’origine africaine ou créole. Que nous dit cette diaspora du grand nord à travers ses artistes de tous styles ? Comment réagit une société dont les origines migrantes ne sont pas si lointaines que ça aux expressions étrangères ? Surtout, les considère-t-elle comme une richesse nécessaire pour s’affirmer face au requin anglophone ?
La réponse est contradictoire, bien sûr.  » Des efforts. Peut mieux faire.  » dirait le professeur. Mais comme toujours, c’est moins la société d’accueil qui s’ouvre que les nouveaux venus qui viennent la bousculer. Des brèches se font jour dans les replis identitaires, des métissages sont en cours, des paradoxes voient le jour…
Les artistes, eux, bien sûr, n’en finissent pas d’osciller entre la déchirure de l’exil et leur inscription dans leur nouvel environnement. Et d’éclairer notre propre quête en démêlant les fils complexes de l’identité. Ce n’est pas un hasard si les thèmes de ce dossier rebondissent largement sur ceux du précédent numéro, l’écrivain face à l’exil, dont l’excellent article de Bernard Magnier sur la littérature haïtienne avait déjà le Québec pour centre. Mais comme le dit Joujou Turenne, au Québec comme ailleurs, mais plus clairement encore car dans un pays moins marqué par la perpétuation du rapport colonial, les artistes d’origine africaine offrent ce qu’ils ont de meilleur à quiconque veut bien les écouter : leur Parole.

///Article N° : 699

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