Fiche Spectacle
Théâtre
THéâTRE
Jaz (S. Tranvouez)
Contributeur(s) : Koffi Kwahulé, Serge Tranvouez
Durée : 70

Français

« Une femme. Le crâne rasé peut-être. Nue peut-être. Un revolver. Des balles. Une ardoise. Un jazz (un seul instrument) qui, de temps à autre, troue/est troué, enlace/est enlacé
par la voix de la femme. »

Une femme qui raconte Jaz. Une chambre au sixième étage d’un immeuble à l’abandon, où les vécés débordent, où l’odeur de merde envahit tout. Un immeuble fantôme, un ilôt perdu dans une cité cernée par un fleuve. Et une sanisette place Bleu de Chine…

LE TEXTE
Jaz est le nom d’une femme que l’on aurait fait déchanter.
Oui , doublement.
Un viol l’aurait dépossédée de toute illusion en la beauté et l’innocence du monde et elle aurait perdu la pulsation intime qui l’habite ;
Son jazz à elle.
Jaz est le récit de ce vol, de ce viol, d’une dérive, d’un projet de vengeance et de meurtre.
On ne sait ce qui est réel, ce qui est fantasmé ; on pressent (avec angoisse) le viol accompli, la vengeance suspendue.
On suit le récit de cette femme, son délire schizophrénique : elle est et n’est pas Jaz ; elle est peut-être aussi la figure d’Oridé tuée par le masque blanc ; elle est celle qui a vu et celle qui a vécu le drame.
Elle est surtout la voix d’un continent (je parlais de « dérive »), sans cesse pillé et violé (dans son corps, dans sa musique). Comme pour Jaz, le danger pour ce continent serait d’accepter ou même de se rendre responsable de sa propre humiliation.

Le texte de Koffi Kwahulé est une partition fine et ciselée, formée à partir d’une langue très pure et qui applique à l’écriture les principes très riches du jazz : leitmotiv, thème et reprise, glissement du majeur au mineur…
Il part d’un cri, mais plutôt que de le laisser se perdre dans son propre écho, par la magie de la composition (musicale), il en fait une note longue et lancinante qui ne cesse de nous hanter…

LE PROJET
Une mise en espace simple et minimaliste de ce texte.
Une actrice métis, enfant de deux mondes, dira, portera cette parole.
Elle la chantera aussi.
Un musicien, témoin de son récit, l’accompagnera dans son chant.
Un corps de femme exposé au crible de ces mots, qui cherchent à dire l’inavouable, à nommer l’origine d’une faute tue.
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