L’histoire de la bande dessinée au Cameroun (1/3)

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La situation du livre n’est guère brillante au Cameroun. Dans ce pays, qui fut pourtant un pionnier en la matière avec l’éditeur CLE, les maisons d’édition rencontrent de nombreux problèmes : manque de financement et d’infrastructures propres à chacune, absence de structure de diffusion et de professionnalisation de certains d’entre eux. Tout cela est accentué par le coût élevé des ouvrages pour le revenu moyen des citoyens du pays, le manque de librairies qui explique que les ventes souvent relèvent plus du porte à porte que d’un réseau de distributeurs, le principal étant Messapresse. C’est dans ce contexte que la bande dessinée essaie de trouver ses marques et de se développer. Inconnue de la plupart des 14 millions de Camerounais, elle a pourtant près de 40 années d’existence !
Lire les deux autres parties de cet article :[article 2/3] et [article 3/3]

Des débuts modestes
L’histoire du 9e art camerounais commence avec les aventures de Sam Monfong, l’intrépide policier, apparu dans les années soixante-dix sous la forme d’un strip de quelques cases dans La Gazette, sous le pinceau de l’autodidacte Thomas Durand Kiti. S’il s’agit du premier héros BD de l’histoire camerounaise, Kiti avait auparavant publié la première BD du pays dans le même journal : Ambika et le fantôme errant, au cours de l’année 74. La Gazette créée par le journaliste béninois Abodel Karimou, ancien rédacteur en chef de La Presse du Cameroun, est considérée comme l’ancêtre de la presse écrite privée camerounaise. Pius Njawe (1) y fera ses premiers pas. Kiti y propose également des caricatures. Par la suite, il travaillera comme journaliste au Cameroon Tribune, seul quotidien autorisé dans le pays à partir de la date de sa création, le 1er juillet 1974 et organe quasi-officiel du gouvernement de l’époque (2). Il a également proposé des caricatures dans Goal (en 1975). Plus de 30 journaux et organes reprendront les dessins de presse de Kiti. Celui-ci fera aussi des bandes dessinées publicitaires entre 1976 et 1982 et fera paraître 6 numéros de la revue Sam Monfong magazine, revue africaine de bande dessinée entre 1981 et 1985 (cinq publications) puis en 1992 (une seule), avant de faire un hors-série de commande en 1999 pour la société Camlait. Précurseur, Kiti avait également créé le Cabda (centre africain de la bande dessinée et du dessin animé) qui sans soutien, disparaîtra par la suite. De nos jours, Thomas Kiti est professeur d’arts plastiques et histoire de l’art à l’Institut des Beaux-arts de Nkongsomba, dans l’ouest du pays. Il continue à travailler et à monter des projets. L’un d’entre eux consiste en un manuel de dessin, en gestation depuis plusieurs années. Mais Kiti n’était pas le seul dessinateur à œuvrer à cette époque-là. Le Cameroon Tribune a également accueilli d’autres dessinateurs de presse qui deviendront connus dans le grand public. Tita’a fut le premier d’entre eux. Avec ces dessins noirs très simples, il œuvrera durant trois ans (1974 – 1977) avant de laisser la place à Lémana Louis Marie au style plus accompli, qui animera durant une dizaine d’années (de 1977 à 1986) la page Les Petits Desseins du sourire, puis Janvier Mana pendant deux ans (3). En 1988, débarque Jean Florent Goawé (Go’away), transfuge du club des arts de l’université de Yaoundé, qui développera un trait très affiné et espiègle dans une rubrique intitulée Le Sourire du jour. (4)
Ces dessinateurs poseront les premiers jalons du dessin de presse et de la bande dessinée (qu’ils tentent de temps à autre en publiant des planches) dans le pays, avant la libéralisation de la presse au début des années quatre-vingt-dix. Dans leurs rubriques, Lémana et Go’away, qui furent formés par les Canadiens, « se sont généralement attachés à déchiffrer la société, ou à démonter les véritables ressorts d’un fait divers. Souvent avec l’humilité d’un chercheur en sciences humaines. Toujours avec les exigences d’un observateur de terrain ». (5) Lémana Louis Marie mourra en 1997, à 49 ans, après avoir travaillé pour une compagnie d’assurance et réalisé plusieurs campagnes de publicité pour la sécurité routière ou les brasseries du Cameroun.
