L’édition dans l’archipel des Comores

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Indépendante depuis 1975, l’Union des Comores se divise en trois îles principales : Grande Comore, Anjouan et Mohéli. D’abord protectorat (1886 – 1892), Les Comores devinrent colonie française en 1904 sous le nom de « Mayotte et dépendances » puis furent rattachés à Madagascar en 1908. Par la suite, l’ensemble des Comores fut territoire d’Outre-mer de 1946 à 1974, avec la ville de Dzaoudzi (située à Mayotte) comme capitale.

L’Union des Comores ne regroupe pas toutes les îles comoriennes puisqu’une quatrième île, Mayotte, est selon la dernière constitution en vigueur de 2002, partie intégrante de l’Union des Comores alors qu’elle est toujours sous le giron français. Cette histoire ne fait guère honneur à la France. Lors du référendum de 1974 qui donnera lieu à l’indépendance, Mayotte est la seule île de l’archipel à voter pour le maintien de ses liens avec la France avec près de 63 % des voix. Elle confirmera ce choix lors d’un second référendum en 1976, les partisans du rattachement aux Comores ayant choisi la voie de l’abstention en signe de protestation. Le principe de l’indivisibilité d’un territoire était bafoué, au mépris du droit international. De fait, l’Union africaine considère ce territoire comme étant occupé par une puissance étrangère et l’Assemblée générale des Nations Unies a condamné à de nombreuses reprises la présence française dans l’île. Mayotte est d’ailleurs longtemps restée inscrite sur la liste des territoires à décoloniser. Cette situation, illégale sur le plan du droit international, déstabilise fortement L’Union des Comores qui a eu à subir une vingtaine de coups d’État depuis l’indépendance. Le pays a également bien du mal à garder son unité politique face à la volonté irrédentiste d’Anjouan. En août 1997, les habitants des îles d’Anjouan et de Mohéli s’insurgèrent contre les autorités de la capitale Moroni et demandèrent à être rattachés à la France. Le gouvernement français a refusé de soutenir cette demande qui lui paraissait incongrue. À la suite de cette insurrection, des pourparlers de paix tenus à Madagascar sous les auspices de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) aboutirent à un accord en avril 1999, selon lequel chacune des trois îles aurait son propre parlement et assurerait la présidence de la république tous les trois ans. Celui-ci devient une fédération sous le nom d’Union des Comores.
Une grande partie de la population envie le sort des insulaires de Mayotte dont le niveau de vie est maintenant cinq fois plus élevé que celui des Comores. De ce fait, une très forte émigration comorienne vers Mayotte vide le pays de ses forces vives et de sa jeunesse. Le référendum français du 29 mars 2009 tenu à Mayotte a renforcé cette séparation entre les quatre îles. La population mahoraise y a choisi, à l’écrasante majorité de 95 %, la voie de la départementalisation, validant le processus d’intégration au sein de la République française. L’île de Mayotte va donc devenir progressivement le 101e département français d’ici 2 ans avec les mêmes droits et devoirs que les autres. De fait, dans son état actuel (trois îles, donc), l’Union des Comores compte 646 000 habitants (estimation de 2004) pour une superficie totale de 1862 km² soit une densité moyenne de population de 290 habitants par km². La population est inégalement répartie selon les îles : la Grande Comore (1 148 km²) est la plus peuplée avec environ 363 000 habitants, suivie par Anjouan (424 km²) avec 252 000 habitants et Mohéli (290 km²) avec 31 000 habitants. Les villes les plus peuplées sont la capitale Moroni (sur la Grande Comore), Mutsamudu (île d’Anjouan) et Fomboni (île de Mohéli).
Depuis la constitution de 2002, le pays est officiellement trilingue : français, comorien et arabe. La langue massivement utilisée par la population (à 96,5 % selon l’OIF) est le comorien, appelé shikomor, une langue apparentée au swahili. Les Comores sont membres de l’Organisation internationale de la francophone (OIF) depuis 1977 et de la ligue arabe depuis 1993.
En dehors de toute considération politique et opinion personnelle de l’auteur de cet article, il a été nécessaire, dans chaque paragraphe, d’analyser séparément de l’Union des Comores, la situation de l’édition et de l’écrit à Mayotte, du fait de cette séparation qui dure depuis 35 ans et qui a entraîné des différences entre cette dernière île et ces trois voisines.
