Place à la Semaine anticoloniale !

Au XXIe siècle le colonialisme n'est pas mort.

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Domination, ségrégation, exclusion recouvrent des réalités multiformes en France et dans le monde. Le collectif Sortir du colonialisme interpelle les citoyens et pouvoirs publics lors de la Semaine anticoloniale du 23 février au 11 mars. Révisionnisme, néocolonialisme, discrimination et exclusion sont dénoncés en musique, films, conférences, de Paris à Marseille. « Lutter contre toutes les formes de domination, d’exclusion et de ségrégation c’est être anticolonialiste aujourd’hui comme hier ! », s’exclame avec véhémence Gisèle Felhendler, cofondatrice de la Semaine anticoloniale, événement tout autant culturel, informatif que militant.

Le projet de loi du 23 février 2005 fut le point de départ du rassemblement d’une trentaine d’associations en un collectif : Sortir du colonialisme. Le texte sur les « apports positifs de la colonisation », proposé au Parlement, les révolte. La lutte contre le révisionnisme colonial puis contre l’existence du Ministère de l’immigration et de l’identité nationale donne naissance à la Semaine anticoloniale. Ponctuée de conférences, de concerts, de films et de manifestations pour médiatiser des combats bien actuels, elle regroupe, chaque année, des associations – Survie, le Mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples (Mrap), Au nom de la Mémoire… mais aussi des syndicats et collectifs – D’ailleurs nous sommes d’ici…
De l’indépendance algérienne à la Françafrique
L’édition 2012 célèbre les 50 ans d’indépendance de l’Algérie avec l’édition d’une compilation de CD Algérie Musiques rebelles. 1930-1962. Le Printemps arabe est aussi à l’honneur. Ce soulèvement populaire ne signerait-il pas le « troisième temps des luttes anticoloniales » ? C’est la question qui sera débattue au Cabaret sauvage le 24 février, la veille du temps fort de la semaine : le Salon anticolonial à la Bellevilloise. Stands associatifs, Grande librairie et remise de prix du colonialiste et de l’anticolonialiste de l’année sont au programme. L’an passé, le premier avait été décerné à Brice Hortefeux, le second à Stéphane Hessel.
Le reste de la semaine, seront abordés des thèmes aussi variés que l’accaparement des terres en Afrique, la place des femmes dans les mouvements d’émancipation des peuples ou encore la situation des peuples d’Outre-Mer.
Les quartiers populaires au cœur de la campagne 2012
Mais au-delà de la dénonciation et de l’information, Sortir du colonialisme profite de cette semaine spéciale, de l’aune des prochaines élections, pour interpeller les politiques et notamment les candidats à la présidentielle française sur la colonisation persistante des imaginaires lors d’un forum politique prévu le 26 février. « Jusqu’à quand allons-nous parler d’immigrés de 2e puis 3e génération ? Jusqu’à quand allons-nous nous renvoyer aux origines de nos parents ? Nous sommes français. Parle-t-on de Gaulois de la 8e génération ? », s’indigne Gisèle Felhendler, harassée par un discours dominant « pollué » par des déterminismes identitaires, matérialisés par la ségrégation visible des quartiers populaires.
Et pour la première fois, la mobilisation annuelle du collectif Sortir du colonialisme se décline en régions avec des événements prévus notamment à Marseille, Bordeaux et Lyon. À Gisèle Felhendler d’imaginer : « Pourquoi pas, l’année prochaine, à l’international ? »

Retrouvez le programme complet de la Semaine anticoloniale : [www.anticolonial.net)

Article également publié dans Afriscope n° 24, janvier-février 2012///Article N° : 10601

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Les images de l'article
Stéphane Hessel, lauréat du Prix anticolonialiste 2011 © DR





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