On dit habituellement que le musée est un legs colonial à l’Afrique. Mais que se passait-il avant ? Comment le musée est-il advenu en Afrique ? Ces deux questions, une fois clarifiées, pourraient évacuer de nombreux malentendus. D’autant que depuis les Indépendances, presque tous les musées ethnographiques nationaux ont été victimes de vols. Une catastrophe pour les patrimoines culturels qu’ils abritent.
L’Afrique ancienne, dite traditionnelle ou précoloniale, ignorait la tradition muséale telle que pratiquée par l’Occident (1). En lieu et place de musée, elle utilisait les granges ou les arrière-cours ou encore les espaces compris entre les toits des cases et leurs murs. La grange elle-même n’avait pas la même signification qu’en Occident puisqu’en Afrique, il s’agissait de petites cases dans l’enclos familial, quelque part derrière, ou alors de vieilles cases délabrées dans lesquelles étaient jetés pêle-mêle les objets, parfois aussi les outils divers. Les villageois savent également qu’entre les pentes descendantes des toits et les murs, il y a des espaces, souvent aménagés, clôturés, dans lesquels les populations gardent récoltes, objets et bagages divers. En ces différents endroits de la concession familiale étaient entremêlés les « objets d’art », les outils et ustensiles non utilisés quotidiennement ; ces espaces et lieux servaient ainsi de magasins de conservation. Là, les objets d’art, sans soin particulier, subissaient le poids du temps et des intempéries ; ils pouvaient également être la proie des termites et des insectes. Lorsqu’ils en étaient sortis pour être utilisés dans les cérémonies et les rites, ils étaient alors nettoyés, repeints ou entretenus de quelque manière ; après quoi, ils étaient remis à leur place habituelle, à l’abri des regards et des curieux. Car en effet ces endroits n’étaient pas accessibles aux étrangers et aux personnes extérieures.
Sous sa forme moderne, le musée était inconnu en Afrique. Il est une création et un héritage colonial. Cela est bien connu, mais il est utile de rappeler le contexte et les conditions de sa création, du moins dans les anciennes colonies françaises de l’Afrique de l’Ouest, naguère Afrique occidentale française (AOF : Mauritanie, Sénégal, Guinée-Conakry, Niger, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire, Bénin, Mali et Togo) (2). Tout serait parti de la rencontre de l’Occident avec les arts et les civilisations de l’Afrique (3) puis de celle de l’Art nègre avec les artistes cubistes du début du XXe siècle (1905-1914). L’histoire révèle que la première rencontre a provoqué à la fois iconoclastie et ethnocide. Du XVIe au XVIIIe, on ne rencontrait que quelques voyageurs européens en Afrique, navigateurs, commerçants, missionnaires et militaires, qui rapportaient, en retournant en Europe, quelques objets d’art africain, expressions d’un art sauvage et caractérisés par une étrangeté provocante ; en somme, des fétiches, des idoles et des totems, perçus comme expressions de la primitivité des peuples noirs. Ces nègreries et curiosités nègres étaient ramenées en Europe comme souvenirs de voyages ou comme vestiges d’un exotisme qui se survivait ou alors comme preuves des récits que militaires, missionnaires et marchands racontaient. Ces curiosités resteront pendant longtemps entassées dans les cabinets, les musées, les caves et les ateliers des brocanteurs, dans la poussière et la moisissure ; d’autres auront un meilleur sort en atterrissant dans les musées ethnologiques, dont les personnels s’attacheront à les entretenir et à les préserver.
Tout au long du XIXe siècle et pendant la première moitié du XXe siècle, l’Europe réalise successivement l’exploration de l’Afrique, sa conquête militaire et sa pacification, puis sa domination coloniale et son exploitation économique. C’est en effet à partir du début du XIXe siècle que, pour développer les activités commerciales et conquérir les marchés africains, commerçants et agents des factoreries incitent les gouvernements de leurs pays respectifs à envoyer des explorateurs chargés de prospecter les régions intérieures de l’Afrique et connaître les potentialités économiques de ces régions ; puis à envoyer des militaires pour conquérir ces régions, avant que l’administration coloniale ne s’attelle à la pacification et à la domination politique de l’Afrique et enfin sa mise en valeur économique au profit des puissances coloniales (4). Au plan des arts et de la culture, commerçants et explorateurs, missionnaires et militaires, administrateurs coloniaux continuent de ramener en Europe, à leur retour, des souvenirs d’Afrique qui connaîtront le même sort que les objets de la période antérieure.
