D’innombrables artistes ou groupes de Reggae développèrent dans l’ombre de Bob Marley un son bien caractéristique. Cette compile sortie chez Wagram leur rend hommage. Il y a la formule roots et grasse de Burning Spear ou des Gladiators, celle plus groovy de Gregory Isaacs avec ses romances mélodieuses, celle de U-Roy, un des précurseurs du ragga-muffin avec U Brown et l’anthologique Weather Balloon, celle de Donovan Careless et son Be thank ful, repris depuis avec grand succès par le très populaire Massive Attack, démontrant ainsi l’influence du reggae sur les musiques actuelles. Massive Attack et l’un de ses membres Horace Andy, présent sur cette sélection avec Mr scientist. Bob Marley y figure également sur un seul titre – un Soul Shake Down Party des toutes premières versions. Un double C.D. et 36 titres qui nous transportent du ska fondateur des Skatélites et de Roland Alphonso, au dub des Abyssinians et de King Tubby’s en passant par les très soul Sly & Robbie qui à travers un inédit, Inner City blues, popularisé par Marvin Gaye, démontrent la force de l’ébullition créatrice qui caractérise l’évolution de cette musique.
Dans le lot des compiles voici celle de l’Afro-Zouk. On y retrouve les spécialistes du genre, des précurseurs Monique Seka, Oliver Ngoma, Gadji Celi et Edouardo Pain aux petits derniers que sont Zo gang International et les Angolais de O2. La touche de Manu Lima plane sur de nombreux titres et sur Nila où, en duo avec Boy Ge Mendès, on peut entendre la voix du célèbre arrangeur. D’un ensemble technique parfait cette compile présente l’honnête panorama d’un univers musical quelque peu artificiel, certainement superficiel, mais étonnement populaire dans toutes les capitales africaines.
Après Lokua Kanza, Henri Dikongué, voici Mikidache d’origine malgache, nouveau produit des découvertes RFI à s’inscrire dans la lignée de ce son dit électro-acoustique, qualifié de rythme africain du troisième millénaire. Baignant dans une atmosphère soft et parisienne, les longues ballades mélodieuses de cet artiste de 26 ans transpirent toutefois de rythmes traditionnels voire latino-américains. Ainsi la forte tendance variété se mêle à des titres comme Bweni, inspiré de la tradition et accompagné à l’accordéon. Un consensus ou tout le monde pourra trouver son compte ne serait-ce que le temps d’un morceau.
Formé par Babacar Sambe en 1974 à Paris » El Sabor Internacional » regroupe des musiciens provenant aussi bien des Caraïbes, d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine. Regroupés, ils constituent les Salséros les plus en vues de Paris. Né à Dakar en 1945, Babacar Sambe, le fondateur démontre une incontestable maîtrise du rythme et des grands thèmes de la Salsa, même si l’album pêche parfois d’un manque de punch et de ces rebondissements chers à la Salsa.
Après avoir sillonné pas mal de pays, Kiléma, né à Tiliara dans le Sud de Madagascar, renoue avec ses origines. Avec Ka Malisa, son premier album solo, cet ancien membre de Justin Vail Trio et partenaire de Peter Gabriel, va puiser dans ses souvenirs d’enfance quant il s’engageait dans ces joutes verbales faites d’onomatopées. Même si un seul titre, Jagajaga, rend hommage à cette période, ce rythme enfantin a incontestablement influencé l’ensemble de l’album. Avec la cithare marovany, la petite guitare kabosy ou à la percussion katsa, Kiléma parvient à rester fidèle à sa tradition et la guitare acoustique, la batterie et le saxophone qui de temps à autre part en improvisations jazzy n’apportent que du piment à un cocktail déjà explosif de rythme et de diversité. Avec l’accordéoniste Régis Gizavo, qui apporte sa contribution sur Andronovory, Kiléma s’inscrit dans cette nouvelle génération de musiciens malgaches qui s’inspirent du monde entier.
Boubacar Traoré Alias Kar Kar, reste à 54 ans une des figures de la musique malienne, avec Ali Farka Touré, il draine dans sa tendance une foule d’artistes. Habib Koïté, Lobi Traoré ou encore Ousmane Traoré, peuvent se réclamer de ces complaintes presque berceuses sorties de l’égrainement des cordes de la guitare acoustique de Boubacar Traoré. Tout en proposant de nouvelles compositions, l’artiste revient sur certains grands moments de sa carrière comme Les enfants de Pierrette hommage à son épouse disparue, ou encore Kar Kar Madison titre phare de la popularité du chanteur, incitation à la joie et à la fraternité qui fit pendant longtemps bouger dans les boîtes de Bamako.
A défaut d’être novatrice cette énième production de Kanda Bongo Man est propre. Oscillant entre rumba et kwasa kwasa, l’artiste peut au moins se targuer d’avoir développé tout au long de sa carrière un rythme bien à lui. Un ensemble constitué de gouffres de déjà entendus, mais toujours aussi dansant.
Dix ans après son premier album, Gaoulé, Marijosé Alie revient avec Zambouya, un album hétéroclite, à l’image des Antilles. L’album, dont la plupart des titres sont écrits et composés par l’artiste et son ex mari est une histoire de famille : leur fille, Mélodie se fait entendre dans le titre Dialo. La chanteuse décrit son environnement, Siparis ou La ou Kay, et parle de racisme. Un album aux sonorités coloré, entre Kompa, ragga, samba et rythmes africain, qui ne passera pas inaperçu.
C’est au début des années 60 que Taj Mahal décide d’effectuer un retour aux traditions africaines. A cette époque, Toumani n’est pas encore né. Quelques années plus tard, le bluesman du Massassuchetts né à Harlem et le griot du Mali, né en 1964, vont se rencontrer et réaliser Kulanjan. Un album épuré, qui fait la part belle à l’improvisation, où chaque titre est l’occasion d’une palabre entre guitare et kora. Queen Bee, Kulanjan, Catfish blues ou Mississippi blues sont autant de titres à découvrir.
Moises et José ont connu les affres de la guerre en Angola. Les deux frères, qui s’accompagnent d’une flûte et d’une guitare, ont appris à chanter à l’église protestante sous la houlette de leur mère. Entre guerre et paix éphémère, ils vont sillonner le pays tout en exerçant divers métiers. De Papa, enregistré à la radio, en hommage à leur père, à Ngola, leur premier disque enregistré à Londres en 1988 à Salifo, les deux virtuoses » affirment la force et la maturité de leur art « . Une musique sans paillette qui inspire la méditation.
///Article N° : 2024