La Ligne

D'après Israël Horovitz

Adaptation et mise en scène : Alougbine Dine
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Un spectacle sur le fil
Un spectacle sur le fil pour cette queue peu ordinaire où s’aligne sous la férule d’Alougbine Dine un quintet d’acteurs venus du Bénin. Après le solo du premier qui, alors que les spectateurs entrent dans la salle, est déjà là, bien décidé à être le  » nomber one « , campant sur ses positions, pique-niquant même, force pain, vin, fromage et saucisson… les autres protagonistes entrent un à un dans le chorus, autour d’une ligne d’arrivée devenue curieusement verticale : un ruban transcendant qui décervèle les consciences, lobotomise les personnages et les amène à perdre toute humanité, tout respect d’eux-mêmes.
On la conquiert de haute lutte, mais difficile de la garder, cette tête de file ! C’est une anguille qui vous glisse des doigts. Les convoitises guettent de tous côtés. Variations infinies sur l’art de la resquille et du jeu de coude. Les cartes s’abattent les unes après les autres : manipulation, mystification, cajolerie, séduction, arnaque, distraction, trahison, flatterie, flagornerie… Tout y passe. Plus qu’une galerie de portraits, la pièce de l’Américain Israël Horovitz est un collier de perles, Alougbine Dine les a noircies, et sous une autre latitude, ce sont toujours les mêmes joyaux de la bêtise humaine qu’il fait reluire sous nos yeux.
Funambule de la scène, Alougbine Dine a su assumer avec équilibre une esthétique du dépouillement pour ne garder que le trait et parvenir à une épure des comportements humains. La Ligne devient une parabole cruelle des rapports de forces qui régissent les sociétés au nord comme au sud, un sujet universel.
Et ce fil, voilà déjà trois ans que l’Atelier nomade le dévide au long de ses périgrinations d’Ariane sans épuiser la bobine : Benin, Nigéria, Burkina Faso, Niger, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée Bissao, Togo, Maroc, France et aujourd’hui Côte d’Ivoire. Après une présence remarquée au FITHEB 1997, Alougbine Dine a présenté le spectacle avec succès à Paris dans le cadre du festival Afrique Noire et Blanche organisé par Gabriel Garran à la Villette en juin 1997 et c’est à présent le MASA 99 qui vient confirmer la réussite d’un metteur en scène d’avenir qui avance avec sûreté.

Décor : Joseph Kpobly
avec Raphaël Hounto (Fleming), Kombert C.Quenum (Stephen), Fidèle Gbegnon (Molly), Marius Dakpogan (Arnall), Nicolas de Dravo Houenou (Dolan).///Article N° : 809

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