À l’intérieur même de l’Afrique, le massacre des arts commence alors avec l’entreprise de décivilisation qu’est l’ethnocide. Car civiliser les populations indigènes impliquait d’abord de les déciviliser, c’est-à-dire de détruire et de désorganiser leurs systèmes de référence et de valeurs, leurs modes de vie et leurs coutumes, leurs institutions et les manifestations matérielles de leurs civilisations ; donc réaliser l’ethnocide. Cet ethnocide sera perpétré d’une part par l’administration coloniale (par la force militaire et l’enseignement colonial), d’autre part par le Christianisme (par l’enseignement privé confessionnel et par l’évangélisation) (5).
Puis, au début du XXe siècle (1905-1914), quand des artistes européens (Pablo Picasso, André Derain, Georges Braque, Henri Matisse, Vassily Kandinski, etc.) découvrent, en différents endroits (musées, échoppes d’antiquaires et bistrots), des objets africains et océaniens, ce fut la grande découverte de ce qu’ils appellent art nègre. Ce fut, après, la ruée vers les objets de cet art, que l’on expose, que l’on vend et que l’on achète ; la recherche effrénée de cet art conduit ses amateurs partout ; c’est l’enthousiasme et l’engouement ; comme artistes et publics ignoraient tout de ces objets – provenances, époques et qualité, auteurs et fonctions -, qu’ils ne pouvaient faire la différence entre le bon et le mauvais, l’ancien et le nouveau, des interrogations ont surgi. Le regard et l’observation ont suscité des questions. Il fallait combler l’ignorance ou la méconnaissance. De nombreuses missions de recherche sont alors organisées et envoyées en Afrique : allemande, française et anglaise certes, mais aussi belge, suisse, américaine, etc.
Ce sont donc les interrogations des artistes, leurs préoccupations et leur intérêt (6) qui sensibilisèrent les consciences et orientèrent le goût et la réflexion des publics pour l’art nègre. Les recherches effectuées entre 1890 et 1970 et les résultats enregistrés ont prodigieusement contribué à la connaissance de l’art nègre, mais aussi des civilisations noires ; l’ethno-esthétique a fait connaître les arts et les civilisations d’Afrique au moment où les Africains ne pouvaient le faire ; elle a aussi permis de « nuancer, de corriger, de critiquer des généralisations hâtives ou prématurées, des propositions aventureuses, trop absolues ou simplement mal informées » (Jean Laude, 196 : 12). La rencontre avec l’autre (le Blanc, l’Européen, l’Occidental) a ainsi provoqué des évolutions qui ont conduit à des destins très singuliers pour l’Art nègre ; cet art a été détruit et brûlé (missionnaires), interdit et saccagé (christianisme et islam), volé et pillé (ethnologues), trafiqué et vendu, acheté et dilapidé (commerçants et professionnels nationaux des musées africains), etc. (7). Ethnocide et pillage, trafic, commerce et vente aux enchères ! L’Art nègre n’a pas été épargné !
La recherche ethnologique française crée d’abord à Dakar (1936-1938) l’Institut français d’Afrique noire (IFAN) (8). Cet institut a été, littéralement, l’uvre du chercheur français Théodore Monod, qui l’installe d’abord dans les locaux du premier Palais des Gouverneurs de l’AOF, situé sur l’ancienne Place Tasher, devenue Place Soweto. Institut de recherche fondamentale, l’IFAN met en place progressivement, au rythme de l’arrivée des différentes générations de chercheurs, les différents départements correspondant à leurs spécialités : histoire et géographie, archéologie et préhistoire, zoologie et géologie, biologie et anthropologie physique et culturelle, ethnologie, etc. Le champ de recherche couvre toute l’Afrique noire et les chercheurs partaient pendant de longues périodes, de Dakar et allaient jusqu’en Afrique Centrale et même orientale, en passant par les différents territoires de l’AOF. Au cours de ces nombreuses et longues missions (1938-1960/70), ces chercheurs collectaient, récoltaient, achetaient ou découvraient de nombreux objets, archéologiques, préhistoriques, artistiques, etc., qu’ils rapportaient à Dakar. Certains étaient conservés sur place, d’autres étaient expédiés vers la métropole. Ces divers produits et objets conservés à Dakar étaient stockés d’abord dans les bureaux des chercheurs, puis avec le temps et la quantité, en d’autres endroits plus vastes ou plus appropriés ; car, au fur et à mesure que les recherches se multipliaient et les années passaient, les quantités emmagasinées et entassées s’accroissaient.
