Le film reprend ce que dit le livre (cf l’article d’Abdourahmane Waberi sur cet ouvrage, publié dans Africultures 51), témoignage d’un rescapé du génocide que la directrice du Centre culturel français de Kigali et les parachutistes français ont lâchement laissé tomber en se repliant, sans suivre le télégramme diplomatique les y invitant, et alors qu’il avait servi le centre durant 24 ans.
Vénuste Kayimahe parle de cette France idéalisée qu’il se représentait au départ, mais aussi de ces rencontres douteuses à l’ambassade avec les extrémistes hutus, exemples du soutien tant politique que militaire apporté par la France au régime qui prépara le génocide. Sans cette aide, il n’aurait pu se maintenir face à l’avancée du Front patriotique rwandais. Vénuste accuse donc sans embage : « Le génocide s’est préparé au vu et au su des responsables français ».
Le fond est passionnant et participe de cette nécessaire mise à plat des circonstances du génocide, essentielle à un travail de mémoire sans fards.
La forme est moins convaincante, tant on sombre ici facilement dans des images au ralenti du génocide, visions d’horreur incrustées dans le récit et qui ne font que remontrer ces images insoutenables déjà vues sur toutes les télévisions. Paradoxalement, ces images démonstratives viennent affaiblir le propos, tant il est vrai que leur force de suggestion ne laisse plus de place à la contradiction.
Il n’en reste pas moins un film essentiel par son contenu.
///Article N° : 2665