Anne est juive, Leïla musulmane. Complices depuis l’enfance, leur amitié adolescente se crispe autour du conflit israélo-palestinien. C’est en retraçant le fil de leur histoire familiale, notamment celle du grand-père de Leïla, Salah, Algérien, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, qu’elles pourront comprendre la complexité de ce qui les lie au-delà de leurs antagonismes naissants.
Ainsi dans cette première fiction, Ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants, la journaliste de métier Nadia Hathroubi-Safsaf ancre son récit dans le monde contemporain, de Paris, où grandissent les jeunes femmes, à Gaza, à Jérusalem et à Tel Aviv. Des villes vers lesquelles elles partent pour se construire. « Vous réagissez toutes les deux avec le cur. Pose-toi la question, Pourquoi t’identifies tu ainsi aux Palestiniens ? Parce qu’ils sont arabes ? Pourquoi s’identifie-t-elle aux Israéliens ? Parce qu’ils sont juifs ? Vous voyez encore les choses à travers ce prisme ? » interroge la tante de Leïla, plongeant dans l’enjeu de ce roman : comment se construire au cur d’enjeux identitaires politisés ? Comment sortir de la binarité des débats et des positions ? Laisser la place à la nuance, à la complexité, à l’espace de l’échange et du dialogue, répond la plume militante de Nadia Hathroubi-Safsaf qui se retrouve pleinement dans ce roman.
Ses deux essais, Immigrations plurielles, témoignages singuliers (2012), et 1983-2013, La longue marche pour l’égalité (2013), s’attachaient déjà à humaniser et documenter les périodes oubliées de l’histoire pour éclairer le présent. Véritable outil pédagogique, Ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants, s’appuie sur une histoire vraie : la résistance de Maghrébins pendant la Seconde Guerre mondiale et leur solidarité vis-à-vis des juifs menacés. Elle fait revivre cette histoire dans cette fiction où le journal intime retrouvé de Salah nous plonge en 1942. Et c’est parce que l’histoire d’Israël commence à cette période qu’interroger le conflit israélo-palestinien à la lueur du passé s’est imposé pour Nadia. Encore une fois avec ce regard qui questionne, qui interpelle, qui complexifie. La plume de la fiction sert ici très bien la quête de transmission qui anime l’auteure. Et de nous confier, « une suite arrive dans le regard de Anne cette fois « .
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