« Le vêtement a par lui-même une efficacité qui corrobore ou diminue celle du porteur. Il est un réservoir de forces, en même temps qu’un exposant du nyama de la personne », indique Pauline Duponchel*.
Constitués de bandes de coton cousues, la tunique, donsoduloki, et le pantalon, donsokulusi, sont le plus souvent d’une teinte rouge brique au colorants naturels. Ce rouge mbegu résulte de teintures successives à base de feuilles et d’écorces d’arbres. L’ethnologue Germaine Dieterlen rapporte que « le chasseur est couvert d’un vêtement de sang ». Cette teinte concourait du reste au camouflage du chasseur en brousse. Certains chasseurs Soninké préfèrent porter l’indigo. Mais l’on trouve aussi des costumes à deux couleurs et à motifs dans la gamme des ocres ou noir et blanc. Ils sont faits des fameux tissus en bògòlan, réalisés avec l’argile, et développent un large éventail de motifs porteurs de symbolisme.
Certains de ces motifs servent traditionnellement à l’identification des chasseurs. Filen kolonin, la calebasse cassée, est une trame régulière de petits triangles blancs sur fond noir. C’était l’apanage des guerriers-chasseurs du Bèlèdougou. On l’y appelait aussi waraba wolo, la peau du lion. Sogosen, en forme de V, est un autre exemple de motif très répandu évoquant les traces du gibier.
Bien que les avis divergent, certains soutiennent que l’utilisation la plus ancienne de la teinture bogolan reviendrait à la ville de Kolonkani, à 140km au nord-ouest de Bamako, lieu fondé par le chasseur Séyi N’Gnama. De même, une des versions de l’invention du bògòlan raconte que c’est un chasseur qui l’aurait accidentellement découvert : en traversant un jour une mare boueuse, il aurait constaté que son argile noire « déteignait » irrémédiablement sur son costume ocre.
Tout aussi représentatif des distinctions entre chasseurs, le couvre-chef, donso banfula, peut prendre trois formes. La calotte faite de fibres végétales tressées, à fond plat, est appelée konkoro. On y voit souvent cousues des lanières en cuir pendantes, mais aussi des cornes de biches et des miroirs. Le bonnet rigide à deux pans est appelé bamada, la gueule du caïman. Quand au bonnet en coton, à trois pointes et pompons, il s’appelle tulo dogo lorsqu’il retombe sur les oreilles et il était porté autrefois par les rois du Manden.
On ne saurait faire le tour des nombreux accessoires portés par le chasseur, ils sont tour à tour les protagonistes de nombreux récits de chasse. Du sifflet, donso fle, qui permet au chasseur de signaler aux autres qu’il a abattu un gibier, au chasse-mouche qui le protège ou évente le nyama de sa victime. Les armes jouissent, elles aussi, d’un vocabulaire et d’expressions spécifiques, déclinées dans la description des multiples actions d’un chasseur.
*cf. bibliographie du dossier///Article N° : 1632