Adopté comme langue officielle par les PALOP au moment des indépendances dans un souci d’unité nationale, le portugais est surtout une langue de promotion sociale : langue des élites urbaines et des gouvernements. Le choix du portugais ne reflète aucunement une diffusion au sein des populations. Ainsi au Mozambique, à peine 30% de la population parle portugais et seulement 5% la possède comme langue maternelle. On trouve sans doute des proportions semblables dans les autres pays. Bien que la norme linguistique adoptée ait été celle du portugais d’Europe, celui-ci est évidemment entré en contact avec les langues des différents groupes ethno-linguistiques, groupe des langues bantoues pour le Mozambique. Perpétua Gonçalves distingue ainsi deux phases d’une évolution récente au cours desquelles le portugais s’est transformé. La première, qu’elle considère comme agglutinante, serait celle où le portugais occupe progressivement la place des langues maternelles bantoues. Après l’indépendance, le Mozambique a lancé une politique d’alphabétisation et de diffusion de la langue portugaise dans tout le pays. D’après l’écrivain Luis Honwana, cela correspond à une crainte de revendications particularistes et c’est pour cette raison que l’on a empêché la promotion des langues mozambicaines.
La seconde phase serait celle d’appropriation de la langue favorisant ainsi l’émergence d’un portugais africain tant au niveau quotidien qu’officiel.
A ce sujet, il est intéressant de souligner qu’à l’inverse du Brésil qui a affirmé son propre portugais (qui diffère par la grammaire, l’accentuation…) comme langue au niveau national et international, les PALOP quant à eux n’ont pas revendiqué un portugais africain mais se sont plutôt tournés vers leurs propres langues. Cela avec des tentatives diverses selon les pays, tel le rôle du créole au Cap-Vert ou encore à Sao Tomé. La situation est quelque peu différente en Guinée-Bissau dans la mesure où le créole n’est pas la langue maternelle des populations qui proviennent de plusieurs aires ethno-linguistiques avec au total plus d’une dizaine de langues. Le créole en Guinée-Bissau semble avoir joué le même rôle fédérateur que le portugais dans les autres pays.
Actuellement, de nombreux travaux entendent identifier des critères grammaticaux propres à la langue portugaise telle qu’elle est utilisée dans les PALOP et un nouveau corpus, se met peu à peu en place. Mais celui-ci n’est pas normatif dans la mesure où là encore la situation est différente selon qu’on se trouve dans le nord où le sud du Mozambique par exemple, selon le lieu et la date de formation de l’enseignant… D’autres tentatives visent à une revalorisation des traditions orales par le biais de recherche de sources en langue bantoue puis de traduction en portugais, à l’image du recueil de contes publié par les éditions Chandeigne, le portugais n’étant ici que le véhicule d’une culture.
Cet aspect multiforme de la langue portugaise est patent dans la littérature mozambicaine qui propose une voie originale pour le portugais langue africaine.
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