Les années suivantes furent peu prolixes en matière de 9e art, hormis quelques publications éparses comme On l’appelle Doc de Martin Poulibé, L’Homme bien de là-bas de Dave K. Moktoi et de Oncle Mékinda de Antébé.
Le canal salutaire de la presse locale
L’essentiel de la production BD se passe dans les journaux. En effet, au tout début des années quatre-vingt-dix, le Cameroun connaît une vague de libéralisation de la presse, à défaut d’une alternance politique. Le contexte politique de l’époque est marqué par une relative décompression du régime autoritaire en place, suite à un mouvement de protestation sociale tout au long de l’année 1991. Cette protestation, organisée autour de la revendication d’une conférence nationale, culmine avec les opérations « ville morte » dans tout le pays puis s’émousse progressivement à partir de 1992.
En 1991, Le Messager accueille dans ses pages les caricatures et planches de Popoli (Paul-Louis Nyemb – né en 1968), premier caricaturiste camerounais à mettre en image le président Paul Biya, deuxième président du pays depuis l’indépendance (il avait démarré sa carrière dans le journal Le Combattant). Peu à peu, la demi-page de BD qu’il anime, Cinéma Popoli, acquiert une grande renommée dans la population.
Malgré deux échecs précédents avec la création du Moustique déchaîné et de La Chauve-Souris, Alain Christian Eyoum Ngangué (rédacteur en chef actuel de Planète jeunes (6) – né en 1967) et Popoli décident de lancer en 1993 un journal satirique, Le Messager Popoli, avec le soutien du Messager. « En s’alliant au scénariste Céna, un ancien de Galaxie, ils ont mis en place ce journal bigarré où satire rime avec caricature, où bande dessinée s’accorde avec histoires de quartier ». (7)
C’est l’apparition du premier journal satirique camerounais, où la majorité des pages est composée de strips ou de bandes dessinées. Figure de proue médiatique du mouvement de fronde, Le Messager Popoli devient très populaire dans l’opinion publique. Son tirage atteint une dizaine de milliers d’exemplaires. Avec sa devise « Rira bien qui lira le premier », Le Messager Popoli va permettre à plusieurs dessinateurs et scénaristes de commencer leur carrière : Achille Nzoda, El Pacho (dernier rédacteur en chef du journal lors du schisme en 2003), Rémy Sewado, Dovan Bognis (actuel rédacteur en chef du Popoli), Salomon Kond, Chrisany (Francis Taptue – né en 1978 à Bandjoun), Tex Kana…
En parallèle, toute l’équipe est sollicitée pour des travaux divers dont quelques BD de sensibilisation et des campagnes de publicité. À partir de 1993, le refus du gouvernement d’accéder aux demandes de l’opposition s’accompagne d’une intense campagne de répression. Le Messager Popoli doit faire face à une censure implacable, des saisies régulières d’exemplaires et des menaces en tous genres. Eyoum Nganguè fera même deux mois de prison pour « outrage par injure fait au président de la République ainsi qu’aux membres de l’Assemblée Nationale«  et « propagation de fausses nouvelles«  pour avoir critiqué un projet de constitution (8). À sa sortie de prison, il s’exilera en France en décembre 1997.
D’abord hebdomadaire, avec une seule parution le vendredi, Le Messager Popoli devient bihebdomadaire à la fin des années quatre-vingt-dix. Appelé « le journal de Popaul » (9), le journal utilise énormément le « camfranglais » (mélange de langues camerounaises, d’anglais et de français parlé dans les villes du Cameroun) et traite de l’actualité en bandes dessinées. Nyemb Popoli tenait une rubrique narrative à la première personne du singulier (Kaba ngondo) où il se raconte en bulles et dessins avec beaucoup d’autodérision.
En 2003, l’équipe du Popoli s’est séparée du groupe Le Messager pour créer son propre journal : Le Popoli, devenu trihebdomadaire et édité par les éditions Chauve-Souris. Si les ventes sont moins importantes qu’à ses débuts, Le Popoli n’en reste pas moins le seul titre survivant parmi la presse satirique du début des années quatre-vingt-dix. Aujourd’hui, le journal a pris un ton plus rédactionnel, les planches sont moins importantes. Le ton est également moins politique et plus social. Les sujets sont plus orientés vers des faits divers de société.
