Le livre est né d’une image : « un petit garçon assis aux pieds de sa grand-mère sur la galerie ensoleillée d’une petite ville de province ». C’est l’été 63, un été où « il ne s’est rien passé, sinon que j’ai eu dix ans. » Le petit garçon, c’est Dany Laferrière, et sa grand-mère, Da, personnage emblématique de plusieurs des dix romans constituant la vaste « autobiographie américaine » de Laferrière. L’Odeur du café est un livre tendre sur l’enfance, sur les souvenirs qu’on en garde, sur les expériences et les personnes qui marquent à jamais les mots comme « la mort » qui rappellera toujours le décès du grand-père et de la camarade de classe, ou « le chien » qui ne peut être autre que le vieux Marquis traînant des pattes. Le récit peut se lire comme la première partie du Charme des après-midi sans fin qui évoquait les années d’adolescence de l’auteur. Les deux ouvrages sont construits comme des galeries de petits tableaux, brodés autour d’une scène de vie, d’une anecdote ou d’une sensation. Mais là où, dans Le Charme des après-midi, Laferrière utilisait un ton narratif, ici il raconte l’enfance par de minuscules détails lourds de souvenirs : le souffle de l’alizé dans le cou, l’éclat du soleil après la pluie, l’odeur du café de Da. Et c’est bien cela l’enfance : moins une chronologie de scènes qu’un chapelet d’odeurs, de couleurs, de paysages ou de goûts. Une immense tendresse se dégage de ces pages, invitant le lecteur à plonger dans ses propres souvenirs.
L’Odeur du café, 2001, Coll. Motifs, Ed. Le Serpent à Plumes, 250 p., 6,5 euros, 42,92 FF.///Article N° : 79