Entre peinture et sculpture

Entretien d'Imunga Ivanga avec Nal-Vad

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Exilé à Paimpol en France depuis dix ans Nal Vad, fils de Basile Allainmat Mahine, n’a pas fait que s’affirmer en changeant de nom. Son talent qui navigue entre la peinture et la sculpture est aujourd’hui largement reconnu.

Quand on est à la fois peintre et sculpteur, l’inspiration est-elle la même ?
Moi j’ai l’impression que oui. Mais il y a des gens qui me disent que non… Dans la sculpture, les sources africaines apparaissent de manière plus évidente, et pour la peinture par rapport à ce que j’appelle de petits graffitis en étoile qui sont d’obédience africaine congolaise, inspirés des fameux macramés, des dessins géométriques qui sont des symboliques en ce qui concerne toutes ces écritures et qui veulent dire des choses sans être cabalistiques.
Deux styles pour deux arts, qu’est-ce qui distingue au niveau de la composition ton travail dans l’un et l’autre ?
Quand je fais de la sculpture, à la différence de la peinture, je sais que la sculpture va se terminer. Techniquement, lorsque tu travailles une pièce, qu’elle soit en bois, en pierre, en métal, à un moment donné tu es obligé d’arrêter. Tandis que la peinture me cause un autre problème, c’est qu’en fait elle n’est jamais terminée. Ce qui m’arrive souvent, c’est de reprendre de vieilles toiles invendues. Quand je les regarde, l’histoire que j’avais racontée, je peux la continuer ou redémarrer sur autre chose et ça me pose énormément de problèmes.
Réel et abstraction, contradictoire ou complémentaire, quel intérêt ?
Le propre d’un artiste, c’est de pouvoir donner à un individu de voir autre chose.
Le réel ne m’intéresse pas. L’abstraction oui, parce que ça laisse rêver. La peinture abstraite permet à chacun de voyager dedans. Les sculptures hiératiques te laissent imaginer autre chose. La peinture figurative, je ne peux que m’extasier ou me cacher les yeux. Mais je n’ai pas de rêve là-dedans.
Du bois et de la ferraille pour une sculpture ethnique…
Je la veux très hiératique comme la statuaire africaine. Je trouve que ça devient très anecdotique quand tu commences à faire porter une casserole sur la tête, un bébé dans les mains… Je pense que ces sculptures qui sont dans des poses figées, sans aucun mouvement spécial, ont beaucoup de force. Je veux ce côté un peu comme les idoles où tu dois avoir un certain respect en regardant la pièce.
Quels sont tes sujets de prédilection ?
En peinture j’attaque pas mal la religion. Je dois avouer que le bon Dieu me gêne énormément, peut-être parce que je me rapproche de lui de plus en plus. En ce qui concerne la sculpture, c’est la femme essentiellement, un sujet inépuisable sur lequel j’aime travailler.
Comment définis-tu ton travail par rapport aux tendances ?
Je fais une introspection dans tout l’imaginaire et toute la statuaire africaine et j’essaie par rapport à ma propre sensibilité, à mon double sang, en partant de cette base de raconter quelque chose.
J’ai été emmerdé pendant des années avec des canons de beauté à l’école des beaux-arts où on t’apprend à reconnaître l’art majeur, mais dit majeur par qui… et puis cet art dit primitif, où tu pars avec un complexe. Je me suis dit que c’étaient des conneries. Depuis huit ans, je fais comme notre ami Picasso j’essaie de voler. Picasso a dit : « Un bon artiste copie, un grand artiste vole ». Je ne suis pas grand, mais je pense qu’il a tout dit dans cette phrase. Il a passé son temps à voler dans la statuaire africaine et océanienne. Mais il a bien volé, il a fait aussi bien en trouvant une autre voie mais pas mieux.

///Article N° : 1806

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