Théâtre en écritures

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L’écriture théâtrale contemporaine d’Afrique noire ne cesse d’affirmer sa vitalité et sa détermination littéraire comme son inventivité esthétique. Plusieurs textes ont vu le jour ces derniers mois chez différents éditeurs.

L’Ivoirien Koffi Kwahulé a publié Scat chez Lansman, une pièce qui met en scène un pas de deux  » jazzistique  » entre un homme et une femme bloqués dans un ascenseur. Signalons également Le masque boiteux, cet émouvant périple d’un tirailleur emporté malgré lui dans la tourmente de la seconde guerre mondiale et que l’on avait pu applaudir en tournée la saison dernière, dans une mise en scène de Souleymane Koly et Alougbine Dine, qui vient d’être édité par Théâtrales.
Actes Sud-Papiers, de son côté, a sorti une troisième pièce du Camerounais Marcel Zang : La danse du Pharaon, un texte étonnant qui évoque la nécessité de dépasser les contradictions identitaires pour se construire dans l’harmonie du va-et-vient entre les cultures.
Le Béninois José Pliya, lui, a publié en quelques mois trois titres aux éditions de l’Avant-scène : Parabole, dont une mise en scène a été présentée en Avignon cet été, et, tout récemment, Les Effracteurs, un texte dont José Pliya a lui-même assuré la mise en scène au Studio-Théâtre de la Comédie-Française, en janvier 2004. L’on trouve également dans le même volume, Nous étions assis sur le rivage du monde, une commande de la Scène nationale de Martinique. Deux pièces qui évoquent les trésors enfouis de l’enfance, ces trésors qui font rémanence et viennent parasiter, hanter le présent. Les  » Effracteurs  » sont de faux cambrioleurs qui s’amusent à cambrioler les émotions mais ils rencontrent de vrais professionnels de la cabriole et le fric-frac tourne au psychodrame. Quant à Nous étions assis…, il s’agit d' » une pièce créole  » comme aime à dire José Pliya qui traite des préjugés de couleur qui hantent la Martinique comme de vieux spectres. Le rivage du monde est une plage interdite à ceux qui n’ont pas la bonne couleur. Mais quelle est donc cette couleur ? On ne le saura pas, car c’est finalement une couleur que se fabriquent les adultes au-dedans d’eux-mêmes.
Avec la très active association Ecritures vagabondes que dirige Monique Blin et les résidences organisées par La Ruche Sony, les éditions Lansman ont contribué à l’émergence de jeunes auteurs togolais qui poursuivent le travail formel et linguistique entrepris par Kossi Efoui et Kangni Alem. Il s’agit de Gustave Akapo avec La mère trop tôt et Catharsis, Léonard Yakanou avec Bafon et Rodrique Norman dont Lansman publie Entre deux battements, un texte présenté dans le cadre du Festival des francophonies pour la jeunesse en mai à Mantes-à-Jolie et qui met en scène une jeune fille attendant dans une chambre d’hôtel celui qu’elle croit être son sauveur et qui finalement n’aura d’autre solution pour elle que la prostitution. Ce travail d’édition, mené par Emile Lansman, a été accompagné début avril d’une très belle manifestation de soutien à ces écritures avec mises en lecture et débats au Théâtre international de langue française.
Citons aussi la petite maison franco-gabonaise de Michel Cadence, les éditions Ndzé qui, grâce à l’association Beaumarchais, soutiennent plusieurs auteurs béninois, notamment Ousmane Aledji qui a publié chez Ndzé Cadavre, mon bel amant, Florent Eustache Hessou qui vient de faire paraître La première dame et Florent Couao-Zotti qui publie également chez Ndzé un dernier texte : Le collectionneur de vierges. Cadavre, mon bel amant est une pièce qu’Ousmane Aledji a déjà montée avec succès sous le titre  » L’âme où j’ai mal « , une histoire prenante qui met en scène dans une gare, la nuit en temps de guerre, une jeune fille, un homme et un prêtre, dans l’attente d’un départ et surtout d’un voyage. Celui de la mort peut-être.
Bravo donc à tous ces éditeurs qui ont le courage de miser sur les écritures contemporaines africaines et qui de toute évidence font des choix d’avenir.

José Pliya, Parabole, L’avant-scène, 2003.
José Pliya, Les Effracteurs, L’avant-scène, 2004.
José Pliya, Nous étions assis sur le rivage du monde, L’avant-scène, 2004.
Koffi Kwahulé, Le Masque boîteux, Théâtrales, 2003.
Koffi Kwahulé, Scat, Lansman, 2003.
Léonard Yakanou, Bafon, Lansman, 2003.
Gustave Akakpo, La mère trop tôt, Lansman, à paraître.
Rodrigue Norman, Entre deux battements, Lansman, à paraître.
Ousmane Aledji, Cadavre, mon bel amant, Ndzé, 2003.
Florent Couao-Zotti, , Le collectionneur de vierges, Ndzé, à paraître.
Florent Eustache Hessou, , La première dame, Ndzé, 2004.///Article N° : 3400

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