Depuis 2011, le collectif Stop le contrôle au faciès multiplie les actes de sensibilisation pour encadrer durablement les contrôles policiers discriminants. retour sur cet activisme militant tout terrain !
Une vidéo youtube avec un bon beat, un violon, un rappeur à la mode et une histoire d’embrouille avec la police. Non ce n’est pas un clip de rap mais une vidéo militante du collectif Stop le contrôle au faciès. La web-série Mon 1er contrôle d’identité a totalisé plus de deux millions de vues. Depuis 2011, le collectif d’associations de lutte contre les discriminations, sensibilise la population sur les contrôles abusifs au faciès, pratiqués par la police. En plus d’occuper les réseaux sociaux, ses militants descendent dans la rue. Le but ? Expliquer aux badauds aux quatre coins de l’Île-de-France, qu’ils n’ont pas à subir des contrôles d’identité sans raison. Et si c’est le cas ? Stop le contrôle au faciès, a mis en place un numéro de standard. En deux ans plus de 2000 cas ont été traités. À l’origine de la mobilisation ? La publication d’un rapport du CNRS intitulé Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris. Il révèle que les personnes perçues comme maghrébines ou noires ont six à huit fois plus de chances de se faire contrôler par la police qu’un blanc. Une enquête aux résultats suffisamment accablants pour légitimer une action des pouvoirs publics.
Pas de récépissé
Profitant de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012, le collectif part à la rencontre des partis politiques. Le Front de Gauche, Europe-Écologie Les Verts et le Parti socialiste (PS) s’engagent à lutter contre cette dérive policière qui mine les rapports entre la police et une partie de la société civile. Le parti de la rose inscrit dans le programme du futur président François Hollande la proposition n° 30 : « Lutter contre le « délit de faciès » lors des contrôles d’identité avec une nouvelle procédure respectueuse des citoyens ». Les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Le nouveau président élu a enterré la proposition de réforme sous pression des syndicats de police. Pourtant Jean-Marc Ayrault, nommé Premier Ministre, expliquait en juin 2012 que le gouvernement étudiait la mise en place d’un récépissé, document que chaque policier devrait remettre à chaque personne contrôlée. Il reprenait ainsi la proposition du collectif Stop le contrôle au faciès, qui souhaitait qu’outre l’inscription du motif et des circonstances du contrôle, une copie anonyme du récépissé soit remise à un institut de recherche en charge d’étudier le travail de la police. Actuellement, le PS ne répond plus aux appels du collectif, d’après sa porte-parole Sihame Assebague.
Mais Stop le contrôle au faciès, investit également le terrain judiciaire. En avril 2011, il dépose une dizaine de plaintes simultanées contre le ministère de l’intérieur pour pratique discriminatoire. La justice a débouté les plaignants le 2 octobre dernier, prétextant qu’elle ne pouvait juger. Le principe de discrimination ne vaut que pour le monde du travail et non pour l’action publique. Un motif jugé fallacieux par les avocats du collectif qui comptent faire appel. Affaire à suivre.
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