C’est plus tard que, le stockage dans des bureaux et locaux exigus et inadaptés n’étant pas viable, naquit l’idée de musée. Ainsi est né le premier musée d’art d’Afrique noire. Il ne s’est donc pas agi d’une volonté délibérée de créer un musée d’art ; l’idée s’est imposée d’elle-même. Ce montage a été d’autant plus facilité que le transfert en 1959 de l’IFAN dans ses nouveaux locaux sis au campus universitaire allait libérer les locaux du Palais des Gouverneurs. Le musée put alors prendre ses aises et occuper tout l’édifice du Palais – appelé de nos jours vieux pavillon. D’autre part, comme les différents chercheurs effectuaient des missions de longue durée – plusieurs semaines voire plusieurs mois – dans les différents territoires, ils finissaient par élire domicile dans les capitales des territoires français de l’AOF où certains ont créé des annexes de l’IFAN de Dakar, appelés plus tard centrifans, dans lesquels ils disposaient de bureaux et de magasins de stockage des produits des fouilles et des recherches. Ainsi, de 1938 à 1960, toutes les capitales africaines de l’ouest, Saint-Louis (Sénégal), Conakry (Guinée), Ouagadougou (Burkina Faso), Niamey (Niger), Bamako (Mali), Abidjan (Côte-d’Ivoire), Cotonou (Bénin), Lomé (Togo), Ndjamena (Tchad), Bangui (République centrafricaine), etc., avaient leurs centrifans, à l’intérieur desquels furent créés des musées, qui deviennent, aux Indépendances, les musées nationaux des différents pays africains. Ainsi, furent créés les futurs Institut national des Arts du Mali à Bamako, Musée national de Côte-d’Ivoire à Abidjan (par Bohumil Holas), Musée national du Niger à Niamey, etc. Parce que certains chercheurs, en séjournant périodiquement et longtemps dans certains territoires, se spécialisaient et étudiaient principalement telle ou telle ethnie du territoire ; il en a été ainsi, tout au début de l’aventure ethnologique, de Marcel Griaule sur les Dogons dans l’ancien Soudan français devenu Mali, de Dominique Zahan sur les Bambaras ; de Yves Person sur Samory Touré en Guinée, de Jean-Paul Lebuf et son épouse sur les Sao du Tchad, de Bohumil Holas sur les Baoulé et les Senoufo de Côte-d’Ivoire, etc. (9).
Ces musées ethnographiques, à l’origine, c’est-à-dire pendant la période coloniale, sont transformés dès l’indépendance en musées nationaux, les seuls du reste, dont disposent encore tous ces pays africains ; car à notre connaissance, aucun d’entre eux n’a créé, de 1960 à nos jours, de musée d’art ancien ou moderne. Cependant, quelques modifications ont été apportées aux locaux des musées anciens : à Dakar, un nouveau pavillon a été édifié grâce à la coopération avec la Corée du Sud, à côté de l’immeuble du Palais des Gouverneurs ; à Dakar également, exception rare, Senghor a créé un seul musée d’art moderne, le Musée Dynamique, dont l’évolution a été tumultueuse et l’existence brève ; à Bamako, l’Institut national des Arts a connu des améliorations, au bout desquelles il est devenu Maison des Arts ; à Abidjan, le musée créé par Bohumil Holas est demeuré tel quel ; il est vrai qu’implanté au cur du quartier Le Plateau d’Abidjan, il y occupe un vaste domaine ; nous n’avons pas connaissance de l’existence d’un musée à Conakry ; à Niamey, le musée originel a été agrandi et amélioré ; au Bénin, c’est Alexandre Adandé, chercheur béninois de l’IFAN-CAD depuis la période coloniale, qui crée, de retour dans son pays après sa retraite, un musée ethnographique à Porto-Novo ; à Lomé, le musée national est en voie de création (10).
Depuis les Indépendances africaines de 1960, presque tous ces musées ethnographiques nationaux ont été victimes de vols, dont le nombre et la régularité en font une catastrophe, une calamité pour les patrimoines culturels qu’ils abritent. Au point que, dès le début des années 1980, pour les différents milieux nationaux africains et internationaux comme au sein des organisations professionnelles internationales (Unesco, ICOM, ICROM, CI…), il s’agit d’un véritable pillage. Son ampleur et sa persistance ont été telles que l’Unesco et les organisations professionnelles ont été conduites à initier des actions et des mesures de sauvegarde (11). Aujourd’hui encore, les musées africains qui n’ont jamais été pillés, constituent l’exception qui confirme la règle.
