Vitalité des expressions plastiques

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Lorsque l’on s’intéresse aux arts plastiques au Cap-Vert on ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’état actuel de son patrimoine culturel et artistique. Lors d’un colloque international qui s’était tenu simultanément à Praia et dans l’île sénégalaise de Gorée, sur le thème  » Développement, tourisme et protection du patrimoine culturel africain « , les participants étaient arrivés à la conclusion que l’Afrique est victime de  » l’abandon de ses sites, du manque de professionnels dans les musées et du pillage de ses œuvres d’art « . Ce constat est valable pour le Cap-Vert également. Un peu partout dans le pays des édifices de l’époque coloniale se dégradent, des objets d’art attendent d’être protégés et des épaves historiques coulées dans les eaux cap-verdiennes risquent de voir leurs trésors disparaître. C’est dans ce contexte, où les moyens matériels et humains manquent cruellement, que l’on doit placer les manifestations culturelles artistiques et en particulier les arts plastiques.

Toutefois, à Praia, on peut noter depuis très peu de temps l’amorce d’une amélioration, par la constitution de collections sous la tutelle de l’administration, notamment en ce qui concerne l’art populaire traditionnel : instruments de musique, poteries, pagnes de coton, pilons, etc. A l’autre bout de l’archipel, à Mindelo, le Centre National de l’Artisanat, avec ses différents ateliers de tissage, présente une merveilleuse collection de pagnes en laine ou en coton. La céramique y est également bien représentée, nous avons admiré la pièce intitulée  » Carta di Nha Cretcheu  » (lettre de mon amour), représentant une jeune fille assise sur des marches, tenant une lettre à la main, et la pièce montrant le trapiche, le pressoir de canne à sucre. Mindelo a une activité culturelle très intense et la ville est fière de ses nombreux peintres, potiers, artisans, luthiers, musiciens, etc. Nous ne prétendons pas épuiser ici le thème des arts plastiques au Cap-Vert, loin de là. Voici simplement, à travers la céramique et la peinture, quelques informations qui permettront peut-être au lecteur d’avoir un bref aperçu sur ces sujets.
La céramique
Essentiellement artisanale, la céramique est une des expressions plastiques les plus développées au Cap-Vert. Il n’y a pas si longtemps encore les objets en céramique avaient une fonction utilitaire extrêmement importante dans l’Archipel. Dans le village de Fonte de Lima, près de Assomada (Santiago), tout au fond d’une vallée où les maisons se confondent avec la couleur rouille de la terre, ce sont surtout des femmes qui travaillent l’argile et qui assurent la continuité de cet artisanat (ici, principalement des amphores). A Pedra Barro, village voisin, nous avons rencontré Gracilino, artisan-potier bien connu au Cap-Vert, dont les œuvres ont déjà été exposées en Europe, et particulièrement en France. Ses thèmes préférés ce sont les personnages populaires (joueur de cavaquinho – sorte de mandoline, joueurs de orim – awalé) et les activités rurales (femme en train de piler le maïs, le trapiche – pressoir de canne à sucre). A Mindelo, sous l’impulsion du céramiste, dessinateur et illustrateur Leão Lopes, l’atelier de poterie  » Mar  » forme des jeunes artistes et nous offre de très belles pièces de poterie traditionnelle. Leão Lopes est aussi l’auteur de magnifiques timbres postaux.
La peinture
La peinture au Cap-Vert, totalement ignorée en France, a pris un essor considérable surtout après l’indépendance. Manuel Ferreira, Tchalê Ferreira, Bela Duarte ou Luisa Queirós sont quelques uns des peintres qui ont le plus créé ces derniers temps. Dans un ancien sobrado (maison coloniale à balcons) face à la baie de Mindelo, aujourd’hui transformé en atelier, nous avons pu rencontrer le peintre Tchalê et admirer ses toiles. Personnage original et très populaire à Mindelo, Tchalê, comme beaucoup de ses compatriotes, a aussi eu un itinéraire d’errance avant de revenir se poser au Cap-Vert et de retrouver ses sources d’inspiration. En effet, son œuvre est peuplée de personnages de la rue, de vrais ou faux dignitaires, d’animaux aux couleurs fortes et aux traits épais, disproportionnés. Les fresques de Tchalê nous invitent à la fête et semblent vouloir exorciser la mélancolie ou l’angoisse d’un quotidien souvent sombre.

///Article N° : 1274

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