Si Diable veut

De Mohamed Dib

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S’il est un romancier à la fois prolifique et secret, cela ne peut-être que Mohamed Dib. Son dernier roman Si Diable veut est une étonnante allégorie dont l’Algérie est le centre. L’auteur de la fameuse trilogie écrite au coeur de la guerre de libération (La Grande Maison, L’Incendie, Le Métier à tisser) continue de peindre les profondeurs de son pays avec un style flamboyant et des mots justes. Dans Si Diable veut, il s’agit de l’Algérie qui tente de se frayer un chemin vers la modernité tout en s’acharnant à conserver les pieds ancrés dans la tradition. Même la tradition la plus rétrograde. Hadj Merzoug et Yéma Djawhar, vieux couple solitaire vivant dans le petit village de Tadart, attendent l’arrivée de France de leur jeune neveu pour les aider à gérer le petit lopin de terre. L’initiation de Ymran semble se dérouler sans difficulté jusqu’à ce que des signes inquiétants viennent semer la panique, la peur et la désolation. Notamment une horde de chiens fous qui au lieu de s’en prendre aux autres bêtes, au cheptel de moutons par exemple,  » non, du tout, ils se sont jetés sur les maisons, et, hurlant à la mort, ils ont de leurs griffes labourés les portes closes comme elles étaient…  » Sentant la menace de l’apocalypse, Hadj Merzoug demande à Ymran de prendre un fusil pour défendre le territoire contre ces chiens  » qui sont différents des autres, les chiens civilisés que tu as connus.  » Pour Ymran le temps de la résistance à sonné, comme il avait sonné avant-hier pour l’aïeul. D’autant qu’il n’a pas envie de lever le camp une nouvelle fois,  » de franchir des mers sans doute dans la même ignorance des rivages qui lui offriraient asile.  » Il est temps d’affronter le Diable pour gagner le droit à la sérénité.

Si Diable veut, de Mohamed Dib, Albin Michel, 1998, 230 p., 98 F.///Article N° : 459

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