Quelques exemples (12) : 1987, Musée national du Congo, vol de plusieurs reliquaires Kota ; 1987, National Museum de Jos (Nigeria), vol de plusieurs dizaines d’objets, dont des têtes en bronze et en terre cuite ; Musée national du Tchad, pillage de 25 % de ses collections durant la guerre civile ; Musée national de Antropologia de Luanda (Angola), vol de plusieurs statuettes Tshokwe pendant la guerre ; 1989 et 1991, Musée national d’Abidjan, plusieurs vols de statuettes ; 1993, National Museum Galery d’Ife (Nigeria), vol de dix têtes en terre cuite et deux autres en bronze ; 1997, Institut des Musées nationaux du Zaïre, pillage lors de la débâcle du régime de Mobutu ; 1997, le Conseil international des musées (ICOM) publie à Paris Cent objets disparus. Pillage en Afrique (Paris, ICOM, 1997, 143 pages), ouvrage grâce auquel quelques objets ont été retrouvés, mais dont la publication et la réédition traduisent l’émoi des professionnels des musées ; 1999, dans Un Nouvel or noir (p. 35), Philippe Baque écrit :
« En Afrique, l’IFAN [
] était laissé peu à peu à l’abandon par les autorités sénégalaises, peu soucieuses du patrimoine des différents États de l’Afrique de l’Ouest dont elles héritaient. En 1966, la tenue du « Festival des Arts nègres » ne modifia en rien le destin des objets des collections. Les réserves du musée constituées par plus de 20 000 uvres rescapées des vagues d’exportation vers la métropole française ne furent l’objet d’aucune politique de conservation et sombrèrent dans l’oubli, livrées à la moisissure et aux insectes. Toutefois, les plus belles pièces n’échappèrent pas aux antiquaires et aux collectionneurs européens. Résultat : en 1996, l’IFAN ne comptait plus que 8 000 objets » (souligné par nous).
Les autorités responsables du musée ont toujours nié ce pillage qui était, en revanche, dans les milieux internationaux des professionnels des musées, un secret de polichinelle ; au bas mot, 10 000 objets ont ainsi disparu ; 2001, Musée de l’IFAN à Dakar (Sénégal), vol ou disparition d’un objet d’art (13) ; 2005, la presse nationale et internationale (cf. Walfadjri, n° 3867 du vendredi 4 février 2005, p. 9 ; Radio France internationale) fait état d’un trafic d’antiquités faisant de l’Afrique un terrain de chasse des pilleurs d’uvres d’art ; selon cette presse, le pillage d’uvres d’art et de pièces archéologiques prospère toujours dans la quasi-totalité des pays d’Afrique ; pour preuve, les douanes françaises avaient effectué le 6 janvier 2005 une saisie exceptionnelle de 845 objets d’art provenant du Niger et à destination de la Belgique et couvrant quasiment toute l’histoire et la préhistoire de ce pays.
Ce pillage est en réalité très ancien et a probablement commencé dès que la direction et la gestion des musées africains sont revenues aux nationaux africains, dès la première décennie des Indépendances, entre 1960 et 1970. Dès cette époque en effet, différents musées sont vidés de leurs patrimoines artistiques par le fait de leurs agents et responsables nationaux ; il en a été ainsi au Cameroun, mais également au Zaïre de Mobutu Sesse Seko où, en 1970, à la suite du pillage de tous ses musées nationaux, Mobutu menaça de réclamer à la Belgique la restitution du patrimoine artistique du Zaïre conservé au Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren. À la suite de quoi, la Belgique initia une politique de « coopération scientifique », grâce à laquelle elle put reconstituer les collections des musées du Zaïre, en envoyant sur le terrain des missions de collecte (14). Au Musée d’Art africain de Dakar, le pillage aurait commencé dès le départ en 1984 du dernier conservateur français du musée, Jean Girard, et qui indiquait, dans une étude de 1966 : « Contribution du Musée d’Art au Festival » que le musée disposait en ce moment de 26 000 objets. En 2007, au cours d’une réunion à l’IFAN-CAD, l’actuel conservateur a déclaré que le patrimoine du musée est de l’ordre de 9 000 objets, un peu moins de 10 000 (15). Ainsi l’hécatombe est énorme, le préjudice incommensurable.
Paradoxe : ces vols répétés jours après jours, semaines après semaines, mois après mois pendant toutes ces années, sont perpétrés non par des intrus, des personnes extérieures aux musées, mais par les agents, toutes catégories confondues, de ces mêmes musées ; car à notre connaissance, aucun individu, aucun malfrat ou groupes de voleurs, n’ont été interpelés, conduits à la police, traduits en justice et condamnés dans aucun de ces pays africains. Second paradoxe : à notre connaissance, ces vols et pillages n’ont toujours pas provoqué de saisine de la justice par les autorités des musées, ni véritablement d’enquête policière. Les complicités sont évidentes et les responsabilités faciles à situer.
Si les responsabilités des personnels des musées d’Afrique dans ces pratiques frauduleuses sont engagées, celles des autorités le sont également, aux différents niveaux où elles se situent. L’irresponsabilité concerne les autorités qui, tenues informées de telles pratiques, ne réagissent pas et ne prennent pas de mesures énergiques pour les arrêter ; elle concerne les autorités qui, par des actes et décisions administratifs, nomment les agents, les gestionnaires et personnels divers, etc. ; elle concerne les autorités auxquelles l’État et la société ont confié des patrimoines culturels importants et qui assistent à leur dilapidation ; elle concerne, au sein des musées, aussi bien les autorités auxquelles sont confiées la direction et la gestion des musées que les différents personnels, dont la première fonction est d’assurer la sauvegarde des patrimoines mis à leur disposition par l’État et la société, etc.
