Vers une normalisation de l’accueil fait aux littératures africaines

Entretien avec Bernard Magnier

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À l’occasion d’une nouvelle traduction de Tout s’effondre chez Actes Sud, Boniface Mongo-Mboussa s’est entretenu avec Bernard Magnier, critique littéraire et directeur de la Collection « Afriques » aux éditions Actes Sud

Boniface Mongo-Mboussa : Quelle est la genèse de cette retraduction ? Et pourquoi le traducteur a-t-il préféré Tout s’effondre au monde s’effondre.
Bernard Magnier : Il faudrait le lui demander mais il me semble que ce nouveau titre est plus juste au regard de l’original anglais « Things fall apart« . C’est aussi une manière de marquer la retraduction ; sauf erreur de ma part, il s’agit de la première retraduction d’un roman africain. Un petit événement qui est un signe de la normalisation de l’accueil fait aux littératures africaines.
Le monde littéraire anglophone a célébré les cinquante ans de la parution de ce beau roman de Chinua Achebe ? Pouvez-vous expliquer, (à nous autres francophones), la place de ce roman dans l’histoire littéraire africaine.
C’est un roman charnière sur une époque charnière, l’irruption des Européens – des Britanniques en l’occurrence – dans un monde africain, ici le monde ibo du Nigeria. Avec efficacité, Chinua Achebe décrit la société traditionnelle et les bouleversements consécutifs à présence étrangère. Le livre a fait date et est devenu un livre culte, une balise dans l’histoire littéraire anglophone. Il n’y a pas beaucoup de romans contemporains dont on a célébré le cinquantenaire de la parution !
Vous connaissez à la fois la littérature africaine d’expression anglaise et française. Avec quel roman « francophone » peut comparer Tout s’effondre.
Ce serait une sorte de Soleils des indépendances écrit dix ans plus tôt, en 1958. Non tant pour l’écriture, assez classique pour ce qui est d’Achebe, mais pour la force de frappe du roman et l’importance que ce livre a pu avoir pour des générations de créateurs anglophones. Nombreux sont les écrivains qui le citent parmi leurs libres de références.
Beaucoup d’écrivains africains estiment qu’Achebe méritait le Nobel. Est-ce également votre avis ? Si oui, pourquoi ne l’a-t-il pas obtenu ?
Éditeur de l’un et de l’autre, j’apprécie leurs talents et leurs différences. Un « ticket » à l’américaine eut été sans doute plus juste et aurait permis une plus large représentativité de la créativité littéraire nigériane.
Vous avez publié parallèlement au roman un essai stimulant d’Achebe. Pourquoi ce choix éditorial ? Envisagez-vous d’autres publications des textes d’Achebe ?

La double publication simultanée marque l’importance accordée à cet auteur et permet de faire découvrir le romancier et l’essayiste. C’est aussi un moyen de mettre à disposition du public francophone son premier roman retraduit et l’un de ses derniers livres, inédit en français.

Lire également [la critique de Tout s’effondre par Boniface Mongo-Mboussa]

Tout s’effondre, traduit de l’anglais(Nigeria) par Pierre Girard, Paris, Actes sud, 2013
Éducation d’un enfant protégé par la couronne, traduit de l’anglais (Nigeria) par Pierre Girard, Actes sud, 2013
Propos recueillis par Boniface Mongo-Mboussa///Article N° : 11881

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© Actes Sud
Bernard Magnier © Juliette Robert





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