Matonge, un quartier africain au cœur de l’Europe

De Patoma Gboya et Pulusu Homban

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Cela commence dans le métro et c’est le ton du film : une vision par en-dessous, une vision intérieure. Un Belge n’aurait pas pu faire ce film. Les réalisateurs sont chez eux, discutent en lingala avec les habitants du quartier qui se livrent sans fards, comme à des amis. « Chez nous », ce n’est pas ici mais là-bas : le quartier est une tentative vivante d’être ici ce qu’on imagine être le Matonge de Kin, quartier chaud de la capitale congolaise. Habillement, frime et paraître : tout participe à l’ostentation d’une communauté qui se définit par ce qu’elle peut se montrer d’elle-même. Cela n’évite pas le cercle fermé et génère le dépérissement. Les signes ne trompent pas : délinquance d’une jeunesse qui collectionne les trafics, accrochages répétés avec la police, solidarité qui se perd, démolitions faisant place aux bureaux de la cité européenne toute proche. Même la Maison Africaine, la Maisaf, même nom que la célèbre boite de Bandal à Kinshasa, qui était le lieu d’expression de la communauté, n’est plus qu’un banal centre d’hébergement.
Là est l’honnêteté et l’intérêt de ce film à la caméra incertaine : il rentre en profondeur dans les logiques et les contradictions de la diaspora. Matonge, ce regroupement d’étudiants congolais devenu quartier africain, autour du Mambo, dancing mais surtout point de convergence, autour du bar Interface aujourd’hui, et surtout de la galerie d’Ixelles, morceau de marché africain à Bruxelles, Matonge vibre à l’écran, véritable galerie de portraits que les réalisateurs fixent tendrement, ce Matonge qui est le leur.

56 mn, co-prod : CERC-2Frame, (2)245 36 00, [email protected].///Article N° : 2451

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