Fiche Spectacle
THéâTRE
Allah n’est pas obligé (Mis en scène par Laurent Maurel)
Livre concerné : Allah n’est pas obligé
Contributeur(s) : Laurent Maurel

Français

Avec Caroline Filipek
& Vanessa Bettane ou Tatiana Werner
Mise en scène : Laurent Maurel
Dramaturgie : Éloïse Brezault
Conception vidéo : Guaritoto Gonzalez
Musique : Frédéric Ozanne
Lumières : Bruno Brinas et Julien Barrillet
Montage texte : Éloïse Brezault et Laurent Maurel
Photographe plateau : Yannick Croizer

L’Histoire

Parti à la recherche de sa tante, Birahima raconte sa vie d’enfan-soldat dans « le bordel au carré » des guerres de Sierra Léone et du Liberia.
Ahmadou Kourouma (1927-2003), auteur ivoirien, reçut le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des Lycéens en 2000 pour son roman Allah n’est pas obligé. Né à Boundiali, au nord de la Côte d’Ivoire, Ahmadou Kourouma est un écrivain d’origine malinké. Son nom signifie « guerrier » en langue malinké.
« Sous le regard précis et tendre de leur metteur en scène Laurent Maurel, Caroline Filipek et Vanessa Bettane ne font plus qu’une. Dans leur sourire imperturbable, dans leur énergie lumineuse, dans une chorégraphie discrète, elles jouent à Birahima. On est sous le charme de cette créature solaire. On rend les armes du jugement, rien qu’à entendre le joli babil de ce Petit Prince de l’Horreur.
Un beau respect de ce texte offert brut et cash au public stupéfait. Et de tout ça se dégage un étrange sentiment d’amour… l’alchimie du théâtre a marché ! » S. Tesson, L’Avant-Scène Théâtre

Note d’intention de la mise en scène

Respecter la pureté de la langue et la structure toute en digressions du récit, faire du texte le lien primordial entre actrices et public afin de suivre la décortication faite par l’auteur du phénomène de vie qui pousse un enfant à devenir un enfant-soldat, auront été les fils rouges de cette création.
Ainsi l’incarnation d’un Birahima en tant que personnage affirmé est dès le début soigneusement évitée : sur scène, fidèles à leur rôle de conteur, les deux actrices n’ont plus ni âge, ni sexe, ni couleur de peau, ni nationalité, elles sont page vierge et pâte à modeler pour que chacun dans le public dessine et façonne son propre « héros » à multiples facettes.
Un tel décalage permet des envolées poétiques ou humoristiques à la limite du clown autant que des témoignages insoutenables proches du reportage de guerre… Au fil des digressions du récit, les comédiennes incarnent également tour à tour la parole des autres personnages rencontrés par Birahima, avec l’impertinence d’un langage mis à nu, non excusé, non encombré, pur.
Respecter la volonté de l’auteur Kourouma de décortiquer l’effet boule de neige et cyclique de la guerre civile en Afrique permet d’amener tout l’humour d’une farce reposant sur l’horreur quand le chaos et la mort sont décrits cliniquement. Nul moralisme ne doit transpirer mais un travail d’alerte et/ou de mémoire se doit d’être restitué au public.
Afin de laisser toute amplitude au jeu des actrices et à l’imaginaire du public, le plateau est dénué de décor. Seul un dispositif vidéo permet d’apporter un complément d’information (comme un contrepoint à un point de vue par exemple), ou tout simplement une ambiance poétique.
Nous nous attelons dans ce spectacle à restituer la complexité de la position d’un enfant-soldat, portant en son nom même la dualité victime-bourreau. La théorie facile du « monstre » est écartée d’emblée puis que c’est à cet enfant Birahima que nous nous identifions au fil du spectacle, dans sa quête de repère, d’amour et de foi autant que dans ses actes les plus monstrueux, au nom d’un seul leitmotiv : la survie.
Laurent Maurel
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