Quartier(s) Dream d’Aulnay-sous-Bois à Dakar

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Quartier(s) Dream est un projet né entre Aulnay-sous-Bois et Dakar. Il met en avant la jeunesse « des quartiers ». Une initiative locale et binationale qui, d’une captation de prises de paroles spontanées se terminera, en  2018, par une pièce de théâtre collective.

Créer un lien entre les quartiers dits « prioritaires » d’Aulnay-sous-Bois en Île-de-France et ceux situés à la périphérie de Dakar, et faire entendre les rêves de leurs jeunes habitants, tel est l’essence du projet Quartier(s) Dream. Aux commandes : Karim Yazi, fondateur du collectif Kygel théâtre(1), la metteure en scène Eva Pénot, et les réalisatrices Laure Poinsot et Emma Fallet. La mise en place concrète de cette initiative naît, courant 2016, dans l’obscurité éclairée d’un photomaton, rebaptisé « vidéomaton », installé des deux côtés de la méditerranée. Y défilent des habitants des quartiers prioritaires d’Europe et de Gros Saule pour Aulnay-sous-Bois. et pour Dakar, des résidents du quartier de Parcelles Assainies et des territoires populaires environnants. « On nous a donné la parole, sans la couper. Ce n’est pas souvent qu’on demande aux gens de banlieue ce qu’ils ont vraiment à dire », témoigne Kay, 33 ans. On peut déjà voir, à l’instar de ce militant associatif, des dizaines de personnes s’exprimer dans les premières vidéos publiées sur Facebook. Regroupées par thématiques, elles parlent du quotidien de ces jeunes gens : « Nous sommes forts de caractères, nous, on a des ambitions » dit l’un d’entre eux en souriant. Plusieurs témoignages se succèdent, optimistes, quant à leur avenir. S’y exprime aussi l’importance de l’amitié et de l’entre-aide dans ces quartiers où « les soirées commencent sur un coup de tête. Quand quelqu’un met la musique, il y a tout de suite l’ambiance », affirme un adolescent. L’amour du quartier et la nécessité aussi de s’en extraire : « On doit élargir notre réseau, connaitre d’autres classes sociales, sortir de la cité pour s’en sortir », clame un jeune homme.

Écrire leur histoire

Peu à peu les préoccupations prennent le devant des rêves, comme le décrit Laure Poinsot : « Dans le cas français on a des jeunes qui se sentent stigmatisés. IIs parlent en tant que minorité en France ». Avec un sourire gêné, une jeune femme confie : « Sur mon Cv, j’ai changé ma ville de résidence parce que le 93 c’est mal vu ». Les témoignages sur le rapport tendu avec les forces de l’ordre s’accumulent. Un éducateur de métier insiste : « La police n’est pas ici pour faire de la pédagogie, de la prévention, mais plutôt de la répression ». Les sénégalais, eux, « se concentrent sur leur rapport à la France » raconte Laure. Sous-entendu sur l’illusion, dans un monde mondialisé, de la libre circulation. Face caméra, à Dakar, beaucoup sont étudiants, et membres de l’association Ciné-banlieue, active dans le monde universitaire, et l’une des partenaires du projet Quartier(s) Dream. Les propos, d’Aulnay à Dakar, se rejoignent sur les inquiétudes liées à « l’accès au marché du travail » continue Laure. Signe d’une époque et, pour beaucoup, de l’origine défavorisée des protagonistes de cette aventure artistique. Tous, avec Quartier(s) Dream, insistent sur la nécessité d’écrire leurs propres histoires, avec les mots qui leur appartiennent, lassés des discours stigmatisant véhiculés dès qu’il est question de « quartiers populaires ». Prochaine étape ? En septembre, débutent des ateliers vidéos en vue de la réalisation de courts-métrages. Et l’aventure ne s’arrête pas là : « En co-écriture avec les jeunes, suite à des ateliers de jeu d’acteurs, nous allons créer une pièce de théâtre avec l’intégration de ces vidéos. une histoire entre Dakar et Aulnay. » Une quarantaine de jeunes, entre 18 et 30 ans, seront impliqués dans cette création finale. tournée prévue en France et au Sénégal entre 2018 et 2019. D’ici là, l’initiative est présentée à l’institut français de Dakar fin juin, et dans plusieurs lieux en Île-de-France.

Plus d’infos sur la page Facebook du Kygel Théatre.

  1. Le Kygel Théâtre est né en 1987. Depuis 2006, Kygel développe le projet  » Banlieue en héritage(s) « , qui explore les questions de mémoire, d’identité et d’avenir de la banlieue grâce à une programmation artistique et culturelle.
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