Le do qui danse

D'Idriss Diabaté

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On retrouve ici le dispositif documentaire un peu lourd d’Idriss Diabaté, qui ajoute une voix-off pédagogique au matériau qu’il gagnerait à travailler au montage pour instaurer davantage de rythme à son film. On sent là les limites d’un travail en solitaire et les difficultés rencontrées en produisant avec de faibles moyens dans les conditions locales.
Cheikh Smith, jazzman mort en 1998 dans un accident de voiture, qu’il prend ici pour sujet, fait le même choix que le cinéaste et cette harmonie se sent : pianiste de talent qui aurait pu faire le tour du monde, il a préféré le travail sur les musiques traditionnelles qu’il transcrivait pour le piano et l’enseignement de la musique aux jeunes générations. Il le fait avec un sensibilité aiguë exprimée par le titre : lorsqu’il explique l’importance de l’interprétation, il fait la différence entre le do triste, le do gai et le do qui danse.
A l’écoute de la profonde diversité culturelle ivoirienne et donc de la richesse des échanges et des influences, il y décèle une cohérence des musiques de la sous-région qu’il cherche à mettre en exergue.  » En musique, on s’accepte : ça fonde l’amour « , précise-t-il. Panafricaniste dans l’âme, il défend une identité africaine et, après y avoir cru étant jeune, se détourne de la fusion Afrique-Occident :  » On peut mélanger les instruments mais laissons séparées les musiques « . Le film prend le temps de cette démonstration, tout à fait instructive. Son actualité n’échappe à personne : cet appel à la valorisation des apports des différentes cultures dans le creuset ivoirien tout en refusant la soupe imposée par la World music est une vibrante réponse aux exclusions et xénophobies vécues aujourd’hui dans le pays.

2001, 52 min, betacam, photo : Idriss Diabaté, Alain Amonthe, Djacomm Production : 01 42 62 43 91, [email protected]///Article N° : 3240

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