» The Zulu « , une pièce musicale signé Mbongeni Ngema, ne fait pas l’unanimité. La dernière production de l’auteur de » Woza Albert ! » et » Sarafina » a suscité une critique mitigée, à Johannesburg. Centrée autour de la bataille d’Isandlawa, remportée en 1879 par les Zoulous contre les Anglais, la pièce, présentée du 18 novembre 1999 au 15 janvier 2000 au Market Theater, a ravi les uns et irrité les autres. Les premiers se sont félicités du travail positif fait sur l’image d’une Afrique victorieuse. Enfin, une célébration de héros africains, a commenté le mensuel noir Tribute. D’autres ne prononcent pas le mot » révisionisme « , mais regrettent que le spectacle ne restitue pas la dimension de la guerre des Zoulous contre les Anglais une guerre qui s’est bel et bien soldée par la défaite des descendants de Shaka. L’hebdomadaire The Mail & Guardian va plus loin : il évoque un » tortillage de nombril pour touristes « . A voir, recommande-t-il, de la terrasse d’un » lodge « , l’un de ces hôtels de luxe qui essaiment la brousse sud-africaine et ses parcs nationaux
Malgré ses défauts, » The Zulu » n’en est pas moins un grand spectacle, du moins au sens américain du terme. Si le fil de la narration est ténu, il est impossible de s’ennuyer, avec une trentaine de danseurs, des voix hors du commun, des costumes flamboyants et des personnages écrits à la manière de Walt Disney (redoutable sorcière, gentille princesse, ridicule officier anglais). La chorégraphie, omniprésente, rebondit sans arrêt sur une histoire réduite à un prétexte. Elle est néanmoins menée avec enthousiasme par la belle Leleti Khumalo Ngema, épouse de l’auteur et vedette de » Sarafina « . Si » The Zulu » laisse le public sud-africain sur sa faim, c’est peut-être parce qu’il ne s’adresse pas à lui. Ce n’est pas un hasard : avant d’être présentée en Afrique du Sud, la pièce a tourné en Allemagne, en Autriche et au Danemark. Qui pourra le lui reprocher ? Super-star aux Etats-Unis, bien plus que chez lui, Mbongeni Ngema a conçu un excellent produit d’exportation.
Rencontres entre écrivains anglophones, francophones et du monde entier, avec tables rondes par petits groupes, visites d’écoles et ateliers d’écriture
Ahmadou Kourouma (Côte d’Ivoire), Maryse Condé (Guadeloupe), Emmanuel Dongala (Congo), Sylvie Germain (France) et Nancy Houston (Canada) seront en Afrique du Sud en mars pour le » Temps des écrivains « , un festival littéraire co-organisé par l’Institut français d’Afrique du Sud (IFAS) et le Centre des arts créatifs (CCA) de l’Université du Natal. Pour la plupart, il s’agit d’un premier voyage en Afrique du Sud, un pays dont ils aspirent à découvrir la transition dans l’ère post-apartheid. Ils rencontreront d’autres célébrités littéraires, parmi lesquelles Margaret Drabble (Grande-Bretagne), Liev Joris (Belgique) Adriaan Van Dis (Hollande), Einar Mar Gudmundson (Islande) Lazarus Miti (Zambie), Goretti Kyomuhendo (Ouganda) et les deux Sud-Africains Gomolemo Mokae et Ivan Vladislavic. Les francophones, invités par l’IFAS, feront un saut à Pretoria, la capitale, pour une table ronde organisée le 13 mars à la Brasserie de Paris, un restaurant français. Outre Stephen Gray, l’auteur sud-africain chargé de présider les débats, le poète mauricien Edouard Maunick, résident en Afrique du Sud, est également attendu.
Fondé en 1924, l’Orchestre symphonique national (NSO) a fermé. Faute de généreux mécènes, ses caisses sont vides. Rigueur budgétaire oblige, le gouvernement de la » nouvelle » Afrique du Sud ne les remplira pas. Aussi les cinquante-trois musiciens du NSO ont-ils offert deux derniers concerts gratuits, les 25 et 26 janvier dernier, en guise d’adieu à leur public. Une semaine après l’annonce de la fermeture de l’orchestre, les dons qui sont parvenus de toutes parts sont restés insuffisants : 3,5 millions de rands, alors qu’il en aurait fallu 10, au minimum, pour survivre le temps d’une saison. Pour les musiciens licenciés, les voies de recyclage ne sont pas nombreuses, hormis des postes d’enseignement dans des écoles privées. Certains pensent vendre des produits Amway, gérer une boutique de locations de vidéos, ouvrir une agence organisant des concerts
D’autres s’attendent à une résurrection prochaine, impulsée par les directeurs du NSO pour former un orchestre plus commercial, ou stimulée par le ministère de la Culture, qui subventionne par ailleurs trois orchestres, dans une volonté de créer un seul et unique orchestre national. Forme d’art occidental autrefois promu par l’apartheid, la musique classique, en Afrique du Sud, est appréciée par toutes les communautés. Le NSO venait de recruter deux jeunes » non-Blancs » : le tromboniste Alex Hitzeroh et le violoncelliste Kotlwano Masote.
Il était temps. Les films de la » nouvelle » Afrique du Sud devraient recevoir un sérieux coup de pouce promotionnel : Primedia Pictures, l’une des maisons de production les plus importantes, a signé un accord avec la South African Broadcasting Corporation (SABC), la radio-télévision nationale. Les nouveaux films, qui vont de festival en festival à l’étranger, ne devraient plus rester ignorés de leur public, en Afrique du Sud. A défaut d’être distribués en salle, ils seront diffusés à la télévision. Primedia et la SABC ont financé un tremplin pour jeunes talents, baptisé » Short & Curlies « , qui a déjà produit cinq court-métrages remarqués. L’un d’entre eux, » Portrait d’un jeune homme en train de couler « , a été réalisé par l’auteur remarqué de la série TV » Yizo Yizo « , Teboho Mahlatsi. Par ailleurs, douze longs métrages des téléfilms – seront coproduits par la SABC et Primedia d’ici décembre 2002. Il n’empêche. Le prochain film à remettre l’Afrique du Sud sur la carte des cinéphiles aura, encore une fois, des accents étrangers. Après les » Cry Freedom « , » Un monde à part » et autres » Saison blanche et sèche « , c’est » Boesman et Lena » qui reviendra sur les difficultés de l’apartheid. Le scénario, qui retrace l’amour impossible d’un couple mixte, sera basé sur une pièce sud-africaine. Mais les principaux rôles reviendront aux stars américaines Angela Basset et Danny Glover, tandis que les producteurs seront français (Pathé) et sud-africain (Jeremy Nathan, pour Primedia). La nouvelle vague, elle, peut toujours attendre.
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