Le dessinateur principal en est Leekeng, avec Nyemb Popoli, bien sûr, le directeur de publication.
La réussite de l’équipe du Popoli a lancé un mouvement. Dès 1992, de plus en plus de journaux recrutent des caricaturistes ou des dessinateurs de presse et des planches de BD apparaissent. Le journal Challenge Hebdo fait paraître la série Tobias qui deviendra célèbre grâce au talent de J.P. Kengne (ancien du journal Le Combattant comme Nyemb Popoli). Tobias est une sorte de Camerounais modèle, anonyme, qui essaie de se débrouiller comme il le peut pour survivre. Ce prototype de l’homme commun est confronté à la dureté des temps, la brutalité de la police, la quête des subsistances, la crainte de manquer de tout, la hantise de la disette. Avec son sens de la débrouillardise qui le caractérise, il est un modèle dans lequel se reconnaissent beaucoup de lecteurs camerounais, le pendant local du Sénégalais Goorgoorlou en quelque sorte. Par la suite, avec le groupe de presse La Nouvelle Expression de Sèverin Tchounkeu, J.-P. Kenne créera à Douala avec Tex Kana le journal L’Expression de Mamy Wata inspiré par Le Popoli. (10) S’il aura moins de succès que ce dernier, Mamy Wata accueillera bien des talents dans ses pages : Almo the best, Gaby, Abou… Mais vingt ans après, il ne reste pas grand-chose de tous ces titres satiriques.
La traversée du désert
En parallèle à l’explosion de la presse, quelques initiatives individuelles émergent. Mbassa Nyam (Samuel Mbappe Leppe), ancien maquettiste de La Gazette, ancien responsable technique du Messager (1982-1984) sort en 1985 une BD sur le football : Les Lions indomptables et les Caprices du football, un an après le premier titre continental de l’équipe nationale. Il rééditera l’expérience en 1990 avec La Fabuleuse Histoire du football camerounais, tome I (chez CEPER, il ne sera pas suivi d’un tome II), album qu’il rééditera en 2010. Parcours courageux cependant pour cet artiste peintre et illustrateur qui a publié ces deux ouvrages à compte d’auteur en prenant des risques financiers conséquents.
En 1990, verra également la sortie de premier numéro d’une série sur Les Contes du Cameroun : l’orphelin et le chimpanzé de Soundjock & C.B. Bikoi.
Du côté de la BD didactique, L’association pour la promotion des initiatives communautaires africaines (Apica) publie deux albums adressés aux agriculteurs. Il s’agit de Comment faire le compostage et Vivre du palmier à huile, sur un scénario de B. Njonga et des dessins de Voundi Nkoungou.
En matière de BD confessionnelle, le Cameroun a bizarrement peu produit d’albums. Tout juste, peut-on signaler la sortie en 1991 aux éditions Ama (Atelier de matériel audiovisuel) de Baba Simon, missionnaire camerounais dans la collection Missionnaires du Cameroun. Sur un scénario de la sœur Claire Asselin et des dessins de F. Ntere, l’album raconte l’histoire de l’Abbé Simon, connu sous le nom de Baba Simon, prêtre camerounais parti évangéliser le nord du Cameroun, territoire occupé par les Kirdis.
Mais ces quelques productions restent isolées dans un contexte peu favorable : c’est la crise économique et les livres, de façon générale, se vendent peu.
La fin des années quatre-vingt-dix, comme un nouveau départ
La bande dessinée commence à repartir au milieu des années quatre-vingt-dix avec la création de l’association Coup d’crayon. Celle-ci est née suite à une réunion avec des représentants de la coopération française en octobre 1995 (11), qui a constaté l’absence de structuration du milieu des artistes. Mais les auteurs de BD et dessinateurs de presse ne seront qu’une composante de cette association qui n’aura pas une grande activité dans le domaine du 9e art.
