Après Ubu Toujours qui, pendant le Festival 1995 au théâtre des Halles, avait soulevé l’enthousiasme du public, Vincent Mambachaka et Richard Demarcy nous ont resservi une deuxième tournée avignonnaise des aventures du Père Ubu, au théâtre du Chêne Noir cette fois avec Ubu déchaîné. Un cocktail fort en degré, qui respire cependant davantage le beaujolais que le vin de palme. L’exotisme s’est évaporé et les indigènes que rencontre Père Ubu ne sont pas ceux que l’on attend.
Ubu, qui a fui l’Afrique polonaise pour se réfugier en terre de France, débarque à Paris où il découvre les moeurs brutales d’une société qui respire surtout la mort. Danse et ballet ont cédé la place à des cortèges funèbres et des processions sportives, mais Père Ubu suit le trafic ! Il s’est drôlement assagi. Il a abandonné sa défroque de roi adipeux, graveleux et goulu pour l’allure distinguée et sportive d’un présidentiable bécébégé qui manie le cirage de pompes mieux encore que sa vieille pompe à phynance et il ne tardera pas à monter au pinacle.
Paillote brûlée, rapports plagiés, malversations en tout genre… on peut peut-être regretter les allusions parfois trop directes à l’actualité et qui ont tendance à anecdotiser la portée politique de la pièce. Mais si la pantalonnade ubuesque se déchaîne, c’est pour mieux lutter contre le décervelage médiatique que nous subissons au quotidien.
Création Sanza Théâtre
Scénographie : Yves Collet et Michel Bruguière
Lumières : Yves Collet et Sébastien Marrey
Musiques originales : Danièle Cabasso
Maquillages : Guy Lafrance
Pantins et masques : Laurent Marquès
Costumes : Ray Monde et Jean Lacroix Kamga
Régie : Ugo Broussot
avec Beno Kokou Sanvee (Père Ubu), Irène-Pélagie Koumba (Mère Ubu), Jean-Clément Doukaga (Le Marquis de Pissembock), Kangni Alemdjorodo (Coup de latte et Le Commandeur), Jean-lacroix Kamga (Le grand » Com « ), Adolphine Milandou ( » une » homme libre et une mendiante), Alphonsine Ngau-Domingo, ( » une » homme libre, une touriste, une mendiante), Odile Wanuke, ( » une » homme libre, un vendeur de journaux, un photographe), Léonard Nbaguere (un homme libre, le chien, un mendiant), Franck Ndakouzou (Un homme libre, L’Aveugle, le serveur).///Article N° : 961
