Après avoir frappé un grand coup grâce à Vivre me tue (qui vient d’être réédité en poche chez J’ai Lu, cf Africultures n°4), son premier roman, Paul Smaïl, ce jeune beur qui avait laissé volontiers tomber sur sa personnalité un halo de mystère, était parti au Maroc pour y retrouver ses racines, fuir le tapage médiatique et, pensait-il, s’y faire une place au soleil. Mais l’auteur se rend compte très vite que le Maroc n’est pas la solution de repli rêvée et qu’il s’y sent moins à l’aise qu’à Barbès et son melting pot. Le livre est un aller-retour constant entre les deux rives où Paul Smaïl règle ses comptes avec l’intelligentsia parisienne arrogante et méprisante. L’action serait définitivement sympathique si l’auteur n’utilisait pas les mêmes arguments pour défendre un territoire qu’il croit, un peu exagérément, assiégé. Espérons que la prochaine cuvée lui donnera l’occasion de changer de sujet et d’en finir une fois pour toutes avec une forme de nombrilisme. Car Paul Smaïl possède assurément les moyens d’élever un peu plus le débat. Il nous doit une revanche.
