Vers de nouveaux héros

Interview de Anne Bocandé avec Diariatou Kébé

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Son premier livre, Maman noire et invisible (2015), traitait de la problématique de l’invisibilité des femmes noires. Sur son blog

Afriscope. Fin octobre, vous organisez un atelier sur la diversité en littérature jeunesse.
Diariatou Kebe. le but est de faire découvrir des nouveaux héros / héroïnes qui prennent en compte la diversité de genre, de couleur de peau, de handicap. Je convie une autre bloggeuse, Carole du blog
les étoiles noires.fr ainsi qu’une éditrice, Bilibok, qui publie des livres personnalisables.

Comment est née cette préoccupation ?
Quand j’étais jeune, je ne trouvais pas d’héroïnes qui soient des jeunes filles noires. Cela m’a poussé à écrire mes propres histoires et à lire aussi des auteurs africains et antillais. Lorsque mon fils est né, je pensais que le travail pour une plus grande représentation avait été fait. J’ai été déçue.

C’est-à-dire ?
Lorsqu’une jeune fille américaine, Marley Dias, a lancé un appel pour récolter des livres où des filles noires seraient les héroïnes (ndrl : #1000blackgirlbooks), cela a été largement relayé par les médias français mais sans jamais poser la question ici. Comme si cela n’existait pas : des petites filles noires qui veulent lire des histoires avec des héroïnes qui leur ressemblent. Et l’absence de diversité dans les hautes instances des maisons d’édition peut l’expliquer, mais pas seulement. L’invisibilisation des Noir.es en France est quasi systématique. Nous sommes toujours perçues comme les autres, même pour la 3e ou 4e génération.

Quels livres conseillez-vous ?
J’ai créé un compte twitter @DiverseKidlit pour recenser les livres existants. L’application We read too créée par une afro-américaine, fournit des listes de livres qui ont des héros / héroïnes noir.e.s. Je préfère donner des conseils pour constituer une bibliothèque décolonisée : faire un mixte entre des productions venant du continent comme les livres de Muriel Diallo ou ceux de Kam Kama Makeda Sabas, et des productions françaises où les personnages non-blancs évoluent dans un contexte occidental sans que leur couleur de peau soit un enjeu pour l’histoire comme Je suis en Cp : la médaille d’or de Magdalena où l’héroïne n’est pas la caution antiraciste ou la copine invisible du héros. Sa couleur de peau n’est aucunement évoquée et elle s’appelle Fatou. le choix du prénom permet aux enfants -et aux parents- de se sentir pris en compte enfin !

A Suivre
Le 29 octobre, atelier sur la diversité en littérature jeunesse, à la Recyclerie, 83 Boulevard Ornano, Paris 18e. Plus d’infos : clumsy.fr

///Article N° : 13753

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