» Visionnaire mais pas rêveur. Penseur mais pas extravagant. » Le poète n’est pas fou mais plutôt trop sage, c’est pourquoi nous ne comprenons pas ce qu’il dit » disait un de mes amis qui est parti s’installer dans les champs des limbes en abandonnant cette terre. Est-ce que les hommes ne comprennent pas la littérature ou ne savent-ils pas l’importance des poètes et écrivains ? » se demande Ranöe, un des poètes malgachophones les plus populaires, dans un pays où la poésie est le premier des genres littéraires .
» Ry vahoaka Malagasy ! isika tsy hanaiky
» Ny vody indray no lohany «
Rado, Midi Madagascar 21/12/01.
Traduction libre :
» Peuple Malagasy ! Nous n’accepterons plus !
Si on change du tout au tout la vraie réalité
OU CE QUE L’ON SAIT VAINCU DEPUIS LE DEBUT
qu’on va trahir maintenant en : » queue à la place de tête «
» Mirosoa ka sahie
Fa ny tolona mitohy
Isika tsy ho ketraka «
Traduction libre :
» Avancez et osez
Car la lutte continue
Nous ne faiblirons point. «
Mamy Olivier
Midi Madagascar 22/02/02
La littérature est le Verbe, mais pas n’importe lequel. Le Verbe est une puissance, il est sacré. Pour ceux qui croient en Dieu, le Verbe vient de Dieu, donc il est source de vie, origine de l’existence. Mais il est aussi source de destruction et origine de la mort. Le Verbe (la Parole) a été utilisé pour pousser les Malagasy à élire leur Président de la République. Le Verbe a été employé pour amener les gens à choisir ce qui est habituel. C’est la parole qui a persuadé les Malagasy à accepter que l’important pour leur nation est le changement.
Et voilà que le Verbe fut en contradiction au sein de la Nation. Certains ont été convaincus de construire une nouvelle vie pour l’avenir. D’autres furent persuadés de détruire les réalisations du passé. Les orateurs ont dompté la langue pour défendre les idées ou les hommes dont ils sont partisans ; d’où l’on constate que la parole conçue par le cur et l’esprit et sortie par la bouche exprime en même temps la construction pour l’une des parties mais aussi la destruction pour l’autre.
Pour les convaincus de la construction, ils ont exprimé leurs idées durant de longs mois, en défilant sous le soleil ou sous la pluie sur la Place du 13 Mai pour reclamer Justice et Sainteté. Quant aux convaincus de la destruction, ils ont érigé des barrages sous différentes formes pour coincer les affaires de l’Etat. Ils ont fait exploser des ponts et avaient eu l’intention de faire explorer l’unité nationale.
Les débats politiques ont engendré la Crise
les problèmes ont inondé la vie d’un grand nombre des Malagasy.
Il est clair donc que la littérature est un Levier. Mais il est clair aussi qu’il n’est pas à tout le monde de posséder le Verbe-Levier, ou Parole Forte. Il existe des règles qui les régissent, consciemment ou inconsciemment. Ceux qui utilisent le Verbe-Levier doivent fournir des efforts intellectuels. Il faut avoir du talent et seuls ceux qui sont bénis ayant reçus le don, seront acceptés, obéis car possédant un sacré pouvoir d’engendrer la terreur.
C’est par la Parole que l’on a poussé ceux qui sont dans la misère à sortir de la crise qu’ils subissent. C’est par la Parole que l’on a terrorisé de nombreuses régions, que l’on a donné l’ordre de faire durer et perdurer la Crise.
Ceux qui font la littérature sont des Etres bénis. Des Etres bénis qui ont le pouvoir, la puissance et un don spécial. Ils sont des Leviers qui poussent le peuple à se révolter et à réclamer justice.
Quand je suis venu assister à la réunion du peuple sur la place du 13 Mai, ce sont » des cris de joie, des cris d’ovation, cris de victoire, cris de sagesse » que l’on a vécu ensemble, avec ces gens révoltés, réclamant le déballement et décidés à faire éclater
à trouver la vérité
que l’on n’a même pas écouté
Ainsi la littérature est devenue Levier.
L’objectif visé : changement du Président de la République. Est si les chanteurs ont fait de leur mieux dans l’animation, les poètes, eux non plus, n’étaient pas en reste. Les uns ont sorti leurs leviers sans discontinuer dans la presse écrite.
D’autres sont montés sur scène pour faire vivre et animer directement. Le doyen des poètes, Rado, figure en tête de ligne, refusant le deuxième tour de l’élection présidentielle, ce qui a rendu célèbre le poème ironique » Deuxième tour moi deuxième tour » (traduction libre).
Rado venait de célébrer son 80ème anniversaire et c’est ce Rado qui a offert ce Levier pour le Peuple. Lui ont emboîté le pas sur scène, les jeunes talents issus du » Faribolana Sandratra « . Presque chaque jour, ils sont là à haranguer la foule sur la Place du 13 Mai.
Les poètes mûrs tel J. Nalisoa RAVALITERA, ainsi que ceux qui ne veulent pas monter sur les planches, ont stimulé le peuple à réfléchir profondément sur l’identité Malagasy pour résoudre la Crise. C’est dans le quotidien Madagascar Tribune du 12/01/02 que J. Nalisoa RAVALITERA a dit : » Izay tsy azon’ny hery, alain’ny fanahy » (trd. Libre : » ce que l’on ne peut avoir par la force, il faut le prendre par l’esprit « ). Il a renforcé encore en disant : » Ny fiainan’ny gasy manandra-panahy » (trad. Libre : » la vie des Malagasy prône l’esprit, l’âme « ). Et il a dit : » Ho an’ny gasy dia ny fanahy no olona » ( » Pour les Malagasy c’est l’âme qui fait l’homme « ) ; » Tsy ekena ny mpitondra izay ratsy fanahy » ( » un dirigeant ayant mauvais esprit est inacceptable « ). Il a montré que la bonté d’âme est le levier de la discussion sincère. » Tsy zaza isika raha fanahy maro no babo manantona resim panahy
» ( » ne soyons pas ébahis si de nombreuses âmes séduites s’unissent spirituellement convaincues « ). Nous constatons ainsi que la littérature est Levier, Levier pour la Crise et Levier pour la vie actuelle.
///Article N° : 2969