« Nous n’appartenons à aucun groupe politique, ce n’est pas pour autant que nous nous interdisons l’idée d’une participation politique », écrivent les Motiv-é-e-s1, qui reviennent sur scène, avec leurs Chants de lutte 20 ans après l’album. Leurs mots rejoignent les initiatives d’acteurs culturels et citoyens, investis, pour la plupart de longue date, dans les quartiers populaires, dont nous nous faisons l’écho dans ces pages. Au Val Fourré, quatre amis se sont réunis, avec 200 comédiens amateurs, pour réaliser le film : Ils l’ont fait. L’histoire d’un habitant de la cité, chômeur, qui part à l’assaut de la mairie de Mantes-la-Jolie. Aujourd’hui le film tourne, inspire, avec un message qui place au coeur de la politique, l’intérêt général et la réappropriation de paroles jusqu’alors exclues. Créée pour combattre l’abstention sur son territoire, l’association GrignyWood invite des jeunes à s’imaginer Président et Maire de leur ville, et à utiliser leurs talents artistiques pour faire campagne.
Là où les hommes et femmes politiques ont déserté le terrain, ces « artivistes » l’occupent et sonnent l’alarme. à quelques semaines des élections présidentielles. Ils dénoncent, et nous à leurs côtés, ceux qui agitent les peurs comme incitation à aller voter. Ils interpellent sur les inégalités criantes en termes d’accès aux services publics, face à la justice, au marché de l’emploi, et sur fond, pour certains territoires, de discriminations raciales ou / et de stigmatisations religieuses.
Il y a urgence et ces acteurs, comme tant d’autres qui agissent localement « pour imaginer le monde », sont des lanceurs d’alerte, au sens étymologique de personne ayant connaissance d’un danger, qui adresse un signal d’alarme, et, ce faisant enclenche un processus de mobilisation collective. Les candidats aux élections présidentielles doivent les entendre. Car ils témoignent de failles de nos systèmes démocratiques, dont l’abstention en est une illustration.
Ces failles apparaissent quand l’accumulation des richesses d’une minorité se fait sur la précarisation de la majorité. Ces failles deviennent criantes quand les services publics peinent à limiter les inégalités de tous bords. Ces failles éclatent quand la criminalisation de la solidarité, et l’expression des injustices, ne nous choquent que trop peu.
Afriscope est un média citoyen. Et nécessairement politique, au sens que lui donnent les Motivé-e-s. Notre rôle est de poser des questions en transmettant des témoignages et des inquiétudes. C’est aussi de notre ressort de nous faire l’écho de ces chants d’espérance, auxquels s’ajoutent les livres de Fatou Diome et de Christiane Taubira. De ces engagements citoyens qui donnent de la profondeur. Tous politiques !