Si les jeunes de GrignyWood étaient au pouvoir

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Si j’étais Président…. Des Essonniens âgés de 18 à 35 ans sont invités à s’imaginer à la tête du pays, et ce, en texte et en musique. Les meilleurs d’entre eux sont conviés aux États-Unis pour défendre leur création.

« Si j’étais Maire de ma ville les rues seraient moins tristes », « Dans ma ville pas de seconde classe, tout le monde se place », rappe Cless Shine. L’année dernière, elle participait au concours « Maire de ma ville » lancé par l’association GrignyWood. « Au début je n’étais pas emballée parce que la politique pour moi sert surtout l’intérêt des puissants et de leurs proches, mais j’ai pu exprimer des idées et en sortir grandie. » À 29 ans, elle est aujourd’hui une artiste de reggae dancehall épanouie, et vient de sortir son premier album(1). « Il est nécessaire d’inclure les jeunes et de les motiver à prendre part aux débats politiques » affirme Omar Dawson, membre fondateur de l’association Grignywood. Depuis 2012, elle propose des ateliers citoyens avec pour ligne directrice « Maire de ma ville » et « Si j’étais Président ». « Avec mes collègues et amis on a voulu les emmener vers des  » leçons  » de civisme, et aller chercher le meilleur d’eux-mêmes à travers la création artistique » ajoute Mounir. Ensemble, et avec trois autres trentenaires, ils réagissent ainsi aux taux d’abstention massifs dans leur ville, et au désintérêt des jeunes vis-à-vis de la politique. Ils redoublent d’inventivité pour lancer ce programme citoyen et artistique. Ils contactent des entreprises, mais aussi des députés. « On a voulu créer une sorte de Pop Star, ou Star Academy », confie Omar. Ainsi, à chaque vacances scolaires, 10 à 15 candidats participent aux ateliers d’écriture. Ils répondent à des QCM pour mieux comprendre le rôle des élus et des ministères. Ils couchent sur papier des programmes pour améliorer leur quotidien, ainsi que celui de la population locale et nationale. Ils vont sur le terrain recueillir des doléances ou de nouvelles idées. Leur expression scénique est travaillée. Et quand vient l’heure des votes par les internautes, ils battent campagne pour être élus. Ils réalisent des clips et les trois meilleurs se voient offrir un séjour outre- Atlantique avec l’enregistrement d’un titre dans le prestigieux studio new-yorkais Quad Recording, là où Tupac, Lil Wayne, ou encore Nas ont chanté. Le premier gagnant de ce programme s’en souvient encore. « J’ai grandi avec mon cousin Dj Jairo, l’un des meilleurs Dj des Caraïbes,
j’ai toujours aimé la musique mais j’avais l’impression que je n’avais pas le public pour comprendre mes textes. Quand j’ai entendu parler du concours de Grignywood on m’a dit  » Laisse ça mec c’est du mytho, va travailler  » J’ai pas lâché et j’ai bien fait » confie Grey, habitant de la Grande Borne. Dans ses lyrics il incite les citadins à être fiers de leur cité, « Elle a su m’apprendre la vie » ; « Je la protégerai à 100% » ; « Je la ferai aller de l’avant » ; « Je rétablirai le respect des anciens ». À 24 ans, Grey a monté Golden Raw, son propre label composé de vingt artistes. « Ce que je fais aujourd’hui c’est grâce à mon expérience avec GrignyWood. J’ai été confronté à des flow différents, à une autre façon de travailler, j’ai été poussé dans mes retranchements et c’est positif ». Plus de 300 personnes ont participé à l’aventure GrignyWood depuis sa création et à travers les éditions de « Maire de ma ville » et « Si j’étais Président ». Bon nombre de jeunes se sont ainsi réconciliés avec les urnes. Plusieurs éditions de « Si j’étais Président » sont prévues dans l’Essonne à Orly, Grigny, Viry, Evry, Corbeille et Montargis. Les organisateurs ont aussi la tâche de mettre en place des ateliers en partenariats avec la Belgique, le Brésil, le Canada, les États-Unis et le Sénégal. Des vocations, et des consciences politiques, vont sûrement naître.

1. Pays des merveilles. Strategy Record.

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