C’est au bas de l’échelle que la responsabilité des divers personnels des musées est engagée ; car ce sont eux, c’est-à-dire les gardiens, les balayeurs, les guides, les techniciens, etc., qui sont ou peuvent être en contact direct et quotidien avec les objets. À ces différents niveaux, ils ne peuvent pas ignorer ce qui se produit dans le musée, ses salles et autres lieux, à moins qu’ils ne soient, les uns ou les autres, les auteurs des vols. Ils sont tous donc, quels que soient les niveaux où ils se situent, impliqués à titre principal ou en tant que complices, associés ou simplement informés. Car, à notre connaissance, aucun des nombreux vols commis par exemple dans le musée de l’IFAN-CAD, de 1984 à 2000, n’a fait l’objet de dénonciation (16). De 1984 à 1992, les vols et disparitions d’objets du musée d’art étaient connus de tous les professionnels, de même qu’étaient connus les marchands, antiquaires et receleurs installés à Dakar et qui achetaient les objets volés. Au plan international, dans les organisations professionnelles des musées et des marchands d’art comme dans les places fortes de vente d’antiquités (salle Drouot à Paris, Sotheby’s et Christies à Londres et New York), le pillage était connu et dénoncé. Le phénomène s’est étendu à beaucoup de pays africains. C’est sans doute ce qui a conduit l’Unesco et ses structures techniques à accentuer la lutte contre le pillage des patrimoines culturels africains en particulier et le trafic illicite.
Au niveau le plus élevé dans les musées, les autorités que sont conservateurs et directeurs n’ont également pas entrepris grand-chose pour dénoncer ou prévenir ou empêcher vols et pillages. Au contraire, ils s’en sont faits les complices par leur passivité ou leur silence ou leur peur. Ailleurs, certains ont été carrément impliqués (17). Au niveau le plus élevé encore, au plan administratif des autorités qui nomment conservateurs, directeurs et divers agents des musées, les responsabilités sont également engagées. Ainsi, à l’IFAN-CAD, les musées sont des dépendances, placées naguère sous la tutelle scientifique des départements correspondants : le musée d’art était rattaché au département d’anthropologie culturelle, tandis que le Musée historique était placé sous la tutelle du département d’histoire et le Musée de la mer sous celle du département de biologie marine, afin qu’ils travaillent et collaborent avec les chercheurs de ces départements. Les directeurs successifs de l’Institut ont toujours nommé et affecté les divers personnels ; leur inertie par rapport au phénomène du pillage paraît bien coupable (18). D’autre part, en faisant en sorte que toute tutelle scientifique soit enlevée aux musées, les rendant ainsi tout à fait autonomes (décret n° 92-1618 du 23 novembre 1992), tout contrôle de ces musées par les chercheurs n’était plus possible.
Il apparaît ainsi que vols et pillages peuvent également – et doivent – être référés à la gestion des musées depuis les nominations et affectations des agents et conservateurs jusqu’à la gestion quotidienne. Ainsi par exemple, au musée d’art de l’IFAN-CAD que nous connaissons le mieux (19), quand le dernier conservateur français, Jean Girard, est rentré en France en 1984, c’est son technicien qui l’a remplacé, en qualité de conservateur. Un ethnologue conservateur n’a pas la même connaissance, la même conception, la même approche de l’objet d’art et du musée que son technicien ni le même attachement ; les modes de gestion ne peuvent être que différents. Quand ce technicien-conservateur a été admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite en 1986, un chercheur-archéologue a été nommé à sa place jusqu’en 1992. Ici se pose la question de l’adéquation du profil par rapport au poste, dont semble faire fi le directeur-autorité-qui-nomme. De même, il ne semble pas que les candidats à la direction des musées soient préoccupés par cette adéquation ; ce qui paraît importer pour eux, ce sont les avantages attachés à la fonction (logement, indemnités, etc.). Quand ce directeur a été contraint de le démettre, suite au rapport de l’Inspecteur général d’État, il l’a fait remplacer par un chercheur-géographe – pour gérer un musée d’art -, remplacé à son tour en mars 1996 par sa collaboratrice-archéologue, remplacée à son tour par l’archéologue-conservateur de la période 1986-1992. La nomination de ce dernier nous avait conduit, à présenter au directeur de l’IFAN-CAD notre démission de notre fonction de contrôleur des musées en juillet 1996, au motif que notre éthique et nos conceptions ne nous permettaient pas de collaborer avec un conservateur sous la direction duquel le musée avait été pillé de 1986 à 1992, notre conviction étant que s’il n’y avait pas participé personnellement, il s’en était fait le complice. Enfin, quand ce conservateur-archéologue a également été admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite en 2004, il a été remplacé par un historien.
