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Paris – Intéressante exposition que celle organisée par l’ADEIAO à la Maison des Sciences de l’Homme, de cinq Ivoiriens : Kra, Ouatara, Aboudramane, Toure Yacouba et Zephirin, mort en 1993 ; quatre Sénégalais ; deux Ethiopiens ; deux Camerounais : Diako et F. Mbela ; une Gabonaise ; le Mozambicain Malangatana et le Togolais Lawson.
On connaît le travail de Lawson et ses mosaïques de perles : il peut retrouver une tradition africaine puisque les rangs de perles ont été jadis des monnaies. Malangatana est connu mais les apparitions de ses oeuvres sur la scène parisienne sont rares. Martine Nze a rarement exposé. Ses toiles à fonds sombres augurent d’un talent qui s’affirme. Bethe Selassie compose des personnages sur une armature métallique et les peint de vives couleurs. Skinder Boghassian choisit l’abstraction. Les Camerounais Diako et F. Mbela hésitent entre abstraction et figuration. Ce dernier présente d’ailleurs un ouvrage de théorie esthétique.
Deux tableaux séparés par quinze ans d’évolution montrent Ousseynou Sarr parti d’une mouvance expressionniste puis dans ses recherches actuelles de matiérisme. Comme certains de ses confrères, il cherche des couleurs, des supports, des matières qui exaltent sa vision de l’Afrique.
D. Chanel expose une figure de  » Zoulou  » qui, dans son langage plastique personnel, symbolise l’Afrique avec ses couleurs brunes ou beiges. Une énorme toile de Fode, Camara, évoque le trajet psychologique de l’artiste. V. Sagne présente une toile où de multiples signes évoquent le mystère de la vie. Le groupe ivoirien témoigne de la diversité des tendances de son pays.
Une telle exposition vaut par les oeuvres qu’elle montre au public, mais aussi par le cadre où elle s’inscrit. La Maison des Sciences de l’Homme est en effet fréquentée par des spécialistes qui jusqu’à présent, n’ont pas prêté beaucoup d’attention à l’aspect esthétique et à l’évolution contemporaine de leurs sujets d’études. Or, les objets et les rites se transforment. Il est utile de chercher une réconciliation entre le passé ethnologiquement orthodoxe et le moderne, fut-il quelque peu frelaté.
La prise en considération de la totalité de l’homme est à ce prix. A ce point de vue, l’exposition de l’ADEIAO serait un événement majeur, si elle suscitait des réflexions et des relations entre artistes et chercheurs de la maison.
Créteil – A la maison des arts de Créteil, un artiste malien, Sidiki Traore, a présenté des  » tableaux dogon « . L’un d’entre eux m’a particulièrement intéressé parce qu’il étayait une de mes théories sur le lettrisme africain. Sur six colonnes, sur le fond bistre de la toile de coton artisanale, se détachent des lettres de couleurs vives. L’auteur dit en avoir reçu le tracé d’un vieillard dogon, passé maître dans les secrets antiques. Notre informateur ne se souvient plus du sens de ces hiéroglyphes, parfaitement abstraits. Vrai ou faux, là n’est pas le problème. Ce tableau rejoint toute une production où les artistes essaient de créer un style pour meubler leur toile : abstraction lettriste ? Dans ses toiles figuratives, l’auteur représente des visages serrés les uns contre les autres, symbolisme de collectivités, de villages ou de familles. L’homme n’est pas seul. Il vit avec son groupe qui le contrôle, le soutient ou l’écrase selon les circonstances, force et contrainte à la fois, des sociétés africaines.
Se servant de bandes tissées, l’auteur est parfois tenté de s’affranchir de la toile, de sa planéité, de son format quadrangulaire. Juxtaposant, croisant ou enroulant les bandes, il tente de renouveler le concept même du tableau.

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