Historique de l’écrit dans l’archipel des Comores
Des études ont montré la richesse de la tradition orale comorienne, notamment des contes, dont l’analyse peut apporter des lumières nouvelles sur l’histoire ancienne des Comores. On estime, par exemple, que le plus ancien poème comorien remonterait au XVe siècle. Ce patrimoine a fait l’objet de retranscription de la part de sultans, de princes et d’autres grands dignitaires, souvent d’origine yéménite, constituant une importante littérature écrite (1). Ces précieux manuscrits contiennent des textes d’inspiration religieuse (commentaires du Coran, traités théologiques), des généalogies, des « histoires » plus ou moins légendaires. Contes et chansons se transmettaient oralement. Écrits en arabe, en swahili ou en comorien, mais avec une calligraphie arabe, ils attestent l’existence d’une culture savante qui rayonnait jusqu’à l’île de Zanzibar dans les bibliothèques de laquelle on a retrouvé plusieurs centaines de manuscrits. Ceux-ci n’ont malheureusement pas été diffusés dans le grand public et restent l’apanage des historiens, des linguistes et autres chercheurs contemporains, lecteurs des ouvrages et revues édités par l’Inalco et le Centre national de documentation et de recherche scientifique (CNDRS) de Moroni (2). Celui-ci essaie cependant de recenser, de préserver et de diffuser ce patrimoine. On peut citer en exemple « un long poème, des pensées et des fragments de l’œuvre du sultan-poète Mbaye Trambwe (né en 1740), souverain du Washili, province située à l’est de la Grande Comore, maintenant accessible aux lecteurs francophones. Trambwe parle de la puissance de Dieu, de la grandeur et de la misère de l’homme et de la nature avec une virtuosité et un lyrisme qui font vibrer le cœur… » (3)
À l’époque coloniale, les Comores ont souffert de graves retards dans le développement d’un système éducatif. L’école coranique avait pratiquement seule la charge de former les enfants, qu’elle recevait dans leur quasi-totalité. Elle leur apprenait les rudiments de l’écriture arabe, les initiait au Coran et à la subtilité des rites et des dogmes. Elle jouait un rôle très important pour l’insertion des jeunes dans l’organisation sociale, mais n’offrait pas d’ouverture sur le monde moderne en gestation. Jusqu’en 1939, il n’existe que dix écoles primaires (appelées écoles indigènes du premier degré). Au terme de quatre années d’études, un concours sélectionnait les cinq meilleurs élèves, qui partaient pour trois ans poursuivre leurs études à Majunga (sur la côte est de Madagascar). Après la seconde guerre mondiale, on a ouvert des « cours complémentaires », pouvant déboucher sur l’enseignement secondaire qu’il fallait aller suivre à Madagascar. L’évolution politique du territoire, vers l’autonomie, puis l’indépendance, rend de plus en plus criants les besoins de cadres formés au monde moderne. Un premier lycée s’ouvre à Moroni en 1963. D’autres suivront assez vite. L’archipel connaît une explosion scolaire considérable : en 1980, il y avait vingt fois plus d’enfants scolarisés qu’en 1962 ! Il faut mettre en place un début d’enseignement supérieur pour former les cadres nécessaires au pays. Ce démarrage tardif de la scolarisation du pays retentit sur la vie culturelle comorienne. Pendant longtemps, il n’a existé aucun journal, puisqu’il n’y avait pas de lecteurs potentiels. « Il est donc tout à fait logique qu’il ne se soit pas développé de littérature moderne écrite, que ce soit en comorien ou en français. Les seuls textes qui pouvaient connaître une publication ont été les mémoires ou les thèses soutenues par les étudiants comoriens achevant leurs cycles d’études. (4) » L’année 1969 verra l’organisation d’un concours de la meilleure nouvelle par l’Alliance française de Moroni. Le lauréat fut Abou (Aboubacar Ben saïd Salim Mohamed) avec un texte intitulé Impressions sur vingt-quatre heures sur une île de Mozambique, mélange de chants, de poésie et de prose. Aucune publication ne résultera de ce concours même si le texte lauréat fut publié plus tard dans une revue locale. Les années quatre-vingt correspondent à un certain réveil. En 1983, une publication anonyme, présentée par une association d’étudiants des Comores, rassemblait des nouvelles en langue française. Mais comme le précise Soilih Mohamed Soilih, « l’ASEC défendait non pas l’écriture, mais l’idéologie portée par son combat contre le colon et le bourgeois. » (5) En 1985, le premier roman en français écrit par un Comorien était publié par Mohamed Toihiri avec La République des imberbes chez L’Harmattan (6), chronique en forme de pochade savoureusement transposée, des années noires du gouvernement d’Ali Soilih, du 3 août 1975 au 13 mai 1978. Enfin, de 1985 à 1990, Al Watwany, journal hebdomadaire de Moroni, a tenu une rubrique intitulée Le Coin des poètes où plusieurs aspirants poètes purent publier pour la première fois leurs œuvres littéraires. Plusieurs de ces poèmes furent repris par la suite dans l’ouvrage de Carole Beckett (7).