L’objectif de l’association était de « créer un cadre de rencontre et d’échanges non seulement entre les caricaturistes du pays, mais aussi ceux d’Afrique ou d’ailleurs… Plusieurs « conventions » ont été organisées, regroupant essentiellement les grandsnoms de la caricature que compte le pays (Popoli, Retin, Jaimes, Abou, El Pacho, Almo, Achille Nzoda…) avec des invités ou des conférenciers de renommée internationale à l’instar de Paul Russel des USA, président de l’Association Internationale des dessinateurs de presse, de Joël Petit, grand prix Pulitzer ou de MRS Eddings, secrétaire générale du Freedom forum basé en Afrique du sud. Au cours de ces « conventions », les caricaturistes sont régulièrement édifiés sur leurs droits et obligations, sur l’importance de leur rôle tant au sein des rédactions que dans la société tout entière. » (12)
En 1999, se crée l’ONG Irondel qui reprend à son compte l’essentiel des motivations de Coup d’crayon. Irondel lance en 1999 la première édition du festival de caricatures, le Fescary. Irondel (13) perdure encore de nos jours, avec comme directrice Léontine Babeni et comme secrétaire permanent, Edmond VII Balla Elanga. Le Fescary est également toujours organisé.
En 1997, Simon Pierre Mbumbo et Marius Desfoussots créent une association, MacBD (Mouvement des auteurs camerounais de bande dessinée). Un autre créateur de l’association est également Armand Guy Bockally (14) (né le 22 septembre 1977) qui verra ses planches exposées au Festival de la bande dessinée d’Angoulême en 1998 et sera répertorié dans le catalogue des illustrateurs d’Afrique, Amabukhu (2000). Mbumbo lance la revue pour les jeunes, New kids, dans laquelle il est fait la part belle à la BD en y proposant 12 pages. New kids ne dépassera pas les deux numéros. En novembre 1998, il réédite l’expérience en lançant, avec l’appui du centre culturel français de Douala, un nouveau journal, Mac BD. Celui-ci accueillera les travaux de Simon Pierre Mbumbo (dessins et scénario de deux histoires), Achille Nzoda (dessins d’une histoire) et Rémi Sewado (né en 1978) – quelques strips et scénario d’une histoire -, Christophe Ngassu et Marius Desfoussots (Marius Deffo Soh – né en 1975), également ancien dessinateur au Messager Popoli, comme responsable de la communication. Auparavant, en mars de la même année, certains artistes avaient bénéficié d’un stage d’Emmanuel Lepage au centre culturel français de Douala suivi d’une exposition de leurs œuvres à l’Espace Doual’art (15). Au bout de trois numéros, cette revue s’arrêtera avec le départ en France de son directeur de publication, Simon Mbumbo, suite à une rencontre de celui-ci avec Yves Poinot – président de l’association organisatrice du festival de BD d’Angoulême – au festival de la BD africaine de Libreville (Gabon).
En 1997, toujours, les éditions Akoma Mba, spécialisé dans l’édition pour la jeunesse, édite une bande dessinée, Kanse, avec le soutien de la coopération belge de Yaoundé et suite à un stage organisé par AILE Cameroun (16. Les auteurs en étaient Christian Ova’a et Mephisto (Edmond VII Mballa Elanga, directeur actuel des éditions Tropiques, qui seront créées par la suite) et Joel Eboueme Bognomo.
En 2000, le centre culturel Français de Douala soutiendra à nouveau une production dans le domaine du 9e art avec un album de 46 pages Tâ Sâ le futur notable du jeune Chrisany, juste avant que celui-ci ne parte en France (17).
Il faudra attendre 2003 pour que Akoma Mba refasse une nouvelle incursion dans le domaine du 9e art.
C’est en effet cette année-là que démarre la publication du magazine de BD, Essingan, publié par Akoma Mba et où s’illustreront les talents d’aujourd’hui : Christian Bengono avec la série Zeyang, Nouther (Hervé Noutchaya – président de l’association des dessinateurs de Yaoundé) avec La Mygale et J.B. Onana (Lov’city) pour le premier numéro, Les mêmes plus Adam’s Kelly et Edji dans les deuxième et troisième numéros. Les éditions Tropiques coéditeront le dernier numéro qui aura Edmond VII Mballa Elanga comme directeur de publication.
Mais là aussi après quatre numéros, ce titre s’arrêtera en 2005.
