Obama : Quelle leçon pour l’Afrique ?

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Il est évident que la communauté noire des États-Unis ne pouvait, seule, conduire Barack Obama à la maison blanche. Malgré la victoire des démocrates annoncée par différents sondages, il était difficile de ne pas craindre, dans la pénombre de l’isoloir, la convulsion du préjugé racial qui aurait rejeté le candidat métisse. La nuit du 4 au 5 novembre fut longue, longue à accoucher du rêve de Martin Luther King. Cette nuit grosse d’une humanité plus intelligente et plus juste, des hommes du monde entier l’assistaient en retenant leur souffle. Et si, dans la pénombre de l’isoloir, la convulsion du préjugé racial… Plus on s’approchait du scrutin et plus l’angoisse montait. Comment tous ceux qui ont courageusement renoué avec l’espoir du « yes We can » allaient-ils pouvoir continuer à marcher si la nuit porteuse du rêve mixte avortait ? Où ceux-là allaient-ils encore puiser l’énergie de se lever le matin, tenir la main de leur enfant et marcher vers un avenir balafré d’un « no, you can’t ». Les yeux restèrent ouverts à veiller et…, sur les langes de la nuit blanche, glissa le nouveau né, le rêve noir et blanc qui dissipait les nuits jadis hantées par les torches du Ku Klux Klan. Humectés par la rosée de l’espoir renaissant, les yeux fatigués par la veillée s’illuminaient. Saisis, ils voyaient la nuit se retirer et, comme par miracle, dévoiler des seins gorgés du lait qui fait grandir la confiance, le respect, la dignité, l’homme. De l’Amérique à l’Asie, de l’Afrique à l’Europe des bouches s’ouvraient pour téter aux mamelles de l’espoir.
Sans être prophète, Obama a ressuscité la foi en l’homme et montré que l’éducation et l’effort soutenu pouvaient conduire au salut. Son cadeau est une leçon de subtilité dans l’audace, de décence dans l’attaque, d’élégance dans la sagacité. Cette leçon montre un « triomphe de la volonté » qui, loin d’exhiber un surhomme boursouflé par l’ego d’une race isolée sur sa butte, réalise une œuvre sublimée par la diversité d’hommes réunis autour d’un idéal. L’Afrique déchirée par des guerres ethniques est également capable de s’élever au-delà de l’idée de race qui la mine de l’intérieur. Ce serait dommage que les enfants du continent noir croient que seule l’Amérique est capable de produire le lait du « yes We can ». Une telle pensée ne peut que pousser à vouloir émigrer à tout prix pour gagner le rivage des possibles. Obama a donné une leçon. À nous Africains d’en tirer le suc et de la méditer. Nous n’avons pas à nous bercer d’illusions et croire qu’un chef d’État américain, même avec du sang africain, viendra dissiper nos nuits encore hantées par les torches de sanguinaires et dégager notre horizon. À nous de dire le « yes We can » qui nous permettra de venir à bout du tribalisme, de transcender nos différences, de profiter de notre diversité et de jouir enfin de nos richesses. À nous d’ériger, dans le concert des « yes We can », l’œuvre qui témoignera du triomphe de la volonté d’une Afrique enfin unie, enfin démocratique. Donner un jour férié pour célébrer Obama, c’est passer à côté de l’exemple qu’il a donné, exemple de sérieux, de travail et de rigueur. L’Afrique n’a que trop de jours fériés, trop d’années blanches, trop de temps qui lui file entre les doigts. Alors trêve de démagogie, trêve de bière Obama, trêve de danse Obama et au boulot !

///Article N° : 8172

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