Mayotte baigne également dans l’univers des djinns et des contes. Du fait de l’influence du Coran, l’écrit reste sacré, mais la modernisation rapide que vit Mayotte, bien plus importante que dans les autres îles comoriennes, entraîne une véritable révolution culturelle. De fait, « Mayotte cherche l’équilibre entre ses traditions et ses aspirations : musulmane, française, africaine, comorienne, malgache, tradition orale, société de communication et de l’écrit… C’est toute une jeunesse qui cherche sa place dans le monde. La langue française est une passerelle de communication avec l’extérieur, et à l’intérieur de l’île entre les différentes communautés qui vivent à Mayotte : les Wazoungous (métropolitains), les Mahorais, les Anjouanais, les Grands Comoriens, les Indiens, les Malgaches… » (8)
Production et milieu éditorial dans l’Union des Comores
Le nombre d’ouvrages publiés annuellement dans le pays est très faible, on peut parler quasiment de désert éditorial (9). Le site Mwazinet compte huit maisons d’édition créées par des Comoriens de France et qui ont leur siège social dans l’hexagone. La plus dynamique semble être Komedit (10) fondé en 2000 àNanterre et qui a ouvert une représentation à Moroni, dans les Grandes Comores. On peut la considérer comme la première maison d’édition créée dans le pays. Elle s’est créée avec l’objectif de « promouvoir la littérature écrite aux Comores, pays qui était, dans le domaine de l’édition, très en retard par rapport à ses voisins. Ce défi est en passe d’être relevé puisque plus d’une vingtaine d’ouvrages d’auteurs reconnus et d’auteurs qui n’attendaient qu’un éditeur pour révéler leurs talents ont été publiées, depuis la création de notre structure. » (11) Le catalogue d’une quarantaine de titres laisse entrevoir une nette prédominance de la littérature, avec quelques titres dans le domaine de l’histoire et de la sociologie. Dirigée par le linguiste Ahmed-Chamanga, cette maison d’édition fait un travail suffisamment sérieux pour intéresser des écrivains mahorais comme Ambass Ridjali, Abdou Salam Baco ou Nassuf Djailani. Komedit compte également quelques titres pour la jeunesse à son catalogue (12) : Naïa et le tam-tam sacré (récit) et Marâtre (roman) de Salim Hatubou ainsi qu’un recueil de contes Mensonges, mensonges de Abdillah Zabraty. L’année 2009 a vu la parution de deux nouveaux ouvrages pour la jeunesse : L’Abécédaire des Comores ainsi que Dimkou et la petite fille écrit par Salim Hatubou et dessiné par Aboubacar Mouridi, ouvrage dont nous parlons plus loin. Pour sa part, L’Abécédaire des Comores présente en parallèle l’ensemble des symboles de l’alphabet latin en illustration d’un mot comorien ou français désignant un personnage ou une réalité géographique, historique ou culturelle de l’archipel. Il a été réalisé dans le cadre d’un projet pédagogique de l’école française. Encres du sud, autre maison d’édition, est situé à Marseille. Elle a été créée par l’auteur Salim Hatubou. Son catalogue est constitué pour une grande partie d’ouvrages de littérature de jeunesse, spécialité de l’auteur. Hatubou a également publié d’autres auteurs comoriens pour adultes comme Nourd-Dine ou Soilih Mohamed Soilih ainsi qu’un auteur camerounais E.T. Fotang. Kalamu des îles (13) (installé à Torcy) compte huit ouvrages à son catalogue : sept de littérature (dont quatre romans) et un livre de conjugaison. Les autres maisons d’édition sont Les Belles pages (Marseille), Inya Coelacanthe (Savigny le Temple), Djahazi (Peymeinade), Les Editions de la lune (Levallois Perret), Kwanzaa éditions et Les Editions de l’officine (Paris) (14). On peut y rajouter d’autres maisons qui ne sont plus guère actives comme Les éditions A3 fondées à Moroni par le poète camerounais Paul Dakeyo (qui a publié une pièce de théâtre de Mohamed Toihiri) ou Cercle repère, créé en son temps par Wadaane, un journaliste comorien installé en France. L’immense majorité des titres relèvent de la littérature. Il est vrai qu’en matière de soutien à l’édition, le gouvernement n’a pas les moyens de mener des actions dans ce domaine. En ce qui concerne la presse, « les kiosques comoriens ne proposent pas plus de quatre titres et, faute de moyens, les publications indépendantes (Kashkazi (15), La Gazette des Comores et L’Archipel) ne paraissent pas toujours régulièrement » (16). Ce bilan daté de 2003, est confirmé par un autre constat de la même époque, traitant du rachat de l’imprimerie nationale des Comores par le Réunionnais Graphica : « La majorité des titres de presse ne paraissent plus du fait d’impayés auprès de leurs imprimeurs […] et du fait d’arriérés de salaires. » (17) Les tirages ne dépassent pas les 2 000 exemplaires. Les journaux se partagent entre le français et l’arabe. Aucun n’existe en langue comorienne.