En 2003, aurait dû paraître chez Akoma Mba, le collectif Shégué, album de 54 pages comprenant 9 auteurs dont plusieurs étaient camerounais (Nouther, Jaimes (18), Bengono, Almo, Simon Mbumbo, les scénaristes Ngalle Edimo) mais aussi d’autres nationalités (République Centrafricaine avec Didier Kassaï, Congo-Brazzaville avec Bring de Bang, Gabon avec Pahe, Tchad avec Adji Moussa, RDC avec Picha Massamba). Ce collectif était issu de travaux d’atelier tenu à l’occasion du Fescary 2002 et devait être vendu à 2 500 FCFA (4 euros) l’unité. Malheureusement, malgré le soutien de l’éditeur Pierre Naquet qui avait avancé les frais (3 000 euros) pour les frais d’impression et de l’ONG belge Africalia, ainsi que de Proculture pour l’édition, l’album ne sortira jamais, faute d’entente entre l’éditeur et les auteurs au sujet des droits d’auteur. Une belle occasion ratée pour la BD camerounaise.
En mai 2005, à l’occasion de la première édition du mois de la BD organisé par le CCF de Douala (avec comme invité principal le Belge Éric Warnauts), naît l’association Trait noir, regroupant une vingtaine de jeunes auteurs très talentueux dont Ledroid Kangol (19) (Olivier Kassi Ngoubeyou), Piazo Detcheuk (20) (Stéphane Tcheukam Tchamou – né en 1981 à Edéa), Bibibenzo (Jacques Biba), Kingval Miller (Valéry Kingue Miller), Guy Landry alors lycéen et Almo the best (21) (Guy Moukolo). Le mois de la BD permettra de montrer une exposition sur la BD africaine (Cases africaines) ainsi que les travaux des jeunes dessinateurs camerounais.
Dans la foulée, un album collectif intitulé Trait noir est édité avec le soutien du centre culturel français de Douala par les éditions… Trait noir. Treize jeunes auteurs y dessinent des planches. Parmi les nouveaux, on peut citer une femme Elyon’s (Joëlle Ebongué) et des jeunes comme Alban Junior ou Logan (Jean Valéry Tchiegue) ou des nouveaux venus comme Youna (Narcisse Youmbi – né en 1981) déjà actif au sein du journal satirique de l’université de Douala, Caricaturas et qui y édite pour la première fois un extrait de Pyramides de l’Ouest qui sortira par la suite en album en 2008. Douala devient le centre névralgique de la BD camerounaise.
L’année suivante est à marquer d’une pierre blanche. Une partie de l’équipe de Trait noir participe à un encart spécial de 24 pages sur la BD camerounaise (intitulé Zamzam hebdo) dans le numéro 3565 du journal français Spirou du 9 août. Almo (Zamzam entre autres), Elyon’s (22) (Djengu, avec des couleurs de Guy Raives), Kingval (La mort de Yevi, colorié par Raives), Olivier Kangol (Ze ngrimba), Bibibenzo (À l’école des ballons d’or), Piazo Detcheuk (Zambé… Une première pour Spirou qui n’avait jusque-là accueilli que des talents individuels du continent (Mongo Sisé en 1978).
En décembre 2006, a lieu à nouveau le mois de la bande dessinée, avec Jean Marie Compte, directeur du centre national de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême, le dessinateur congolais Barly Baruti et des dessinateurs et caricaturistes camerounais.
Le même mois, Almo lance Fluide thermal, « le journal de bande dessinée, d’humour et de sagesse africaine » avec quelques membres de l’association. Mais là aussi, la revue ne tiendra que quatre numéros, édités entre décembre 2006 et mars 2007. On pourra cependant y revoir les travaux de Almo, avec son petit personnage Zamzam le tiers mondiste, une série de Kingval Miller (Koma, les voleurs d’âmes) ainsi que quelques planches de Alban Junior, Gam, Carlos…
En 2006 toujours, d’autres dessinateurs de l’association lancent un autre magazine qui ne connaîtra qu’un seul numéro : K-mer comiX. Youna y publie une version plus aboutie de Pyramides de l’ouest ainsi que quelques planches de son héros Kolo le flic, déjà présent dans Trait noir. Elyon’s, Bibi Benzo et Piazo Detcheuk (qui propose une autre histoire de sa série Zambé) y publient également chacun une série qui n’aura pas de suite.
