Fiche Spectacle
THéâTRE
Prochaine fois, le feu (La) de (Rosa Gasquet)
James Baldwin
Livre concerné : Fire Next Time (The)
Contributeur(s) : Rosa Gasquet, Dorcy Ingeli Rugamba, Cheikh Sall, Inno De Sadjo, DJ Aral , Manuel Pereira

Français

La prochaine fois, le feu, écrit dans le tumulte des années’60 par l’auteur américain James Baldwin, témoigne de l’expérience noire américaine évoquant la prégnance de la question sociale, raciale et la tentation des extrémismes. Plus largement, sa pensée renvoie à une nation américaine d’hier qui pourrait bien ressembler à une Europe d’aujourd’hui. Dans une langue incandescente, puissamment poétique, héritière de la tradition des prêches comme du parler cinglant des rues, la musique et certains éléments issus des cultures urbaines concourent à mettre en lumière la parole de Baldwin. Portée par une équipe issue de plusieurs sphères artistiques, le spectacle souhaite nous faire réentendre l’urgence de sa pensée, sa finesse et son exceptionnelle lucidité.
Rosa Gasquet poursuit avec ce projet une recherche amorcée avec sa mise en scène de Bintou de Koffi Kwahulé : sur les racines des questions urbaines, autour d’écritures fondatrices puissamment poétiques, musicales et critiques. Elle travaille des formes à la frontière de la parole et de la musique, mêlant des éléments très archaïques – parole, chant, travail choral – à d’autres plus actuels comme la forme du « montage » et d’autres éléments issus des cultures urbaines.
Elle rassemble dans cette création des artistes issus de la scène théâtrale (Dorcy Rugamba), de la scène musicale (Inno de Sadjo, Cléo) et des cultures urbaines (Cheikh Sall, DJ Aral). Après Bintou, nous traversons « l’Atlantique noire » pour écouter la parole de James Baldwin. Koffi Kwahulé avait écrit « quand on cherchera dans mon écriture le griot…je me transformerais en jazzman ».

La mise en scène
Une composition hybride mettant à l’honneur la musicalité de la langue de Baldwin
Le prochaine fois, le feu est une composition théâtrale volontairement hybride où la parole, la musique, le chant et des éléments plus actuels comme le DJing et la création vidéo, forment une unité et agissent de concert, tout en restant dans une économie de moyens.
L’urgence du discours de Baldwin se meut dans une forme où instruments et voix se répondent, aux confins d’un univers musical et d’une esthétique héritière de la culture noire américaine – spirituals, soul music, éléments hiphop – mais intégrant aussi des éléments plus inattendus – mélopées africaines, parole actuelle slammée, jazz intriguant. Un travail où des éléments presque archaïques (narration, choralité, percussions corporelles) et plus actuels (inspirés des cultures urbaines) se côtoient. Il ne s’agissait pas pour l’équipe artistique de « reconstituer » l’univers musical ou l’esthétique de l’époque de Baldwin, mais plutôt de réécouter Baldwin aujourd’hui, et de le faire entendre avec les moyens d’une équipe actuelle et cosmopolite, évoquant la réalité des villes actuelles. Ce travail de Rosa Gasquet s’inscrit dans la poursuite d’une recherche déjà esquissée dans sa précédente mise en scène, Bintou, de Koffi Kwahulé.

Une forme « montage » et chorale du récit
L’adaptation du texte réalisée par Manuel Pereira et la mise en scène de Rosa Gasquet accentuent volontairement la sensation de « montage cut », réalisant des ellipses et des collisions, tout en préservant le fil rouge de la pensée de Baldwin.
La parole est volontairement « chorale », tout le texte n’est pas porté par un unique narrateur. Même si la partition confiée à Dorcy Rugamba assume une forme de fil rouge, Cheikh Sall et Cléo, ainsi que Inno De Sadjo et DJ Aral (pour la partie musicale), se répondent pour recréer la parole de Baldwin. Cléo et Cheikh assument par ailleurs d’autres personnages présents dans le récit : une femme prêcheur, un jeune prédicateur, un homme du ghetto.
La pièce repose également sur le principe des deux Baldwin. Le récit de l’écrivain est pour une grande partie une narration au passé où il raconte son adolescence à Harlem et ses années de prêche ; d’où le choix d’un couple narrateur-acteur : Dorcy Rugamba assumant le narrateur de l’histoire, en quelque sorte le Baldwin-écrivain plus âgé et Cheikh Sall, l’homme plus jeune.

Mise en scène Rosa Gasquet
Adaptation du texte Manuel Pereira
Assistante à la mise en scène Ecaterina Vidick
Comédien Dorcy Rugamba
Comédien, step danse Cheikh Sall
Chant Cléo
Création musicale, claviers Innocent De Sadjo
DJ DJ Aral
Création vidéo Manuel Pereira &
Joaquin Embi
Scénographie, costumes Laurence Bosmans
Création lumière Colin Legras
Administration Ingrid Laignel
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