Edito 66

Pas dupe !

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« L’Afrique est au cœur du problème de la globalisation et au cœur de la solution »
José Bové, membre du mouvement paysan international dans le cadre du forum de Bamako en janvier 2006.

« Mondialisons la paix », « Tuons la pauvreté, pas le coton africain ! ». Ils étaient 5000 ou peut-être 7000 à défiler dans les rues de Bamako en janvier dernier lors de la tenue dans la capitale malienne du « Forum social polycentrique de Bamako ». Pour la première fois, une capitale africaine accueillait – simultanément avec Caracas, Karachi et Bangkok – le mouvement alter mondialiste jusque là régulièrement réuni à Porto Alegre (excepté Bombay en 2004).
Pour la première fois, près de 15000 représentants des sociétés civiles d’une quarantaine de pays africains ont pu se réunir pour « exprimer ce désir de construire un autre monde ». Ainsi, en dépit d’importants problèmes organisationnels, le forum social de Bamako aura relevé le défi de la mobilisation à l’échelle continentale contribuant à redonner un nouveau souffle au mouvement alter mondialiste et impulsant le prochain FSM, prévu en 2007, qui sera, cette fois, centralisé à Nairobi, une autre capitale africaine.
« C’est la première fois que je constate un tel niveau d’autonomie et de diversité en Afrique » s’est exclamé Antonio Martins, membre du conseil national du FSM.
Car c’est bien dans l’autonomie et la diversité que l’Afrique doit se positionner face à la globalisation inéluctable d’un monde en mutation. C’est tout l’enjeu de ce passionnant dossier – réalisé en partenariat avec le Dibuka French Information Centre de Johannesburg – dont les problématiques ne s’articulent pas tant autour de prises de positions favorables ou défavorables à la mondialisation, mais autour des enjeux qu’elle représente pour le continent africain, dans la préservation de sa diversité, de son patrimoine et de ses identités culturelles.
Enjeux majeurs et incontournables pour un continent, qui, selon les termes d’un des organisateurs du Forum social de Bamako « a attrapé la queue du lion » mais auquel il « reste le plus difficile : lui fermer la gueule ! ».
« Mondialisée mais pas dupe » : c’est bien en ces termes (titre de l’œuvre de Bruce Clarke qui fait la couverture de ce numéro) que l’Afrique se pose face au rouleau compresseur de la pensée unique, tout en s’ouvrant au monde, et ce sont bien ses artistes qui la guident dans cette voie. Africultures ne se contente pas d’y consacrer ce numéro, en écho au dossier « Afrique Tout-monde » du numéro 54 : c’est toute notre structure qui se mobilise dans cette affirmation de diversité. Nous allons consacrer l’année 2006 à travailler à un ambitieux mais nécessaire portail culturel sur internet au service de la création africaine. Chaque créateur pourra y disposer de son espace, gérer sa communication comme bon lui semble, en lien avec tous les autres dans de très performants moteurs de recherche. C’est une véritable planète artistique qui se dévoilera ainsi sur le portail Afriplanète. Mais l’Afrique n’y sera pas ghettoïsée : le portail sera plus large, englobant les Caraïbes, le Pacifique, la péninsule indochinoise etc. Afriplanète fera ainsi partie du portail Sudplanète, qui permettra de dialoguer avec les autres espaces de notre petit monde.
Africultures redistribue les tâches au sein de son équipe pour répondre à l’enjeu : tandis que Virginie Andriamirado devient rédactrice en chef du portail Sudplanète coordonné par Olivier Barlet, c’est Ayoko Mensah qui reprend la responsabilité de la rédaction de la revue. Nous comptons bien approfondir la réflexion et développer les outils d’information, car n’est-il pas important de ne pas être dupe ?

///Article N° : 7677

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