Production et milieu éditorial à Mayotte
Mayotte, pour sa part, ne compte que quelques maisons d’édition. Le Baobab, filiale de l’agence de publicité Archipel (18) est le leader du marché : plus des ¾ des ouvrages mahorais recensés au dépôt légal sont issus de cet éditeur (19). Les deux autres maisons d’édition sont les éditions Grand public (20) et Ylang images. La première édite tous les ans, un annuaire professionnel, tiré à 6 500 exemplaires, dont la 15e édition est parue en 2010. La deuxième édite principalement des livres de photos centrés sur Mayotte. Très peu d’ouvrages sont imprimés dans l’île qui ne compte que deux imprimeries capables d’imprimer un livre ou un journal : Imprimah et Kaprim. Le premier ouvrage du Baobab date de la fin des années quatre-vingt et traite des bangas (21). Ce succès de librairie est toujours diffusé de nos jours. Ce titre est sorti un an après le premier livre écrit par un Mahorais, Youssouf Saïd, Mayotte, légendes et histoires drôles, un recueil de nouvelles autobiographiques et de contes populaires. Par la suite, Le Baobab a publié quelques ouvrages avant de se transformer en 1999 en une véritable maison d’édition qui a aujourd’hui une soixantaine de titres disponibles répartis entre différentes collections : une série d’ouvrages généralistes, des livres d’images, une collection histoire, une collection polar, une collection littérature depuis 2003 (suite à un atelier d’écriture de l’Institut de formation des maîtres) et une collection jeunesse, Grain d’encre (22), qui totalise une vingtaine d’albums dont les premiers ont été réalisés par des élèves de différents établissements scolaires de Mayotte et soutenus par la Direction de l’enseignement ou le vice-rectorat de Mayotte. En dehors de cette production largement soutenue par les pouvoirs publics, quasiment aucune autre production locale ne relevait de l’édition jeunesse jusqu’en 2008, hormis quelques exceptions dues à des initiatives individuelles (23). Les choses ont évolué depuis trois ans. En 2007, Les Editions du Baobab publiaient Margouilli, le margouillat (24) qui raconte l’histoire d’un petit margouillat ayant peur des humains. Ce bel album superbement illustré annonçait un changement dans la politique éditoriale de cette maison d’édition. En 2008 puis 2009, celle-ci, en partenariat avec Gecko éditions, publiait coup sur coup trois albums pour enfants de haute tenue. Le premier, Petite mangue (25) est suivi par Le Miracle du lagon (26)puis Le Voyage du poisson (27). Le Baobab, dorénavant, continue à éditer des albums à thèmes locaux mais de qualité hexagonale dans sa forme (cartonné, illustré…) et son contenu (les textes). L’un de leur dernier ouvrage, pour adultes, est La course de pneu à Mayotte de Jack Pass, qui traite d’un événement annuel très populaire. En fin d’année 2010, Le Baobab a également publié En attendant le département, un volume unique des aventures de Bao, le jeune mahorais inventé par Vincent Lietar et dont une planche est publiée chaque semaine dans un journal local depuis 25 ans. Cette évolution est logique. Durant longtemps, Le baobab était en situation de monopole. Mais depuis quelques années, certains éditeurs métropolitains se sont intéressés au marché mahorais, en pleine expansion. C’est le cas avec La P’tite scène qui bouge, structure associative installée à Nantes qui intervient régulièrement sur l’île, qui s’est lancée dans l’édition pour enfants avec un premier livre en 2006, N’gaya la petite fille à Mayotte, album – CD de qualité d’Isabelle Le Guenan suivi en 2009 par Boumi et le gâteau de riz de Yazoo Ahamad, ouvrage qui se penche sur l’un des plats traditionnels de l’île. En parallèle, le vice-rectorat et le Centre de documentation pédagogique (CDP) ont lancé une nouvelle collection intitulée Maesha. Cette collection d’albums de littérature jeunesse qui s’adresse à tous les cycles permet de compléter les manuels scolaires et d’accompagner les apprentissages fondamentaux. Ils sont tous conçus à partir de l’environnement de Mayotte. Le premier titre est sorti l‘an dernier : Ousnati et Dalifa. Vendu 5 €, l’ouvrage s’accompagne d’un livret pédagogique qui offre des repères et des pistes d’exploitation de l’ouvrage en lien direct avec les programmes de l’école primaire. D’autres titres suivront comme Et si on écrivait un livre et Parle moi de mon île. Cette collection était lancée en même temps que de nouveaux manuels de lecture, Azad et Laura, destinés aux élèves de CP réalisés par le vice-rectorat et le CDP qui introduisent une nouvelle méthode de lecture adaptée au contexte local. De fait, hormis quelques ouvrages destinés à un lectorat de touristes, le principal secteur concerné par l’édition à Mayotte est le secteur jeunesse.