La compétence de ces différents chercheurs n’est pas en cause, mais la gestion d’un musée d’art (africain ancien) est différente de toute autre structure, de type administratif par exemple ; le musée est une structure technique qui requiert des connaissances et un savoir-faire plus spécialisés, une familiarisation avec les objets d’art et une expérience muséale avérée (par des stages et des séjours plus ou moins longs dans des musées). La gestion d’un musée d’art requiert des aptitudes techniques et scientifiques toutes particulières : conception et mise en uvre de programmes et de projets muséaux, conception et montage d’expositions, études des objets et travaux sur ces objets et collections, publications de ces études et travaux dans des organes spécialisés, etc. Or, pendant toutes ces années, dont le total dépasse un quart de siècle (1982-2007), il ne nous a pas été donné de voir, de lire une étude publiée par les conservateurs dans les organes de l’IFAN-CAD (Bulletins et Notes africaines confondus) ; ni entendu que l’un d’eux ait effectué un stage de muséologie. Une ou deux expositions tout au plus pour l’un ou l’autre. Depuis 2005, l’actuel conservateur n’aurait monté qu’une exposition sur la fécondité ; des projets seraient en cours.
Dans le budget 2006-2007 de l’IFAN-CAD, il apparaît que les recettes des musées se limitent aux recettes des entrées, aux recettes de location des salles d’expositions et aux recettes de location des studios. Aucune activité propre du musée (montage d’expositions, productions et vente de biens et services, etc.) n’est entreprise. Or depuis longtemps, le musée a cessé d’être, dans les milieux des professionnels, un simple lieu de conservation et de monstration d’objets et de location d’espaces. Il assume également d’autres fonctions génératrices de ressources financières substantielles lui permettant de s’autonomiser, à l’égard notamment des financements étatiques : fonction scientifique avec des études sur les objets, les collections, conception de projets et de programmes, publications et animation scientifique, etc. ; fonction pédagogique avec enseignements, cours, travaux dirigés, exercices, etc. ; fonction économique avec production de biens et de services, CD, DVD, films, gadgets divers, etc. ; fonction sociale avec animation et divertissement.
Une exception doit être faite des musées du Bénin, qui, d’abord, n’ont pas connu ce pillage, selon le témoignage d’un collègue béninois (cf. entretien du dimanche 11 février 2007 à Cotonou) ; ensuite, nous avons trouvé dans les musées de ce pays de véritables professionnels (20) : professeurs et historiens d’art, techniciens et guides formés à l’École africaine du Patrimoine de Porto-Novo ; là, lorsque les visiteurs arrivent, ils sont accueillis, pris en charge et guidés par ces agents pendant toute la durée de leur visite. Il semble ainsi qu’une des voies permettant d’enrayer le phénomène des vols et pillages soit la professionnalisation du domaine d’activités des musées. Car cette situation de paix et de quiétude qui prévaut au Bénin est sans doute due au haut degré de conscientisation et de conscience professionnelle des personnels des musées. Cette situation procède également du rôle éminemment positif que joue l’École africaine du Patrimoine de Porto-Novo. D’autres perspectives, dans ce sens, s’offrent au Sénégal, avec deux projets majeurs dont l’un, initié par le chef de l’État, de création d’un parc, comporte une École d’architecture, une École des arts réformée, un Théâtre national, un Musée d’art contemporain, un Musée des Civilisations nègres, etc. ; dont le second, déjà en phase d’exécution, d’un Centre multiculturel, initié par le Recteur de l’université Cheikh Anta Diop, verra son Institut des Arts et de la Culture accueillir ses premières promotions à la rentrée académique 2007-2008.
