Sénégal / Musique Wolof

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On sait que les Wolof, population dominante, sinon majoritaire au Sénégal, ont su faire une percée spectaculaire sur le marché mondial des « musiques du monde » grâce à des chanteurs comme Youssou N’Dour et Ismael Lô, ou des instrumentistes et compositeurs aussi divers que Doudou N’Diaye Rose et Wasis Diop. Cependant, en tant que telle, l’extraordinaire diversité de la musique wolof reste bien méconnue, et les disques qui lui ont été consacrés sont très rares. Malgré sa prise de son un peu sommaire, cet album enregistré entre 2000 et 2002 en offre un aperçu assez saisissant.
Par exemple, tous les amateurs de hip-hop, qui croient encore naïvement que ce genre est né à New York il y a une trentaine d’années, devraient écouter pour ne pas mourir idiots les plages 5 et 14 où un vieux gewe – griot – louange la famille Touré et surtout les plages 7 et 14, splendides exemples du taasu – véritable rap ancestral (masculin et féminin) qui anime les baptêmes, accompagné d’une percussion très rudimentaire (bassine en plastique, cuvette en métal), mais terriblement efficace.
Un autre attrait de la musique wolof (plages 9 et 13) est le jeu à la fois gracieux et violent du xalam, luth à cinq cordes et à caisse naviforme, qui autant que son cousin mandingue ngoni est considéré comme l’ancêtre du banjo afro-américain, accompagnant des chants griotiques qui, pour une fois, méritent bien d’être comparés à ceux des bluesmen.
Plus rares (en tout cas en cd) sont les chants polyphoniques a cappella (plage 10) qui accompagnent les courses hippiques (grande passion des Wolof, au même titre que les tambours excitent la lutte (plage 5).
Globalement, ce magnifique album est à ma connaissance le premier qui fasse à peu près le tour des musiques sociales wolof. Il invite d’ailleurs à relire pour une meilleure compréhension l’excellent ouvrage d’Isabelle Leymarie « Les griots wolof du Sénégal  » (Éditions Servedit/Maisonneuve & Larose, 1999).
Malheureusement, on ne peut se priver de dénoncer une vieille habitude coloniale que l’on croyait révolue et qu’on retrouve ici : celle de ne pas citer les noms des musiciens, excellents pour la plupart, qui ne méritaient donc pas d’être condamnés à un anonymat éternel.

Sénégal / Musique Wolof, (Ocora / harmonia mundi)///Article N° : 6652

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