Simshar, de Rebecca Cremona

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En sortie le 14 septembre 2016 sur les écrans français, Simshar est le premier film de long métrage maltais depuis bien longtemps, mais aussi un film engagé face au drame des bateaux de migrants que les compagnies d’assurance poussent à ne pas secourir. Son scénario n’est pourtant pas dénué d’ambiguïté, jusqu’à suggérer le contraire de ce qu’il veut dire…

Des images déclenchent l’émotion médiatique internationale, comme celle du petit Aylan Kurdi retrouvé le nez dans l’eau sur une plage turque. Cela dure un temps et on avale, malgré les drames à répétition que vivent les migrants qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie. 3771 victimes recensées en 2015, un chiffre qui est en passe d’être largement dépassé en 2016… Nombreux sont les films qui tentent d’alerter, sensibiliser, témoigner. Certains se situent du point de vue de ceux qui y sont confrontés à Lampedusa, et ici sur l’île de Malte, petit pays à très forte densité de population. Rebecca Cremona, qui a étudié le cinéma à Los Angeles, réalise ainsi son premier long métrage, un des premiers films maltais en dehors des séries de télévision. Le rôle principal de Simon le pêcheur est tenu par Lotfi Abdelli, célèbre acteur tunisien qui pour l’occasion tourne en maltais, une langue proche de l’arabe tunisien.
C’est la force du film de se situer ainsi du point de vue des témoins. Comme Fuocoammare, par-delà Lampedusa de Gianfranco Rosi, qui sort le 28 septembre 2016 sur les écrans français, Simshar tisse un récit parallèle entre une histoire singulière locale et l’arrivée de centaines de migrants. La résonnance entre les deux logiques ouvre à une complexité qui dépasse la photo choc, à l’occasion de beaux portraits d’hommes et de femmes confrontés au réel. On comprend aussi qu’un bateau de migrants en difficulté ne sera pas forcément secouru par un autre car il aura peur d’être immobilisé. C’est donc la force du film mais c’est aussi sa faiblesse, tant le pathos renforcé par l’usage de ralentis envahit l’histoire de la famille de pêcheurs du Simshar, ce bateau qui va trop loin pêcher le thon interdit. A la crise que vivent les pêcheurs maltais confrontés aux normes européennes répond la misère des migrants qui débarquent en file indienne des cars qui les amènent des bateaux de secours aux centres de rétention. Rebecca Cremona a l’honnêteté de montrer les manifestations de rejet des autochtones, mais développe un récit ambigu où le drame « inspiré de faits réels » va en définitive se nouer autour de la concurrence exercée au niveau des secours par la présence des migrants dont les Etats se rejettent la responsabilité de prise en charge les uns aux autres. C’est en somme à cause des migrants que les secours tardent à trouver les naufragés maltais… Ce second récit prend le pas sur celui qui se nouait dans le bateau de migrants où la question est purement humanitaire avant d’être politique, si bien que, le pathos aidant, c’est cette concurrence qu’on retient, et qui semble donner raison aux manifestants…

///Article N° : 13757

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