L’Autre monde

De Merzak Allouache

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Cela commence par un générique endiablé sur une opéra de Rameau. En quelques ellipses, l’action est posée : Yasmine, sans nouvelles de son compagnon Rachid, tous deux d’immigration algérienne de longue date en France, quitte Paris pour aller le retrouver en Algérie. « En quelques jours, j’ai l’impression d’avoir vécu les trois quarts de ma vie », lui dira-t-elle après avoir passé par toutes les galères en plein maquis islamiste. La réalité algérienne crève l’écran, non comme un reportage ou les images de l’horreur de la télé mais comme un constat, celui d’une folie généralisée. Incarnée dans le compagnon que soigne Rachid, et dont la vision des massacres a fait une loque, elle traverse tous les personnages, aucun ne sachant vraiment ce qu’il fait là, aucun n’étant prévisible. Allouache scrute les visages dans la rue, dans les bus, s’arrête sur ceux de ses personnages, comme pour la traquer, pour comprendre ce qui bouleverse ce pays et l’empêche de s’en sortir. L’émotion pourtant est peu présente, tant le scénario est improbable et forcé, mais elle revient lorsqu’il élève son propos, cherchant ce qui pourrait transcender la folie et la mort. Les paroles de Gnawa Diffusion, dont la musique hante et embellit le film, sonnent alors comme une promesse : « Les ombres du passé ne veulent pas disparaître. Une Algérie se meure dans une autre en train de naître ».

1 h 40, image : George Lechaptois et François Kuhnel, prod : Lancelot Films, Baya Films, distr. Ad Vitam (01 43 34 75 74, [email protected]), avec Marie Brahimi (Yasmine), Karim Bouaiche (Hakim), Nazim Boudjenah (Rachid), Michelle Moretti (Aldjia), Abdelkrim Bahloul (l’officier), Boualem Bennani (Omar).///Article N° : 41

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