Les auteurs de l’archipel
Salim Hatubou, auteur franco-comorien, fondateur de la maison d’édition Encres du Sud, a écrit beaucoup d’ouvrages s’adressant à la jeunesse. La plupart ont été édités en France : que ce soit des contes pour enfants, dans sa propre maison d’édition (28), chez L’Harmattan (29) ou chez d’autres éditeurs (30) et des romans pour la jeunesse (31). Il est d’ailleurs pratiquement le seul à s’être lancé dans ce genre à l’exception d’un ouvrage publié aux éditions L’Harmattan (32) par Saïd Abdallah, d’un autre publié chez Edicef (33) et du dessinateur Mohamed Fahar, qui est d’origine comorienne mais qui ne vit pas dans l’archipel (34). L’un de ses livres, Ali de Zanzibar (illustré par Fred Theys), publié à La Réunion par Orphie en 2008, prix album découverte lors du salon insulaire d’Ouessant de la même année, entraînait le lecteur dans les ruelles sinueuses de Stonetown, la ville de pierres, capitale de Zanzibar, sur les marchés traditionnels et les somptueuses plages de sable fin de Zanzibar. Dans Dimkou et la petite fille, Hatubou raconte l’histoire d’une petite fille abandonnée dans une forêt habitée par « le plus terrible des diables » qui s’appelait Dimkou. Les auteurs, face aux difficultés à se faire éditer, trouvent des solutions alternatives avec des sites et des blogs (35) ou vont se faire éditer dans les îles environnantes. C’est le cas à l’Île Maurice où Abou fit paraître un recueil de poèmes en 1990, Crimailles et nostalgie, mais aussi à La Réunion. Carole Beckett, dans son ouvrage, donne les biographies de quelques-uns dont le talent lui a semblé le plus évident : Abou, Ali Mlinde (qui a écrit en comorien plusieurs pièces de théâtre), Dini Nassur, Patrick Ambdi Keldi ou Abdou Ahamada Mlatamou. Mais le plus connu actuellement est Mab Elhad, surnommé le gendarme – poète. Celui-ci tient un blog (36), a déjà publié un recueil chez Komedit (Kaulu la mwando), fait de la photographie et de la calligraphie. Enfin, le dramaturge Soeuf Elbadawi, fondateur de Washko Inc, structure associative de productions culturelles, a écrit plusieurs pièces de théâtre et publié plusieurs textes (37) et un recueil de poèmes (38).
Mais le statut de l’écrivain dans ce pays amène à des questionnements : « Les auteurs comoriens sont face à un problème qui les dépasse : la complexité du travail d’auteur originaire d’un pays où les gens ne le lisent pas. Je crois qu’il faut écrire sans se soucier du pour qui on écrit, après on fera le bilan. De toute manière, on écrit avec ce qui nous fonde, ce qui nous anime, ce qui nous fait vibrer. » (39)
À Mayotte, la production éditoriale du Baobab n’a pas permis de faire émerger un vivier d’auteurs ou d’illustrateurs pour la jeunesse habitant Mayotte, à la différence de ce qui se passe à La Réunion. L’auteur pour la jeunesse le plus important est Vincent Liétar qui a inventé le petit personnage emblématique de bande dessinée, Bao (40) visible, cela a déjà été évoqué, sous la forme d’une planche de BD chaquesemaine dans une revue locale et qui, devenu figure emblématique de l’île, est décliné sous différentes formes : agenda, livres scolaires, tee-shirt… On peut également mentionner Nassur Attoumani, l’un des auteurs les plus prolixes (une douzaine d’ouvrages depuis 1993) qui vit à Mayotte où il est fonctionnaire, bien qu’il soit né à la Grande Comore. Sa pièce de théâtre, Le Turban et la Capote a déjà été adaptée sous forme de bande dessinée, ce qui lui permet de toucher à beaucoup de genres littéraires.
Les langues dans l’archipel
En dehors du comorien (le shikomor), trois variantes vernaculaires sont utilisées dans le pays : shingazidja en Grande Comores, shindzuani à Anjouan, shimwali à Mohéli. Cette situation pose problème : « Il n’existe hélas pas de shicomori officiel, pourtant, dès 1976, à l’initiative du président Ali Soilihi, une tentative de modélisation de la langue, tenant compte des différences entre îles, à vu le jour dans les trois îles indépendantes. Mais souvent les instituteurs enseignant en shicomori ont poursuivi « à leur sauce » sur bien des aspects de la langue. Depuis, de nombreux travaux ont été entrepris notamment par l’Inalco. » (41) La langue française reste minoritaire chez les Comoriens : environ 7 % de la population selon le dernier rapport de l’OIF. Cet aspect diminue, de fait, le nombre potentiel de lecteurs des ouvrages édités par des auteurs comoriens écrits majoritairement en français. D’un autre coté, la langue et la culture comorienne sont souvent rejetées par les jeunes générations très sensibles aux influences étrangères (42) et qui truffent leur langue maternelle de mots et d’expressions en français. Sur le plan de l’écrit, les lois sont rédigées et promulguées en français seulement. En matière de justice,les documents écrits sont massivement en français. Les documents administratifs comme les actes de vente, les formulaires d’emploi, etc., continuent à être rédigés uniquement en français.
