à propos de TGV

Entretien d'Olivier Barlet avec Moussa Touré

Cannes, mai 1998
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Le contexte de TGV est en définitive assez tragique…
Oui, mais je ne fais pas que parler de l’Afrique. Je trouve que tout voyage a quelque chose de tragique. Ce film ne nous parle pas de ce qui se passe en Afrique, mais de se qui se passe pendant un voyage. Je ne suis pas un messager qui s’accrocherait à ce qu’il y de tragique en Afrique.
Ce peuple est complètement imaginaire, même son nom ?
Son nom n’est pas imaginaire, mais il n’est pas sénégalais. On reste donc dans l’imaginaire.
Ce peuple en vient à prendre les armes pour récupérer un totem…
Je voulais parler de l’Africain vis-à-vis des masques des musées, son rapport à l’art, l’importance qu’il revêt pour lui. Mais TGV est avant tout un voyage…
Ces gens n’ont a priori pas envie de communiquer, mais par la force des choses, ils vont communiquer et s’apporter des choses les uns les autres.
Je crois que la vie est ainsi faite. Au départ tous sont silencieux, et petit à petit on fait connaissance. J’ai voulu montrer que nous sommes tous pareil, partout. Ce serait plutôt ça, le  » message  » de TGV.
C’est un film où on ne rie pas à gorge déployée, mais un sourire aux lèvres. Quelle était ton intention ?
J’aime beaucoup le sourire. Il amène quelque chose. Pour moi le cinéma est là : le sourire et amener quelque chose. Le cinéma africain ne cherche pas à faire rire. Si ce film vous fait sourire, c’est peut être que j’ai réussi ce que je voulais.
On a l’impression d’un clin d’œil permanent au public, une façon de lui dire  » retrouves-toi « .
Oui, le cinéma s’adresse à un public : si tu n’arrives pas à l’impliquer, tu n’as pas réussi ton film.
Certains sont ciblés et critiqués, par exemple les deux imams et le politicien. Sur quelle analyse te bases-tu, et pourquoi deux imams ?
Les Africains d’aujourd’hui sont soit chrétiens, soit musulmans. Ils ont du fétichisme en eux, mais on n’en parle jamais. J’ai voulu en parler, en détachant les fétichiens parce qu’ils existent toujours et en mettant un intégriste qui se base vraiment sur le Coran. C’est pourquoi j’ai mis ces deux imams. Quant aux hommes politiques, ils ne sont pas clairs. J’ai eu envie d’être clair vis à vis d’eux.
La récupération de la fin est on ne peut plus nette. Mais le spectateur jubile et est soulagé de cet accueil : d’une certaine façon, on participe à ce jeu de la récupération politique !
Oui, j’ai essayé de faire participer le spectateur.
Les Blancs du film, se présentent comme des ethnologues, des scientifiques. Ils sont sur une sorte de piédestal à côté des autres. Que voulais-tu exprimer ?
J’ai remarqué que les Européens ont beaucoup de certitudes envers le continent africain mais bien peu de clarté !
Le film a-t-il été difficile à monter financièrement ?
Non, c’est moi qui ai tout financé ! J’en suis le producteur exécutif. J’ai eu l’avance sur recettes, la Coopération, l’ACT, la CEE et Canal +. Giraudeau a pris 30 %, Jean-François Le Petit a pris le reste et on m’a donné les miettes. Aujourd’hui, j’ai une production française et une africaine à moi. J’ai toujours recherché ma liberté.
La nature Africaine est très présente.
Je crois que le décor est un personnage !
Quelle direction prends tu pour ton prochain projet ?
Je vais aller dans un asile Africain.
Toujours avec le sourire ?
Je ne sais pas si on va sourire, mais il y aura des moments d’éclat de rire. Je me sens capable, en termes cinématographiques, d’aller dans la dureté et dans la beauté.

///Article N° : 2500

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