Elisé Ranarivelo, le dessinateur et son œuvre

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Elisé Ranarivelo est une raison en soi pour lire L’Express de Madagascar dont il est le caricaturiste attitré.
La passion qui l’anime est d’emblée perceptible. Le coup de plume est un don chez lui ce qui ne l’a pas empêché d’apprendre la technique du dessin.

Si l‘artiste est incapable de refaire son chef-d’œuvre une deuxième fois, le professionnel, lui, calcule son coup. Elisé refait son chef-d’œuvre tous les jours. Et beaucoup le prennent pour un naïf !
Personnages publics, événements tournés à la sauce Elisé, ses dessins tournent la tête de ses « victimes ». « Mais où est-il allé pêcher ça ? ». Réponse au bas de chaque croquis : « Toute ressemblance avec des personnalités ou événements réels est fortuite ». Vaste blague !
Depuis une dizaine d’années, l’homme vit de sa passion.
Comme beaucoup de ses congénères, il a été bercé par Astérix et Lucky Luke. A 17 ans, il écrit des scénarios. En 1982, comme tous les artistes en herbe d’Antananarivo qui ont commencé dans l’obscurité, il a travaillé et a été publié par l’éditeur Tsileondriaka. Il est le père du personnage le Professeur Mahiratra (Professeur Lucide !), héros d’une série ou le dessin n’était pas convainquant. Mais le scénario étant bon, cette BD a un grand succès. Son héros protégeait les faibles contre les forces du mal…
En pleine crise politique de 1991 et ses répercussions économiques, le milieu de l’édition de BD s’effondre. Il doit passer à la presse écrite. Il commence d’abord dans un journal quotidien édité par Tsileondriaka qu’il illustre de ses dessins. En 1994, c’est la révélation. Embauché à L’Express de Madagascar, le duo Herizo Razafimahaleo (son PDG, par ailleurs homme politique) et Christian Chadefaux, son rédacteur en chef, laissent son talent exploser. La notoriété grandissante du dessinateur profitera à celle du journal.
Ses dessins paraissent tous les jours. Les festivals internationaux s’enchaînent. (France, la Côte d’Ivoire, Suisse) et les prix s’accumulent dont le Crayon d’or de l’UIJPLF (Union internationale des journalistes de la presse de langue française) en 1995.
Il côtoie les plus grands comme Plantu et fait des illustrations pour la presse internationale, les éditions L’Harmattan, et au niveau local pour Tsipika éditions, etc. Reconnu, il a une carte de consultant international et croque pour l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ou encore l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Le régime de Marc Ravalomanana fait appel à lui pour illustrer les campagnes contre la corruption et le blanchiment d’argent, sans que Elisé ne donne un blanc-seing au régime de l’époque. Son indépendance d’esprit a fait ses preuves. La passion ne peut être corrompue.
Et lui, au moins ne pense pas qu’à lui, qu’à sa carrière. Il prépare la relève. Membre fondateur d’une association dénommée « Gasy bulles », il forme les jeunes avec ses copains dans une ambiance bon enfant.
Son rêve (il en aura toujours) : éditer, pas forcément ses œuvres, mais plutôt de jeunes talents qu’il pourrait diriger et encadrer dans une collection spécifique.

Bibliographie succincte :

Bande dessinée :
La Petite Peta, Tsioury éditions, 2008.

Recueils de caricatures :
Les Planches Flottantes, Alizé éditions.
La Faim justifie les moyens, Alizé éditions.
Les Fonds Baillés, Elisé Production-L’express de Madagascar, 1997.

Sur Elisé Ranarivelo :
Identités et transition démocratique : l’exception malgache ?, Roubaud François, essai, Tsipika-L’Harmattan, 2000.///Article N° : 9070

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