Dans le même temps, le caricaturiste Jaimes sort Autrement vu, un recueil de ses dessins de presses issus du journal Mutation.
Malheureusement, l’association Trait noir éclatera en 2007, suite à des tensions internes entre les membres et des divergences professionnelles. Chacun repartira de son côté, dans un premier temps du moins.
Cette même année, le centre culturel français de Douala publie un recueil de 400 pages (!) en noir et blanc, Almo, du crayon plein la gomme, regroupant un maximum de planches et de dessins de Almo the best, paru dans les journaux Mamy Wata, 100 % jeunes, Spirou, Trait noir, Shegué, etc. Initiative très rare sur le continent, Almo, du crayon… est toujours diffusé de nos jours au sein des locaux du CCF.

1. Décédé en 2010 d’un accident de la route aux Etats-Unis, Pius Njawe est le fondateur du journal Le Messager, qui fut, dès 1982, le premier organe de presse à s’opposer au pouvoir autocrate du président. Ce journal fut créé à Douala, capitale économique l’un des bastions de l’opposition. Njawe compta jusqu’en 2003 Le Messager Popoli, plus vieux journal satirique du continent, dans le groupe de presse qu’il fonda par la suite.
2. La Gazette avait cessé de paraître le 29 juin 1974, deux jours avant le lancement du Cameroon Tribune.
3. Pour une histoire de la caricature au Cameroun, cf. Augustin Ndjoa, « Au Cameroun, une forte présence malgré des difficultés », Africultures n° 79, 2009.
4. Le travail de Go’away et Lémana Louis Marie a été regroupé dans un recueil, Les Petits Desseins du sourire en 1999.
5. Extrait de la préface de Abui Mama, ancien rédacteur en chef du Cameroon Tribune dans Les Petits Desseins du sourire, Irondel, 1999.
6. Eyoum Nganguè est également le scénariste de Une éternité à Tanger (dessins de Titi Faustin), Africa comics, 2006.
7. Extrait de : Eyoum Nganguè, « Presse satirique : la voix de l’avenir ? », Les cahiers du journalisme n° 9, automne 2001.
8. Pius Njawe sera condamné en même temps que lui.
9. En référence au prénom du président de la république, souvent cité – et moqué – dans les pages du journal avec des surnoms comme « Poupoul-mouillé ».
10. Pour une étude des caricatures de ces deux journaux satiriques, voir Achille Mbembe, « La’chose’ et ses doubles dans la caricature camerounaise », Cahiers d’études africaines, numéro 141-142, volume 36, 1996.
11. Une brochure de Nyembo Popoli et Salomon Kond résument cette rencontre : Allo… La coopération française écoute l’artiste.
12. Augustin Ndjoa, « La Caricature à l’honneur », Africultures, n° 60, juillet-septembre 2004. Augustin Ndjoa est plus connu sous le nom de plume de Retin.
13. [http://www.irondel.org/lequipe/]
14. Bockally deviendra rappeur par la suite sous le nom de Guy D’x, en solo ou avec son groupe, S-Team.
15. Il s’agissait de Edgar Mauris, Remy Sewado, Jacques Logmo, Robiana, Simon Mbumbo…
16. Akoma Mba est issu de l’association Aile Cameroun, créée à l’initiative de l’illustratrice belge Marie Wabbes dans une dizaine de pays d’Afrique. Elle a été créée pour pallier à l’absence de livres de qualité à destination des enfants. Une vingtaine de titres pour enfants a été publié en une dizaine d’années.
17. Voir son site : [http://www.chrisany.com/accueil.html]
18. De son vrai nom Jean Aimé Essama, Jaimes était caricaturiste au journal Mutations. Il a remporté le grand prix de la caricature lors du Fescary 2002.
19. [http://kangol-ledroid.skyrock.com/]
20. Son blog est sur [http://maitrepiazo.skyrock.com/]
21. [http://almoactu.canalblog.com/]
22. [http://elyon-s.over-blog.com/]
<small »>À suivre…///Article N° : 10556

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