Un EP quatre titres et une tournée européenne, Les Ambassadeurs signent leur retour sur les scènes du monde. Autour de Salif [Keita], Cheick [Tidiane Seck], Amadou [Bagayoko], ils reprennent en mode funky les refrains du passé. Une renaissance calibrée de l’orchestre panafricain.
Au dernier festival des musiques métisses à Angoulême, Salif Keita rejouait ses classiques avec les vieux amis du Motel de Bamako. Les Ambassadeurs sur le retour. Un album de quatre reprises, Rebirth signale cette résurrection de l’orchestre mythique des années 1980. Trente ans plus tôt, Salif chantait pour la première fois au même festival. Il s’appelait Jazz en France, à l’époque. C’était en 1984, Les Ambassadeurs finissait de se disperser, après un dernier album, sorti en 1982. Certains s’engageant, comme Salif Keita, Cheick Tidiane Seck, Amadou Bagayoko ou Ousmane Kouyaté, dans une carrière solo, sur les scènes ouvertes de France et de Navarre, se mettant à l’heure de Paris capitale de la sono mondiale. Les voilà revenus en 2015, recomposant en beat funk et afrobeat Mali Senou, Tiecolomba Hé, Seydou et 4V, les quatre titres choisis pour cet EP. Quatre morceaux à 40 ans d’âge ou presque, sur lesquels s’invitent des churs de femmes, où des instruments à vents s’imposent aux percussions d’antan, engageant un rythme vif, sanguin.
Les Ambassadeurs, puis les Ambassadeurs International, ont longtemps trôné au rang de premier orchestre de bal du Mali, rivalisant avec le non moins mythique Rail Band de Mory Kanté. Réunissant des musiciens maliens, ivoiriens, guinéens et sénégalais, Les Ambassadeurs réinterprétait la musique mandingue au rythme des cubains, des jazzophiles, du rythm’n’blues, du rock et de la pop. Dans le sillage du concept d’authenticité culturelle encouragé par feu Sekou Touré en Guinée, ils se façonnent un répertoire composite, dépassant le folklore modernisé du Rail Band, où Salif Keita avait déjà fait ses premières armes.
Aujourd’hui, les festivals de musique du monde nourrissent une certaine nostalgie autour d’un âge d’or de ces grands orchestres, affichant en emblème Les Ambassadeurs ou encore l’Orchestre Baobab dans leur programmation. Déjà, en 2014, Les Ambassadeurs était au Festival du Bout du Monde à Crozon. Objet d’une « renaissance calibrée » pour l’Europe, cet EP quatre titres est l’occasion d’une tournée à caractère humaniste. Les recettes sont reversées à la Fondation Salif Nantenin Keita, en soutien à la cause des Albinos en Afrique. Cette intention caritative, qui reste à interroger sur la durée, ramène ainsi les musiques du continent à un acte de générosité et de partage.
Rebirth, des Ambassadeurs, juin 2015
En concert le 14 novembre à la Philarmonie de Paris///Article N° : 13243