À Mayotte, le français est langue officielle. Ce qui pose problème puisque seuls 35 % des Mahorais la maîtrisent. Les langues majoritaires sont le shimahoré, une variante comorienne, et le shibushi, un dialecte malgache du sud de la grande terre.
La diffusion dans les quatre îles
L’Union des Comores ne compte que trois librairies pour tout le pays : Au paradis des livres à Moroni, La Bouquinerie d’Anjouan à Anjouan et Librairie du Nord à Mitsamiouli (43). Celles-ci proposent sur leurs rayons plusieurs ouvrages édités par des maisons d’éditions comoriennes de France, en particulier Komedit en 2004 et 2005 (44). Au paradis des livres a bénéficié de trois opérations de soutien à la commande de livres français de la part du Centre National du Livre (CNL) français en 1997, 2002 et 2006. Les librairies restent modestes. La Bouquinerie d’Anjouan, créé en 1994, comptait 6 619 ouvrages en 2002, soit 3 000 titres environ, pour trois personnes à temps plein. La responsable vit à Mayotte et cette librairie constitue plus un engagement en faveur d’un développement du livre dans le pays qu’une réelle source de revenus (45)… Il est vrai que les taxes sur le livre importé sont un réel frein à la diffusion des livres, les Comores n’ayant toujours pas signé les accords de Florence qui permet l’exonération des droits de douane à l’entrée du territoire. En dehors des Comores, le site Mwezinet permet de commander en ligne une partie de la production comorienne. Certains éditeurs comme Komedit ont leur propre site avec possibilité de commande en ligne. Mais les chiffres de vente sont faibles.
À Mayotte, Le Baobab est également propriétaire de la principale librairie de l’île : La Maison du livre de Mamoudzou (les autres ne sont que des points de vente répartis dans les grandes surfaces shopping de l’île). Les éditions Le Baobab sont diffusées en France métropolitaine par Gecko éditions (46), maison d’édition et de distribution créée en avril 2003 et qui s’est donnée pour but de favoriser la diffusion d’ouvrages d’éditeurs régionaux et d’outre-mer. Ceci explique que la production du baobab est assez présente sur le net : sur le site de Gecko éditions, bien sûr, mais également sur le site comorien Mwezinet (47), sur le site réunionnais Livranoo et, encore plus rare, à la Fnac ou chez Alapage.com. Le Baobab est également présent, chaque année, dans plusieurs salons de métropole, dont le salon du livre de Paris, mais aussi au salon du livre de jeunesse de Saint-Denis de la Réunion (La réunion des livres) ainsi que celui de Montreuil.
Lecture publique dans l’archipel
Peu de bibliothèques publiques aux Comores à l’exception de la Bibliothèque Nationale, située au Rez-de-chaussée du bâtiment abritant le Centre National de documentation et de Recherches Scientifiques (CNDRS (48) qui édite également une revue et des ouvrages scientifiques). Les autres bibliothèques souffrent souvent d’un grand état de décrépitude, comme le précise Soeuf Eldabawi : « on ne compte plus le nombre de bibliothèques sans livres créées par ces associations dans les villages ou les quartiers. Des bibliothèques, qui, lorsqu’elles ne sont pas vides, se remplissent des déchets de livres scolaires en provenance de l’humanitaire français, livres qui ne correspondent que trop rarement à nos attentes bien comoriennes. » (49) La seule bibliothèque de lecture digne de ce nom est financée en partie par la coopération française, il s’agit de la bibliothèque de l’Alliance franco-comorienne, probablement l’une des plus fournies du pays. Le réseau des dix CLAC financé par l’OIF a une dotation générale moyenne de 2 200 ouvrages dont 70 % concernent la jeunesse. En moyenne, sur trois ans (2002, 2003, 2004), le nombre d’abonnés annuels est de 6284, pour des prêts annuels de 32 736 et une moyenne annuelle d’entrées de 82 569.
À Mayotte, afin de soutenir le développement de l’alphabétisation et de la lecture dans l’île, la Bibliothèque Centrale de prêt voit le jour en 1986. « Les premières actions autour du livre ont eu lieu en 1988, au marché, parmi les étalages de fruits tropicaux et d’épices : c’est ici que se sont inscrits les premiers lecteurs de Mayotte ! » (50).Par la suite, l’équipe de la BCP (qui deviendra BDP en 2006) sillonnera l’île avec des caisses de livres pour animer des séances de conte et de lecture. Ces actions « hors les murs » se poursuivront par la suite en bibliobus.