Cependant, il faudrait qu’au préalable ou au même moment disparaisse ou régresse un autre facteur de maintien et même de développement du phénomène ; c’est le commerce des antiquités africaines. Au regard de ce qui précède, il peut sembler que vols et pillages sont une affaire purement africaine, entre acteurs africains. Hors, il y a un autre acteur, qui peut prendre la figure du corrupteur, car c’est lui l’acquéreur des objets et uvres pillés ; c’est lui qui achète ; et s’il n’y avait pas d’acheteur, le marché n’aurait sans doute pas continué à prospérer. Sans doute l’offre crée la demande ; mais l’inverse se produit également. Dans le cas présent, c’est en fait la demande qui maintient l’offre. Cet acteur-là est l’acquéreur, marchand d’art ou amateur d’art occidental. Car les objets africains vendus prennent tous la direction de l’Occident (Europe et Amérique), comme du reste tous les autres types d’objets, archéologiques, paléontologiques, zoologiques, etc., objets de pillage, finissent par se retrouver en Occident, vendus dans les places fortes par les marchands d’antiquités africaines et autres antiquaires. Cette seconde bataille est autrement plus ardue. Car, près de quatre décennies d’actions, d’initiatives, de mesures, de conventions (Convention 70 de l’Unesco, Résolution 42/7 de l’ONU, etc.) et d’efforts des organisations professionnelles internationales (Comité international des musées, Comité intergouvernemental, etc.), le phénomène du pillage continue, le trafic illicite et le commerce prospèrent. Vols et pillages constituent sans nul doute des faits parmi les plus importants dans la vie des musées d’Afrique depuis les Indépendances – il n’est pas prouvé, en 2007, qu’ils aient disparu – ; ce qui fonde la place qui leur est accordée ici, car lorsque les salles et réserves seront complètement vidées, il n’y aura plus de musée. Cependant, il y a d’autres faits et facteurs, moins urgents peut-être, mais importants et qui méritent également attention et étude ; parmi eux : la formation et la professionnalisation, le financement et la création de ressources, la gestion scientifique et technique et la production de biens et de service, la diversification des fonctions du musée…
1. Les développements qui suivent concernent seulement les pays d’Afrique de l’Ouest, anciennement colonisés par la France. Car nous avouons ne pas savoir ce qui se passe, en matière muséologique, en Afrique de l’Est ou en Afrique australe, au Kenya ou en Tanzanie et en Afrique du Sud ou au Zimbabwe. Il est troublant de constater que les experts de l’Afrique parlent toujours d’elle comme si elle était une réalité monolithique.
2. Il faut d’emblée préciser que les développements qui suivent ne concernent pas toute l’Afrique mais seulement les pays d’Afrique de l’Ouest anciennement colonisés par la France. Car nous avouons ne pas savoir ce qui se passe, en matière muséologique, en Afrique de l’Est ou en Afrique australe, au Kenya ou en Tanzanie et en Afrique du Sud ou au Zimbabwe. Il est troublant que les experts de l’Afrique parlent toujours du continent comme s’il s’agissait d’une réalité monolithique.
3. Voir à ce sujet nos travaux :
Création et imitation dans l’Art africain traditionnel, Dakar, IFAN-CAD, 1988, 269 p.
Présence africaine et Art nègre. Paris, Présence africaine, 1997, pp. 291-325.
Ethnocide et commerce du nouvel or noir. Dakar, Ethiopiques n° 74, 2005, pp. 279-296.
4. Sur cette dimension de l’entreprise coloniale en Afrique, voir Dresh, Jean, Le Colonialisme économique en Afrique. Paris, Le Musée vivant (revue de l’Apam, n° spécial 36-37), 1948.
5. Sur toute cette question, voir
Sylla, Abdou, Création et Imitation dans l’Art africain traditionnel, op. cité.
Balandier, Georges, Afrique Ambiguë, Paris, Plon, 1957, Chap. 4 : Arts perdus, pp. 143-187.
6. Sur cette rencontre, ses causes, sa signification et ses conséquences, voir notre ouvrage : Création et Imitation dans l’Art africain, op. cit.é, (Introduction).
7. La rencontre n’a pas été exclusivement négative ; outre la science (ethnologie et ethno- esthétique), de nombreuses connaissances (cf. la connaissance de l’art nègre) ont été élaborées, des ouvrages et diverses publications réalisés, des musées ethnologiques riches créés, etc.
8. L’Institut est créé en 1936 (arrêté n° 1945 du 19 août 1936 du Gouverneur général de l’AOF). Théodore Monod en est d’abord le secrétaire-général, puis le premier directeur (numéro spécial consacré à Théodore Monod : Notes africaines n° 194, IFAN-Ch.Anta Diop, déc. 1997.
9. On connaît l’importance des travaux et études publiés par ces chercheurs sur les ethnies qu’ils avaient choisies (cf. publications de l’IFAN-CAD et de l’Institut d’Ethnologie de Paris, sur cette l’époque en particulier).
10. Nous avons visité ce musée le 8 février 2007 avec nos étudiants de l’École africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU) ; il ne comporte que deux petites salles ; Mme Aguiga, archéologue et maître-assistante à l’université de Lomé, nous a confié, au cours d’un entretien, qu’elle était en train de chercher des locaux appropriés à Lomé.
11. Voir nos études : « Retour et Restitution de biens culturels à leur pays d’origine », Dakar, Ethiopiques, n°s 74, 75 et 76 ; mais également La Convention de 1970 de l’UNESCO, la Résolution 42/7 de l’ONU, les études et actions de l’ICOM et du CI, etc.
