Tony Allen

Film of life (Jazz Village/ Harmonia Mundi)

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On ne l’avait pas entendu depuis Secret agent en 2009. Perpétuellement en tournée ou engagé sur des projets de proches, Tony Allen, cofondateur de l’Afro beat avec Fela, a fini par poser ses baguettes en studio pour cette session épurée. La bande-son d’une vie…

Comme toujours, il chante dans le pidgin des faubourgs de Lagos, qu’il a quitté, il y a des années, pour Courbevoie, en région parisienne. Un trio de claviéristes français, les Jazz Bastards, l’accompagne, conférant à l’album cette patine soul jazz très seventies. « C’est une combinaison », raconte le maître septuagénaire de sa voix éraillée. « J’explore sans cesse de nouveaux horizons. » Damon Albarn, issu de l’électro pop anglaise, incarne cette ouverture sur Go back : « Mon jeu de batterie le motive pour composer. » Autre invité, sur une ballade folk, le Nigérian Kuku(1) : « C’est un ami. Il admire ma musique. Il m’a proposé cette chanson, Tony won. » Et comme l’Afro Beat n’est pas qu’une affaire d’hommes, sur Ire omo, on entend les chœurs puissants d’Adunni et Nefertiti : « J’aime découvrir des talents. »
Le roi de la Charleston
Sur Film of life trône la batterie de Tony et son rythme hi-hat syncopé, qu’il enseigne même dans les universités américaines. Tony, qui a adopté l’instrument, en voyant Danny Barcelona, batteur de Louis Armstrong, à Lagos(2), se rappelle avoir mis des années à mettre son jeu au point : « Mes collègues pensaient que j’étais dingue ! » C’est à l’époque qu’il rencontre un autre dingue, Fela Kuti, aux côtés des Koola Lobitos, prémisse jazz des « Africa 70 » : « Fela voulait une musique que personne n’avait jamais faite. C’est pour ça qu’il est venu me chercher. » Mais si Fela s’engage en politique, Tony, lui ne pense qu’à la musique. L’association fera long feu : « Tout ce qu’il dénonçait dans ses chansons est toujours là. Il faudrait un million de Fela pour faire changer le gouvernement. » Un constat désabusé, conforté par l’actualité. Raison pour laquelle il se consacre à ce qu’il fait le mieux : « La musique est ma mission. Pour la suite, on verra… »

(1)En concert le 4 février 2015 au New Morning avec The Afrorockerz. Son album Ballads and Blasphemy doit sortir dans le courant de l’année.
(2) Lire de Tony Allen, An autobiography of the Master drummer of AfroBeat, co-écrit par Michael Veal.
///Article N° : 12739

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