Gratin de Courge à l’Élysée

Quand deux desperates housewives s'invitent en couleurs à l'Élysée

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Avignon Off, Théâtre du Monte-Charge, juillet 2009

On plante le décor : Un canapé, un bar, des magazines… En bref, nous sommes bien dans l’intérieur coquet d’un appartement. Sur une musique célèbre de Mory Kanté, des déclarations vaseuses de nos politiques les plus célèbres font déjà sourire les spectateurs et donnent le ton humoristique du spectacle. Puis, entre en scène Naho et le spectacle commence. La pièce raconte l’histoire de deux amies d’enfance devenues colocataires.
L’une est une Bamakoise (Naho) issue de l’immigration, exubérante et inconditionnelle du Nutella. Diplômée en droit, elle a renoncé à sa vocation d’avocate pour jouer les femmes d’intérieur heureuses et épanouies.
L’autre est une Française de pure souche (Isabelle Parsy) issue d’une bonne famille, plutôt coincée et fière de sa virginité. Ce professeur de musique en collège de banlieue où la violence est telle que les enseignant travaillent avec des casques et des gilets pare-balles commence à s’ennuyer de la vie et du monde.
Justement, le président en chute libre dans les sondages, recherche un secrétaire d’État immigré et connaissant le chômage pour remonter sa cotte. Et Fatou correspond effectivement à la demande du gouvernement. L’enseignante se lance alors dans le coaching intensif de la Bamakoise voyant dans la réussite de ce concours la promesse d’une vie meilleure pour elle, et désire tellement la victoire qu’elle arrive à ses fins. Seulement, cette promesse n’est qu’une promesse de politicien…
Dans l’histoire, cette expérience ratée pour les deux colocataires les mènent à écrire un best-seller traduit en quarante-trois langues intitulé « Gratin de courge à l’Élysée » d’où le titre de la pièce.
On ne peut que saluer et féliciter la performance des deux comédiennes. En effet Naho représente un « mélange de Woopi Goldberg et Eddie Murphy » et Isabelle Parsy un « mélange de Jacqueline Maillan et Louis de Funès ».
Entre le retournement de veste des deux héroïnes, l’idylle entre Fatou et le président, des cochons qui ne cesse de la ralentir, le spectateur ne finit jamais de rire encore et toujours.
Mais en plus d’être une comédie pétillante et hilarante, « Gratin de courge à l’Élysée » est aussi une leçon de morale sur l’importance des vraies valeurs, de l’amitié et de nos origines. Notre amie enseignante aura appris que l’égoïsme ne nous mène à rien sauf peut-être à la solitude et à la désillusion. Ce touchant retour aux racines à la fin, manifesté par la danse, rappelle que nos origines sont présentes au plus profond de notre chair et de notre âme et l’on ne peut pas s’en défaire. Ainsi le personnage y revient inexorablement même après s’être détourné de son autre vie, de ses vrais amis et de sa vraie famille.

Gratin de Courge à l’Élysée par Isabelle Parsy et Naho
au Théâtre du Monte-Charge///Article N° : 8902

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