12. Voir également : UNESCO-ICOM.-Cent objets disparus. Pillage en Afrique, Paris, ICOM, 1997, 143 pages.
13. Le Soleil (quotidien sénégalais) du jeudi 16 août 2001, p. 6 : « Vol ou disparition d’un objet d’art au Musée de l’IFAN ». Ce n’est pas sans raison que déjà en 1992, Interpol (Police internationale impliquée dans la lutte contre le trafic illicite) dépêchait des agents pour enquêter sur ce pillage et ce trafic à Dakar.
14. Cf. CAHEN, Louis.-« La collaboration entre le Musée royal de l’Afrique centrale et les musées nationaux du Zaïre : un chapitre de la « Politique scientifique » du Musée de Tervuren », Africa-Tervuren, XIX, 1973-4.
15. La quantité d’objets de ce musée a toujours fait l’objet de controverses, différents recensements ont été initiés ou effectués ; d’autre part, les autorités de l’IFAN-CAD ont toujours nié l’existence de telles pratiques frauduleuses.
16. Une exception qui concerne un agent de l’IFAN-CAD n’appartenant pas au musée : il nous aurait révélé avoir surpris des voleurs le 28 juin 1991 et avoir informé le conservateur du musée ainsi que le directeur de l’IFAN-CAD, sans que cela ait donné lieu à des poursuites.
En raison de la délicatesse du sujet, nous ne donnerons aucun nom. Mais à l’IFAN-CAD, tout le monde sait que tous les agents du musée d’art de cette époque ont participé à son pillage, à commencer par ses principaux responsables.
Autre exemple d’irresponsabilité : un agent du musée nous a révélé, au cours d’un entretien le 15 mai 1991, que plus de 300 objets en traitement inachevé depuis 1989 étaient désormais détériorés et irrécupérables.
17. On cite le cas de ce conservateur, ami d’un diplomate d’un pays occidental, à qui il vendait les objets qu’il subtilisait dans le musée dont il avait la charge.
18. Au plus fort de ce pillage (1988-1992), nous avons écrit au directeur de l’IFAN-CAD, en notre qualité de chercheur concerné par le musée d’art dans lequel nous dispensions des enseignements d’esthétique et d’histoire de l’art, pour porter à sa connaissance ces vols et lui proposer des mesures préventives (cf. lettre du 9 février 1991) ; il n’a ni réagi ni répondu à notre lettre ; c’est pourquoi nous adressions, le 25 mars 1991, une autre lettre au Recteur de l’université de Dakar et qui, lui aussi, ne réagit pas. Devant le mutisme des autorités académiques, nous envoyions le 16 mai 1991 une autre correspondance au Président de la République qui, cette fois, réagit en envoyant un inspecteur général d’État à l’IFAN-CAD effectuer une enquête. Au cours de l’entretien que nous eûmes avec celui-ci, le 13 janvier 1992, il nous révéla avoir été envoyé par le Président de la République à la suite de notre correspondance. Après son enquête et son rapport, la seule mesure prise par le Directeur de l’IFAN-CAD, par note de service n° 485/IFAN-CH.A.DIOP/DIR/SAF du 21 juin 1993, fut de nommer un nouveau conservateur à la place du précédent.
19. Ce qui est vrai de ce musée l’est également, à quelques exceptions près, des musées de cette région ouest-africaine en question.
20. Cf. Musée de la Fondation Zinsou à Cotonou, Musée ethnographique Alexandre Adandé de Porto-Novo, Musée Hônmé ou Musée du Palais de Porto-Novo, Village historique de Ouidah et Temple des Pythons de Ouidah, visités les samedi 10 et dimanche 11 février 2007 lors de notre séjour dans ce pays.Balandier, Georges. Afrique ambiguë, Paris, Plon, 1957.
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Abdou Sylla est chercheur à l’Institut fondamental d’Afrique noire Cheikh Anta Diop, Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il n’est pas praticien et professionnel de musée, mais il a effectué, pendant deux ans (1988-1990) un stage de muséologie au Musée royal de l’Afrique Centrale (MRAC) de Belgique à Tervuren, dans la section d’ethnologie. Puis dans le cadre des enseignements d’esthétique, d’histoire de l’art et de critique d’art à la Faculté des Lettres de Dakar et à l’École nationale des Arts du Sénégal, il a effectué des exercices et des travaux dirigés avec les étudiants dans le musée d’art de l’IFAN-CAD. Enfin, en sa qualité de chercheur à l’IFAN, il a suivi l’évolution des musées de l’Institut, notamment le musée d’Art africain. Abdou Sylla s’est inquiété dès 1988 du phénomène du pillage des musées d’Afrique. Cela le conduit à entreprendre aussitôt des recherches (cf. ses études dans les nos 74, 75 et 76 de la revue Éthiopiques). En 1996, Abdou Sylla a été nommé contrôleur des musées de l’IFAN-CAD : musée d’art, musée historique et musée de la mer.///Article N° : 6747