Enfin, en 1996, le bâtiment de la BDP voit le jour, tête de pont d’un réseau constitué aujourd’hui, d’une quinzaine de bibliothèques. À ceci se rajoutent 5 bibliothèques municipales situées dans les localités les plus peuplées de l’île : Choungui, Dembéni, Koungou, Pamandzi et Poroani. L’autre action phare de la BDP est le concours littéraire Naisomé (Lisons ! en shimaoré) destiné à donner aux élèves de 4e le goût de lire. Enfin, en juin 2009, la BDP a organisé le premier festival de bandes dessinées de Mayotte (Festibulles) qui a connu un joli succès.
Le marché dans l’archipel
Dans l’Union des Comores, le marché n’existe pratiquement pas. Selon Soeuf Eldabawi : « Le Comorien n’achetant pas de livre, ces auteurs sont sans visibilité aucune et ne parlons pas de rentabilité. Écrire aux Comores approche du vide. » (51) La situation des infrastructures scolaires (52) est catastrophique, entraînant un faible taux d’alphabétisation : 55,4 % de la population (chiffre de 1997). Entre 1997 et 2001, les professeurs de l’enseignement public, non payés, se sont mis en grève indéfinie. Seul le privé fonctionnait. Le système éducatif est hérité du système coutumier (école coranique privée) et du système éducatif français basé sur la gratuité. Pratiquement tous les enfants suivent un enseignement dans les medersas où ils apprennent à lire l’arabe avec le coran. L’enseignement à « l’occidentale » en français, jusqu’au baccalauréat, reste pour l’instant très minoritaire. Le Monde de l’éducation estimait en 2000 à 100 000, le nombre d’enfants inscrits dans les 2 500 écoles coraniques.
De ce fait, les éditeurs ne tirent pas au delà de 1 000 exemplaires.
Le marché mahorais, pour sa part, présente peu de possibilités. L’école n’ayant été rendue obligatoire qu’en 1992 (53), on estime à 35 % des hommes et 40 % des femmes la part de la population encore illettrée et non francophone, en particulier le nombre important de clandestins comoriens qui, souvent ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école. Dans un numéro de septembre 2004, Mayotte Hebdo publiait des résultats d’une enquête Ipsos qui illustrait parfaitement ce phénomène : 54 % des Mahorais déclaraient n’avoir jamais ouvert un journal. Tout ceci est accentué par la faiblesse de la population qui, malgré un taux de croissance énorme, atteint à peine 180 000 habitants dont certains vivent difficilement. La structure des échanges entre la métropole et les Dom-Tom ne permet pas de réaliser non plus des gros chiffres de vente à l’extérieur : en 2003, Mayotte a importé de la métropole pour 1 103 000 euros de livres (des manuels scolaires pour la plupart) contre… 6 000 euros d’exportations (54) !!!

1. Moussa Saïd, Guerriers, princes et poètes aux Comores dans la tradition orale, L’Harmattan, 2000.
Cet ouvrage présente l’historique recensé des plus grands textes en prose et en vers de l’île de la Grande Comore.
2. On peut citer, traduits en français :
Marie Françoise Rombi et Mohamed Ahmed-Chamanga, Contes comoriens, CILF-Edicef, 1980,
Mohamed Ahmed-Chamanga, Rois, femmes et Djinns, contes de l’île d’Anjouan – Comores, CILF-Edicef, 1988
Claude Allibert, Contes mahorais, Académie des sciences d’Outre-Mer.
Les deux premiers ont été publiés sous l’égide de l’Inalco.
3. Carole Beckett, Anthologie d’introduction à la poésie comorienne d’expression française, L’Harmattan, 1995, p. 13.
4. Cf. Jean Louis Joubert, Littératures francophones de l’Océan Indien : anthologie, Op. Cit. p. 34.
5. Littérature comorienne : de la fable à la politique [ici]
6. Pour un tour complet de la littérature comorienne, cf. les textes en ligne de Ahmed Aboudou[ici] et Jean Louis Joubert [ici]
7. Carole Beckett, Anthologie d’introduction à la poésie comorienne d’expression française, Op. cit.
8. Livre et enfance à Mayotte par l’équipe de la BDP de Mayotte, Takam tikou, no. 12, 2005
9. Il existe une bibliographie nationale des Comores mise en ligne par l’Inalco : [ici], qui reprend une version papier compilée par Monique Girardin au début des années quatre-vingt-dix.
10. [ici]
11. Extrait du dossier de presse sur Les éditeurs de jeunesse de l’Océan Indien, salon du livre de jeunesse de Montreuil, 2007.
12. Leur catalogue est visible sur [ici]
13. [http://www.kalamudesiles.com/]
14. Les sites Internet de ces éditeurs ainsi que leurs adresses courriel et adresses physique sont disponibles sur Mwezinet :[http://www.comores-online.com/mwezinet/index.htm]
15. Magazine disparu auquel succèdera Upanga en 2009.
16. [http://www.rap21.org/article19350.htm]. La situation décrite date de 2003.
