Sylvie Kandé renoue ici avec le thème du métissage, mais l’aborde cette fois sous l’angle de la fiction. Lagon, lagunes retrace son propre itinéraire en intercalant dans son récit des références historiques, mythiques, littéraires : peut-être une façon de rappeler au lecteur qu’une identité n’est jamais acquise de façon définitive. Elle est à la fois construction individuelle et sociale, et donc forcément historique. Organisé autour de huit chapitres constitué chacun d’un thème principal dont la clef est une icône, Lagon, lagunes est, de par sa structure, un livre complexe se voulant à la fois récit, pièce de théâtre et finalement poème en prose saturé de savoir historique, géographique et littéraire. Comme le suggère admirablement Glissant dans sa postface, « la poésie de Sylvie Kandé est inséparable du récit de son existence, du roman des dieux qu’elle a fréquentés, de ce théâtre des héros et de cette mélopée des dépossédés. Ou aussi bien des méditations qu’elle poursuit autour des hauleurs palabreurs du rêve. Les Genres littéraires, nous le savons déjà, s’enmeurent. »
