Depuis 2012, la chercheuse Maboula Soumahoro organise les journées Africana, inspirées du Black history month, des célébrations annuelles afro-américaines. Rendez-vous du 15 au 17 mai à Paris.
Le mois de mai arrive avec ses traditionnels jours fériés, ses ponts et ses diverses commémorations. Il faut désormais y ajouter ses journées Africana. Organisées par l’association culturelle Black history month, elles s’inspirent des célébrations annuelles afro-américaines qui pendant un mois – en février- valorisent la contribution de la population noire américaine à l’histoire des États-Unis. « On peut même voir des panneaux publicitaires McDonalds souhaitant un bon Black history month », raconte Maboula Soumahoro. Maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Tours, elle a fait une partie de ses études aux États-Unis. En 2012, de retour en France, elle organise les premières journées Black history month en invitant, à Paris, Kathleen Cleaver, une ancienne membre des Black Panthers.
Forte de cette première expérience réussie, l’universitaire récidive en 2013 avec Africana, une version francisée de l’événement américain, calée en mai entre les commémorations de l’abolition de l’esclavage. L’événement prend en compte l’histoire de France et ainsi les populations d’origines caribéennes, subsahariennes et maghrébines. « En France c’est moins logique de parler uniquement des Noirs. En termes de statuts économique et social, il y a une homogénéité entre « Noirs » et « Arabes ». » Et pas seulement ! L’an dernier, le comédien Jean-Baptiste Phou a présenté sa pièce de théâtre autour du Cambodge. Selon Maboula Soumahoro, « les paroles qu’il prononçait auraient pu être tenues par n’importe quelle personne issue des anciennes colonies françaises en Afrique ». Le thème de la seconde édition des journées Africana porte sur les années 1980. Une période charnière : ce sont les années Mitterrand, celles de mouvements populaires chargés d’espoir qui vont aboutir à de grandes désillusions à l’image de la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. « Il existait plusieurs orientations du mouvement des Civils Rights aux États-Unis mais les jeunes ont choisi celle très pacifiste de Martin Luther King. Or on leur a répondu par la constitution de SOS Racisme et la montée du Front national », explique Maboula qui considère que la France a manqué là un épisode historique.
La spécialiste en civilisation américaine ajoute que ces années 1980 ont été difficiles également aux États-Unis avec l’arrivée de Ronald Reagan au pouvoir. « La politique néolibérale de Reagan a été fatale pour les minorités. C’est à cette époque aussi que la drogue ravage les ghettos. » Le hip-hop fait alors son éclosion et dans le sillon du mouvement afrocentriste, naît le groupe de rap Public Enemy. Avec ses textes virulents, ses sirènes et ses références au Black Power, le groupe fait peur. Chuck D, membre du groupe participe aux journées Africana 2014 qui s’annoncent chargées en hommages et en émotions. « Ce sera l’occasion de rendre justice à ces héros que la France n’a pas suffisamment célébrés comme Toumi Djaidja mais aussi Djida Tazdaït ».
Africana, où et quand ?
« Les Années 1980 : Pour le Monde de Demain ». Pour les temps forts, rendez-vous le vendredi 16 mai à la Favela chic (18 Rue du Faubourg du Temple, 75 011 Paris) pour un show case de Chuck D et Asocial Club (Casey, AL, Vîrus, Prodige, DJ Kozy).///Article N° : 12218