Portes et passages du retour

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Afin de développer l’essence spirituelle de son oeuvre, l’artiste africaine-américaine, Muhsana Ali est venue à Abidjan en mars 1997 pour compléter sa recherche sur l’art africain aussi bien contemporain que traditionnel. Elle a passé ses premiers mois en Afrique à parcourir l’intérieur du Ghana, du Mali, du Sénégal et finalement de la Côte d’Ivoire. Ses visites aux maisons des esclaves du Sénégal et du Ghana représentent la renaissance symbolique du départ d’Afrique de ses ancêtres. Dans chacune de ces maisons, la porte ultime par laquelle les Africains capturés étaient conduits avant d’embarquer pour le voyage aux Amériques était connue la porte du voyage sans retour. Le retour physique de Muhsana en Afrique est donc non seulement un défi symbolique à l’existence de ces portes, mais aussi un voyage spirituel, un passage du retour et de la re-découverte. Chaque passage à travers une porte nouvelle et fermée conduit à une rencontre nouvelle et mystérieuse. Il n’est guère surprenant par conséquent que dans certaine sociétés africaines, les portes soient considérées comme des passages spirituels, sculptées de façon complexe, ayant une profonde signification symbolique de ce qui existe derrière elles. Voilà les principaux aspects du spiritualisme qui a dirigé l’intérêt de Muhsana pour l’art africain et qui ont inspiré le développement de Portes et Passages du Retour, un thème symbolique et adéquat pour l’exposition qu’elle propose à la Cité d’Abidjan.
L’exposition de Muhsana se fond dans l’environnement dynamique, tirant parti de la riche fusion du monde moderne et des réalités du Tiers-Monde à Abidjan. Sur ce terreau, Muhsana a choisi de travailler et de présenter ses portes à un niveau d’un bâtiment abandonné situé au centre des affaires de la Cité, un endroit qui autrefois abritait l’Hôpital Central de la ville et qui est actuellement occupé par les enfants de la rue sans abri.
Muhsana a choisi d’enrichir davantage son expérience en impliquant quelques enfants de la rue dans son travail, leur donnant ainsi l’opportunité d’apprendre l’art, et par la même occasion, de découvrir des talents artistiques non connus. Que les jeunes en soient arrivés à faire confiance à Muhsana comme à une mère, une soeur et une confidente n’est pas surprenant: avec altruisme, elle s’est intéressée à leur santé, elle les défend contre les rafles de police et l’emprisonnement, et procure un abri à certains d’entre eux. A travers leur implication dans le travail artistique, la vie de certains enfants de la rue se transforme progressivement et les attentes se sont élevées, avec l’espoir que l’art les aidera à évoluer au-delà des limites de leur environnement actuel. Principalement, le travail de Muhsana a déclenché un processus à travers lequel un centre artistique pour enfants à Abidjan pourrait être installé.

doorsandpassageways.com///Article N° : 942

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