Douala/New York :  »11092001 », de Malam

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Suite aux attentats du Word Trade Center, un jeune plasticien camerounais, Malam, expose  »11092001 »(11 septembre 2001). Une installation terrifiante sur les horreurs engendrées par l’homme.

Des restes de corps épars, rongés par le feu, noircis par les flammes… Des hommes et femmes manifestement surpris par l’horreur, affalés à même le sol ou coincés dans leurs fauteuils, derrière des écrans d’ordinateurs eux aussi calcinés… Des moniteurs, sur lesquels seule quelque tête de mort souriant triomphalement semble avoir échappé à l’hécatombe. Dans ce tas de débris, on aperçoit perché sur une échelle, ou plus exactement ce qui en reste, un squelette d’homme figé, sans doute rattrapé dans sa fuite par les flammes meurtrières.
A près de 12 000 kilomètres des Etats-Unis, Malam, plasticien de 34 ans, restituait ainsi dans une installation à l’espace Doual’art, dans la capitale économique du Cameroun, sa vision de la catastrophe du 11 septembre 2001. « Dans le passé, seule une catastrophe naturelle ou accidentelle pouvait justifier de telles horreurs. Aujourd’hui, c’est l’homme lui-même qui se détruit, le monde est cause de sa propre destruction ». Un point de vue qui pousse l’artiste camerounais à renvoyer au monde, sans aucune censure, l’insoutenable image de sa barbarie. « On n’a peur que si on voit autant de mal », plaide-t-il. Et les neuf pièces de  »11092001 », montées quelques semaines après les attentats et exposées du 6 au 20 novembre derniers, avaient de quoi inspirer plus que la peur. Mélange de plâtre, de résine, d’argile, mais aussi de matériaux de récupération (les débris de vraies incendies par exemple), les sculptures reçoivent une couche d’enduit noir avant de subir les affres d’une combustion provoquée par le plasticien. Le mouvement qui se dégage de l’ensemble rend l’horreur d’autant plus saisissante. « On voit bien qu’il y a eu bousculade, on sent bien que les gens ont besoin de vivre. Le sapeur-pompier qui se fait brûler sur l’échelle… la vie nous échappe, puisque même celui qui venait sauver les autres va mourir. Quand l’homme commande la mort, il est difficile de l’arrêter » .
Avec cette deuxième exposition individuelle, Malam s’est définitivement construit une réputation de Stephen King des arts plastiques au Cameroun. Au cours de Squat’art, un atelier qui, au tout début 2001, avait regroupé à Douala une vingtaine de plasticiens, la première installation de Malam mettait en scène une espèce de monstre humain sanguinolent, la nuque fracassée, suspendu -la tête en bas- à un plafond défoncé.
Et si l’on s’étonne d’une telle récurrence de l’horreur dans son œuvre, le jeune plasticien ne manque pas d’arguments : « Nous vivons dans cette constance, le monde vit dans cette constance. Quand tu mesures en terme de proportions l’équilibre entre les sujets des différents journaux télévisés ou audio, on parle plus de guerre que d’autre chose. Comme si on nourrissait l’homme de ce mal ».

///Article N° : 2096

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© Doual'art





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