Vendredi noir

De Djingarey Maïga

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Un vrai bijou. Pourtant, ce film manque tellement de moyens qu’il ne répond en rien aux critères d’un cinéma international. Mais c’est peut-être là que se situe sa qualité. L’histoire est simple mais prenante, autour d’une famille dont la pauvreté est telle qu’elle ne peut assumer l’argent demandé par l’institutrice pour maintenir la plus jeune à l’école, ou celui demandé par le médecin pour sauver leur fille battue à mort par son mari. Une colère sourde traverse le film, face à la mauvaise gouvernance, face aux corruptions et copinages de toutes sortes. Cette colère construit un vrai discours politique, parfois exprimé par les protagonistes ou par une manifestation d’étudiants mais qui prend toute sa dimension à travers la simple description des faits. C’est dans les échanges tout en retenue que l’on comprend les frustrations, la révolte impossible, la résignation.
Bien sûr, tout cela est très dualiste : les pauvres valeureux face aux corrompus au pouvoir, mais la finesse est ailleurs, dans le témoignage sur la condition de la femme ou l’absence d’avenir pour les jeunes, dans la sensibilité d’une image souvent d’une grande beauté humaine, dans les silences et les non-dits. On pense aux films du néo-réalisme, à La terre tremble de Visconti, car on partage le temps d’un film la vie de ces gens de Niamey, et qu’on se prend, le temps d’un film, à les aimer.

Niger, 1999, 90 min, 16 mm, caméra et réalisation : Djingarey Maïga, assistante : Fanta Regina Nacro, musique : chants traditionnels et Ali Farka Touré, prod : les Films DAM et les films du village (01 44 62 88 77), avec Chef Koutoucoulli, Maïmouna Issa, Biba Moussa, Alhassane Maïga, Boubacar Saley.///Article N° : 2467

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