Satin Rouge

De Raja Amari

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Satin rouge, c’est une femme et rien qu’elle : Lilia, une veuve qui tente de limiter l’émancipation de sa fille sous le regard scrupuleux de ses voisins, mais aussi une femme tentée par l’univers qu’elle soupçonne de la dévoyer. Elle découvre le cabaret, proche de ces Cafichanta, ces cafés chantants typiquement tunisiens (cf le documentaire du même nom de Hichem Ben Ammar, 2000), lieux d’exception en société puritaine où les hommes se laissent envoûter par les danses des femmes. Le cabaret a une véritable tradition artistique tant musicale que chorégraphique, revendiquée dans le film tant par le tenancier que par les danseuses et démontré par la qualité des musiciens.
Raja Amari, comme dans son beau court métrage Avril, prend le temps d’introduire l’invraisemblable : cette femme dont le corps demande à danser, à s’exprimer, mais que toute empêche de la faire, sera finalement happée par le cabaret et engagée comme danseuse. Elle nous laisse le temps de partager sa fascination pour la transgression qui ira jusqu’à disputer à sa fille l’homme qu’elle a séduit. Non contente de nous entraîner dans ce jeu de révélation et de réalisation du désir, la réalisatrice en rajoute en contradiction avec une fin étonnante. Elle fait ainsi rupture avec ce parcours initiatique si souvent traité de la détermination contre l’aliénation. Lilia n’est est que plus troublante, admirablement interprétée par l’actrice palestinienne Hiam Abbas déjà vue dans Vivre au paradis. Lilia pourra dès lors danser au mariage de sa fille avec un aplomb sans limite que l’homme ne peut que regarder médusé. Ce n’est plus pour lui qu’elle danse mais pour elle-même, pour toutes les femmes, tout comme ce très beau film.

2000, 1 h 40, avec hiam Abbass, Hend El Fahem, Maher Kamoun, Monia Bachir, Faouzia Badr, Nadra Lamloum, Abou Moez El Fazaa, Salah Miled.///Article N° : 2296

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