17.[http://www.graphiline.com/index.php?page=article&idnewsarticle=453]
18. Leur site Internet est [http://www.archipel-mayotte.com/]
19. Chiffres communiqués par la BDP à la date du 28 septembre 2006
20. Pour plus d’informations, cf. [http://www.mayotte-annupro.com/index.php?option=com_content&task=view&id=61&Itemid=228]
21. Dés l’âge de la puberté (entre 12 et 15 ans), les garçons sont dans l’obligation de quitter l’habitation familiale, et de construire leur propre habitation, généralement en dehors du village. La construction d’un banga constitue un évènement majeur dans la vie d’un adolescent, car il consacre son entrée dans le monde des adultes et son départ de celui des enfants.
22. Pour en savoir plus sur le parcours du Baobab, cf. [http://www.rosada.net/hpays/litteramahoraise.htm]
23. Benguvu ou le miracle du lagon de Jean Noel Imbert et Pascale Garçia, en 1997.
24. De Christine Colombiès, illustré par Jérémie Guneau.
25. De Charlotte Demanie et Justine Brax. ISBN 978-2-916689-19-7. Publié en 2009.
26. De Anne Ferier et Arnaud Hug. Publié en 2009.
27. De Justine Brax et Régine Joséphine, 2008. ISBN 978-2-916689-12-8
28. Wis, où est passé mon anh-anhan (2001) et Pichou et Michou, promenons nous dans les bois, bilingue (2001).
29. Contes de ma grand-mère (1994), Sur le chemin de Milépvani, je m’en allais (2001), Chifchif et la reine des diables / Shifshif ne m’fawume wahe madim’ku (2004)
30. Chez Flies, Aux origines du monde : Contes et légendes des Comores, genèse d’un pays bantu (2004)
31. Les matins de P’tite Lô aux Comores et Hassanatti, de Mayotte à Marseille, les deux en 2005, L’Harmattan.
32. Saïd Abdallah, ill. de Laurence Poitevin, Trois ruses d’Ibnasya, L’Harmattan, 2003. ISBN 2-7475-3734-X
33. Le chant Djinn, traduction d’un conte comorien, illustré par les élèves de l’école française Henri Matisse et du groupe scolaire Fundi Abdoulhamid de Moroni, Edicef, 2000. ISBN 2-84129-696-2.
34. Dido, Vol. 1, Le trophée d’effroi, Carabas Editions, 2004. ISBN 2351001109, Dido, Vol. 2, L’esprit de la forêt, Carabas Editions, 2006. ISBN 2914203918
35. Le blog des poètes des îles de la lune : [ici]
36. [http://www.mabelhad.com]
37. Dont Moroni Blues ; Chap. II, Editions Bilk & Soul, 2007.
38. Soeuf Elbadawi Une rose entre les dents, un poème pour ma mère, KomEdit, 2008.
39. Nassuf Djailani in « Quel rôle pour les écrivains comoriens ? » [ici]
40. Sur l’odyssée de Bao, je renvoie le lecteur à mon article sur la Bande dessinée dans l’Océan Indien, dont une version est visible sur
[http://www.cnbdi.fr/index.php?opyion=com_content&task=view&1d=536&Itemid=43]
41. [http://www.comores-online.com/accueil.htm]
42. La langue comorienne est elle en voie de disparition ?
[http://www.montraykreyol.org/spip.php?article1383]
43. La joie par les livres, L’édition africaine pour la jeunesse. Décembre 2006.
44. Selon le catalogue des ouvrages vendus par la librairie La bouquinerie d’Anjouan communiqué par leur soin.
45. Sous les bananiers, l’aventure des livres, Marc-Olivier Parlatano, Le courrier (Suisse), 3 mai 2002.
46.[http://www.gecko-editions.com/]
47. [http://www.comores-online.com/mwezinet/index.htm]
48. Leur site est sur [http://www.komedit.com/cndrs_web]
49. « Au pays des livres » [ici]
50. Livre et enfance à Mayotte, Op. Cit.
51. Au pays des livres, Op. Cit.
52. Cf. Article de Jean Luc Clouard dans Le Monde de l’éducation de novembre 2000.
53. Sur le rapport des instituteurs mahorais à la langue française, voir Thierry Gaillat, « Instituteurs mahorais et langue française : une relation singulière » in L’éducation et la formation dans les sociétés multiculturelles de l’Océan Indien, Karthala, 2004.
54. Source SNE / Centrale de l’édition
Cet article a fait l’objet d’une première parution dans le N° 19 (juin – juillet 2011) de la revue Interculturel francophonies, « Les Comores : une littérature en archipel. »

Erstein
Août 2010 – novembre 2011///Article N° : 10477

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Salim Hatubou (ill. Fred Thyes), Ali de Zanzibar. Prix jeunesse du livre insulaire d'Ouessant 2009 © Orphie éditions





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